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Glénat relance « L’Écho des Savanes »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 janvier 2008                      Lien  
C’était entendu : le catalogue d’Albin Michel BD était repris par les éditions Glénat. Mais qu’en était-il de L’Écho des Savanes, un titre qui résultait d’une alliance entre Hachette et Albin Michel, précisément à l’origine de ce catalogue ? Il est relancé le 27 mars prochain.

Jusqu’à présent, les négociations s’étaient montrées discrètes, de ce genre de discrétion qu’affectionne Jacques Glénat et qui lui avait permis, précisément sur ce dossier, de coiffer les éditions Soleil au poteau, alors que la reprise du fonds et du catalogue étaient donnés d’ores et déjà acquis par l’éditeur toulonnais.

Glénat relance « L'Écho des Savanes »
L’Echo version Mandryka
(C) Mandryka

Le Grenoblois est coutumier de ce genre de rebondissement dans sa carrière : à peine avait-il perdu un procès contre François Bourgeon à l’issue d’une douloureuse procédure concernant la série Les Passagers du vent, qu’il sortait le phénomène manga de la manche, alignant 20 millions de Dragon Ball vendus, aussitôt suivis de l’énorme succès de Titeuf. Mieux : Bourgeon, cette fois en conflit avec son éditeur Casterman, décidait de revenir se publier auprès de lui, dans sa filiale Vents d’Ouest, un label qu’il avait également acquis quelques années plus tôt.

Le départ inattendu, il y a quelques mois, du directeur général du groupe, suivi de son directeur éditorial, et en particulier d’une partie de l’équipe qui assurait la publication des mangas dans la maison, menaçait à son tour de marquer une sorte de déclin. Et hop !, aussitôt, Jacques Glénat rebondit, annonçant le rachat du catalogue BD d’Albin Michel et la relance du mythique mensuel créé par Brétécher, Gotlib et Mandryka en 1972, L’Écho des Savanes ! Il a décidé d’en confier la direction à Didier Tronchet, dessinateur, scénariste et cinéaste, auteur de Raymond Calbuth et Jean-Claude Tergal, dont on avait oublié que, comme Jean-Pierre Pernot ou le président de l’Afghanistan Hamid Karzaï, il était titulaire du diplôme de l’École supérieure de journalisme de Lille ! Pourquoi tout ce temps ? « Il fallait laisser à Didier Tronchet le temps de s’organiser » répond simplement l’éditeur.

Journalisme, toutes !

« J’ai simplement reçu un coup de fil de Jacques Glénat qui m’a dit : « Voilà, je relance l’Écho des Savanes raconte le dessinateur. Est-ce que tu veux bien en être le rédacteur en chef ». C’était brutal, net et sans bavure. Cela me convient, bien que j’aie longtemps hésité. Cela me convenait parce que j’ai eu un passé de journaliste qui me permettait d’envisager cette aventure sans trop de problèmes. Mais en même temps, j’ai mon oeuvre -colossale évidemment- d’auteur qui est en cours. Il fallait que je trouve une façon de ménager les deux. On a trouvé ensemble une formule qui me convient bien : je serai entouré par une équipe et j’aurai surtout à définir le ton et, dans le quotidien, à entrer dans l’aventure d’un journal. Je vais essayer que l’un n’empiète pas sur l’autre.  »

Didier Tronchet, le nouveau rédacteur-en-chef de L’Echo des Savanes.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD).

Ce nouvel Écho des Savanes se mettra-t-il dans les clous du précédent, connu pour son contenu assez léger caractérisé par le « striptease des copines » ? « Non, d’abord parce que je ne saurais pas faire ça et que je n’ai pas envie de la refaire. C’est une formule qui a vécu et qui a fait ses preuves, mais qui avait ensuite décliné car on avait toujours le réflexe de mettre une femme à poil en couverture. Ce sont des choses que je n’ai pas envie de refaire et que je ne saurais pas bien faire de toutes façons. J’ai plutôt envie d’un journal qui soit plus branché sur l’investigation. Faire sortir les gens et leur faire ramener des choses un peu vécues, plutôt que de faire du journalisme assis où l’on se creuse le crâne à faire des papiers cérébraux. J’ai envie de réintroduire un peu de vie là-dedans et de proposer des angles qui ramènent un peu de ressenti, avec un style dessiné, car c’est là que l’on est différent de la pléthore de journaux qui existent : nous avons sur l’actualité une vision de dessinateurs. Ce ne sera pas du dessin, mais des reportages dans lesquels une grande part sera faite à l’illustration. On ne peut pas revenir à ce que l’on faisait avant. Ce sera du rédactionnel avec une équipe et, je l’espère, avec des gens sur le terrain et un ton nouveau. C’est encore un peu tôt pour le définir car on est en train de travailler dessus. On va essayer de faire quelque chose qui nous ressemble.  »

« Odeur de vestiaire »

Le nouveau journal se bâtira avec les gens qui composaient l’ancienne équipe. Vuillemin fait ainsi partie des piliers de cette nouvelle formule. Tronchet annonce même qu’il sera intimement associé au journal.

