Fille d’une reine amazone et d’un roi démon, Gloriana Demeter était destinée à maintenir la paix entre deux peuples, jusqu’à sa naissance éternellement en guerre. Mais, au lieu de régner sur Thule, elle vint sur Terre, avec un statut de déesse de la guerre, combattre pour ce qu’elle estimait juste.
Mystérieusement disparue des radars depuis plusieurs années, une jeune femme qui rêve d’elle - au sens propre - depuis son enfance, se met en quête de cette héroïne perdue pour la retrouver, en bien piteux état, en France, terrée au Mont Saint-Michel. Un assaut mené par une horde de monstres plus tard, et voilà Riley embarquée dans une équipée qui doit la conduire à empêcher Glory de détruire notre planète.
Le personnage de Glory fut créé par Rob Liefeld au début des années 1990, chez Image Comics, maison d’édition dont l’auteur est l’un des cofondateurs. Elle est d’abord une héroïne luttant contre les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale, aux côtés d’autres héros créés par Liefeld, comme Supreme.
Après sa propre série développée sous la houlette de son créateur, entre 1995 et 1997, elle est reprise par Alan Moore au tournant des années 2000, puis tombe dans l’oubli. Jusqu’à ce que Joe Keatinge se voit confier la tâche de lui inventer de nouvelles aventures, avec Ross Campbell au dessin.
Les changements sont importants : si le scénariste digère une bonne partie de la construction antérieure du personnage, il recompose aussi copieusement un pan important de sa mythologie, de manière plutôt habile. Ross Campbell, de son côté, fait de l’héroïne une montagne de muscles zébrée de cicatrices, loin de l’image habituelle de la super-héroïne sexy. Un choix qui permet de pleinement mettre en relief la puissance et la violence du personnage.
Car les amateurs de comics offrant une débauche de créatures dentues et visqueuses, velus et pointues, seront ici comblés. Tout comme le seront ceux friands de giclées d’hémoglobine, de membres arrachés et de chairs éclatées. Tout n’est que carnage dans le sillage d’une Glory qui menace d’anéantissement tout ce qu’elle approche. C’est même là le nœud autour duquel s’articule l’ensemble du scénario.
Si l’idée est maligne, elle recourt, pour être ici mise en scène, à trop d’éléments qui servent d’abord à dramatiser l’histoire pour être finalement évacués sur le final au profit d’une résolution qui ne s’embarrasse pas de détails. Et c’est un peu dommage.
Sans susciter de réels soucis de cohérence sur le fond, certains effets de manche du début, pointés comme cruciaux, se révèlent cependant en fait anecdotiques, quand ils ne sont pas simplement oubliés, ce qui laisse une drôle d’impression une fois le volume refermé.
On retiendra donc plutôt la sorte de grande fresque barbare jubilatoire que propose Glory, ainsi que sa sympathique galerie de personnages secondaires, féminins et atypiques, qui enrichissent une trame et une héroïne donnant elles parfois le sentiment d’être vainement gonflées. Et puis les lecteurs français seront ravis de découvrir que la tanière secrète de la belle se trouve enfouie à Tombelaine, dans la baie du Mont Saint-Michel.
(par Aurélien Pigeat)
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Glory. Par Joe Keatinge (scénario), Ross Campbell (dessin). Traduction Benjamin Rivière . Delcourt, collection "Contrebande". Sortie le 2 avril 2014. 288 pages. 27,95 euros.
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