Grendel, Kentucky - Par Jeff Mc Comsey & Tommy Lee Edwards - Delcourt Comics

Un homme lourdement armé se rend dans une mine, le regard bien décidé à en découdre. Mais il n’en ressortira pas vivant. C’est lors de ses funérailles que Denny, son fils, et Marnie sa fille adoptive, se retrouvent pour découvrir le secret de la ville de Grendel, au Kentucky. Un pacte liant la famille du défunt et une créature semblable au légendaire Chupacabra. Le corps élancé, sombre ; des yeux rouges à vous glacer le sang, un air de bouc mêlé à une quelconque autre bête de la nuit. Voilà celui à qui Grendel doit sa terre fertile pour la culture du cannabis.

Toutefois, il y a une contrepartie. Chaque année, un sacrifice humain doit lui être fait depuis le jour où le grand-père de Denny a survécu à un éboulement, à l’époque où les mines étaient encore actives dans la région. Depuis lors, celui qu’on nomme Pap ravitaille la bête. Il est ensuite succédé par son fils une fois devenu trop vieux. Une malédiction pour la famille que le défunt ne voulait pas imposer à son fils, ni même à sa fille adoptive. D’où sa mort… et les représailles de la créature !

On peut dire que sur le fond, Jeff Mc Comsey a respectueusement suivi les grandes lignes de la légende de Beowulf. Une créature tapie dans une grotte, un roi connaissant son existence et un héros prêt à l’affronter pour ramener la paix dans la région. Ce héros, dans Grendel Kentucky, c’est étonnement Marnie. Cheffe d’un groupe de motardes, les Harlots, elle est bien décidée à vaincre le monstre quoiqu’il lui en coûte. Surprenant pour le lecteur, d’autant que la blonde est entourée d’hommes coriaces. Mais on s’habitue vite à cette héroïne qui a connu la peur et a déjà rencontré la créature dans son enfance…

Dans la légende, Grendel est le monstre terrifiant. Dans Grendel Kentucky, c’est la région, la nature toute entière. S’il n’est pas rassasié ou s’il meurt, la terre se tarit. Mais dans tous les cas, il est néfaste aux hommes à qui il apporte la mort. Des giclées de sang et de viscères sombrement dessinées par Tommy Lee Edwards. Un trait épais, noir, à l’encrage traditionnel. Les mines sont patibulaires, même chez ces dames à motos vrombissantes. La colorisation, signée Tommy Lee Edwards dans les deux premiers chapitres, et Giovanna Niro pour les chapitres 3 et 4, transcrit une ambiance glauque ; des teintes propices aux aventures dans les entrailles de la terre et où, les onomatopées en tout genre prennent une place importante dans l’action. Seuls vestiges d’une action qui déplore des personnages figés.

Dès lors, le lecteur aimera… ou pas. Selon qu’il soit attiré par le style caractéristique de Tommy Lee Edwards ou désireux de découvrir un one-shot de Jeff Mc Comsey qui se lit facilement malgré le thème choisi.

©Tommy Lee Edwards / Delcourt Comics