Texas. Emmett vient de piquer une nouvelle crise et de provoquer un nouveau scandale. Le shériff l’a ramené chez lui, entreprenant son fils, Roy, pour qu’il place enfin son père dans une institution adaptée à sa situation, celle d’un malade d’Alzheimer dont les périodes de confusion ont pris le dessus sur celles lucides. Insultes, emportement et violences sont ainsi devenus le quotidien chez les Quilan au point que Jane, l’épouse de Roy, décide de faire ses valises en embarquant leur fille, Deena.
Survient alors une effroyable tempête qui ravage la région. À l’origine de l’événement, non pas un phénomène météorologique classique, mais une bataille entre une créature démoniaque et une entité divine. Au cours de l’affrontement, une épée, mère de toutes les épées de l’univers, Valofax, prend son autonomie et choisit Emmett comme nouveau porteur.
Le vieil homme vient à bout du démon et, doté de pouvoirs surhumains, restaure la maison détruite. Surtout, sa santé se trouve rétablie par la magie de l’épée. Mais le propriétaire de cette arme compte bien la récupérer tandis qu’Emmett n’est pas prêt à renoncer à sa lucidité retrouvée : lâcher l’épée serait retourner à son état antérieur.
Voilà une histoire étonnante qui mêle des motifs super-héroïques classiques à des préoccupations originales, plus intimistes. Le divin se combine avec l’ordinaire, l’épique avec le trivial. Le dilemme d’Emmett se pose ainsi à plusieurs niveaux : personnel, familial et universel. Le tout entrainant des scènes tour à tour puissantes et émouvantes.
On regrettera cependant un versant divin de l’intrigue un peu trop rapide et caricatural. Si le pôle intimiste construit autour d’Emmett s’avère bien convaincant, le souffle attendu autour des adversaires du vieil héros, divinités suprêmes de notre univers, et de cette épée mythique Valofax peine à se déployer. Cela reste, à ce niveau-là, malheureusement un peu terne, sans entacher toutefois la réussite globale de cette histoire.
(par Aurélien Pigeat)
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God Country. Par Donny Cates (scénario), Geoff Shaw (dessin) et Jason Wordie (couleur). Traduction Benjamin Rivière. Urban Comics, collection "Urban Indies". Sortie le 07 septembre 2018. 192 pages. 17,50 euros.