L’Echo version "striptease des copines"
(C) Albin Michel

« Mais aussi beaucoup d’autres qui nous rejoindront » prévient-il. Quid de Pétillon ? « On serait très content de le voir revenir, dit Didier Tronchet, sans trop d’ambages. Il est parti car il pensait qu’il n’y aurait plus de support presse et que le catalogue passerait chez Soleil. C’est ni l’un, ni l’autre. Il y aura des chances qu’il revienne car sa vocation, c’est la presse, c’est un vrai dessinateur de presse. J’aime bien aussi Veyron, donc pourquoi pas ? Il y aura tous ces grands anciens mais aussi plein de nouvelles signatures, y compris plus féminines. J’aimerais bien que ce journal se féminise un tout petit peu, qu’il perde son odeur de vestiaire de sport, que l’on ait une touche de sensibilité féminine, par le dessin, mais aussi par le rédactionnel. »

Et si l’on est un jeune dessinateur qui veut se faire publier par L’Écho, comment on fait ? « Comme partout, on envoie des copies de ses planches à la rédaction, chez Glénat, et on laisse ses coordonnées. Je recherche des choses qui ne ressemblent à rien de ce qui a été fait et qui soient un peu dans l’air du temps. Le plus pertinent possible.  » Cette reprise de L’Écho signe en tout cas un retour en force de Glénat en kiosques (Il y avait abandonné « Vécu », il n’y a pas si longtemps, mais avait en revanche maintenu le magazine « Tchô » notamment). Une bonne nouvelle !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon, Didier Tronchet, le nouveau rédacteur en chef de L’Echo des Savanes.

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4 Messages :
  • « L’Écho des Savanes » enfin en kiosque !
    1er avril 2008 15:19, par Michel Dartay

    A première vue, c’est trés sympa. Beaucoup plus de BD (des récits complets et des gags) que dans la précédente formule. Les petites nanas à poil ont disparu, comme les BD d’aventures à suivre ou olé-olé. Le rédactionnel a l’air sympa. Cet Echo risque de se retrouver en concurrence avec Fluide et le Psiko. Les auteurs publiés sont talentueux et apportent une bouffée d’air frais. Rien que pour encourager le retour de la presse BD en kiosque, je sens que je vais l’acheter quelques mois.

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  • Glénat relance « L’Écho des Savanes »
    5 avril 2008 09:54, par Sylvain-Moizie

    Éh ben ça c’est chouette. J’ai vraiment hésité à acheter L’ÉCHO, car ça fesait longtemps que c’était vraiment nul (n’ayons pas peur des mots !), à jouer la concurence perdue d’avance face au FHM et autres MAXI, journaux pour mec débordants de testostéronne...
    Et ouf, voici un journal qui, lorsqu’il dit en couverture qu’il va parler de projets politiques, fait de la VÉRITABLE INVESTIGATION ! Génial !
    Et pas de danger de concurencer FLUIDE ou PSIKOPAT, car ni l’un ni l’autre n’est réellement d’actualité. FLUIDE est devenu un "Spirou pour les plus grands", car il a abandonné la voie entreprise par Algoud lorsque celui-ci est devenu rédacteur en chef, et n’est resté que deux ans. C’est l’ancien rédacteur de Spirou qui est arrivé, et qui a donc fait du... Spirou (mais "un peu plus adulte"). Et Psikopat, ça reste un journal en marge, et c’est très bien comme ça. C’est le seul "fanzine" d’envergure nationale, mais ce n’est pas le mê^me contenu.

    Bref, le nouvel ÉCHO, je suis à 100% pour, car lire des chose aussi intéressantes (par de langage creux et de formules toutes faites !) -l’article sur les comiques, avec exposition des revenus et part de marché, etc- et ben y’a de la marge à creuser, et c’est tant mieux.

    Alors merci à ceux-là, et à Tronchet pour ses bonnes idées.
    Savoir ensuite si Glénat va rester dans la revue "politique" longtemps, ça c’est à voir dans le temps. Car ça va polémiquer sec ! Ha, ha, ha, tant mieux, ça manque dans la BD, de parler politique de manière franche et directe. (Je ne parle pas de CHARLIE HEBDO, car ça s’applanit un peu plus de jour en jour).

    Sylvain-Moizie

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    • Répondu le 14 juin 2009 à  17:15 :

      Misère, on est au 21e siècle depuis un certains pourtant et y en a qui disent encore que le Psikopat est un fanzine...

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  • Glénat relance « L’Écho des Savanes »
    28 juillet 2008 10:26, par roni

    Voila enfin une bonne nouvelle. En effet j’étais fan de l’ancienne formule et profondément déçu de l’arrêt brutal de celle-ci. Pour ce qui est de la nouvelle je la trouve très sympa et en effet rejoint les commentaires déja publiés concernant la concurrence avec fluide. C’est effectivement devenu un magazine bd d’actualité sympa mais ca manque un peu de piment ; j’aimerai retrouve ce ton si particulier qui avait pour effet de me faire plus que sourire quand je le lisais ; bien que je m’éclate a lire la nouvelle formule que j’achète depuis la reparution et envisage peut etre de m’abonner. J’attends encore quelque numéro histoire de confirmer. Longue vie a ce mag et a toute l’équipe. PS : allez raymond...

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