Voici 35 ans que René Goscinny nous a quitté en pédalant dans le cabinet de son cardiologue, sur les lieux-mêmes de l’atelier dans lequel Auguste Bartholdi sculpta la Statue de la Liberté...
À l’âge de 51 ans. S’il avait vécu, comme son complice Albert Uderzo jusqu’à aujourd’hui, imaginez le nombre de chefs-d’œuvre dont il nous aurait gratifiés ! Peut-être serait-il devenu cinéaste, aurait-il publié au travers de la maison d’édition qu’il s’apprêtait à créer avec Uderzo les plus grands auteurs d’aujourd’hui...
35 après, il est le créateur de bande dessinée le plus lu et le plus traduit dans le monde, ses personnages prolongeant leur carrière au cinéma, sous d’autres plumes, sous d’autres cieux, toujours plus loin.
La trace considérable laissée par ce créateur doit beaucoup à ses héritiers, au premier rang desquels sa fille Anne Goscinny qui, grâce à sa maison d’édition IMAV, nous dispense de temps à autre quelques bouffées de nostalgie, non sans faire revivre l’abominable Iznogoud ou des textes oubliés du Petit Nicolas dont les cinq premiers tomes ressortent sous ce label dans un coffret de cinq volumes, mais également en... latin, sous le nom de Pullus Nicolellus !
N’oublions pas Uderzo qui, au travers de sa propre structure éditoriale, entretient également la flamme. Nous reparlerons d’ailleurs de lui très bientôt...
460 caricatures et portraits, donc, signés par les plus grands. Par Goscinny lui-même, d’abord, car il était dessinateur. Il y a d’ailleurs, dans ce fort ouvrage savamment présenté par José-Louis Bocquet et somptueusement mis en page par Philippe Ghielmetti, une photo où l’on voit Uderzo croquer Goscinny... et Goscinny faire le portrait d’Uderzo.
Goscinny était d’abord dessinateur, et s’il s’est trouvé des maîtres (et quels maîtres : Morris, Jijé, Uderzo, Franquin, Sempé, Cabu, Gotlib... Hergé, même !) qui lui ont fait renoncer au dessin, c’est précisément son œil de dessinateur qui lui a permis de valoriser leur génie, mais aussi celui de dizaines de créateurs passés par le Journal de Pilote qui a été le grand moment où la BD française entra dans la modernité dans les années 1960 et 1970.
Ils sont tous là, d’ailleurs : Greg et le rédacteur en chef irascible d’Achille Talon, Gotlib et le traître de comédie des Dingodossiers, Morris avec Pete l’indécis dans Lucky Luke et la Bande à Joss Jamon, Uderzo avec Saül Peyhyé de L’Odyssée d’Astérix, Tabary dans Iznogoud... mais aussi de rares portraits d’Harvey Kurtzman, de Bill Elder, de Jack Davis, ses amis américains, de Jijé, de Tillieux, de Tibet, de Bob de Moor, de Christian Godard, de Cabu, d’Alexis, de Moebius... Jusqu’aux hommages plus récents de Roba, Peyo, Bilal, Fred, Dany, Yves Chaland, Floc’h, Olivier Schwartz & Yann...
Un ouvrage incontournable pour tous les amateurs de bande dessinée bien nés.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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