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Guillaume Sorel : féérique !

Par Charles-Louis Detournay le 10 mars 2019                      Lien  
Dans le prolongement des ses deux plus récents albums : "Bluebells Wood" (Glénat) et "Les Chemins du fantastique" (Dupuis) , Guillaume Sorel expose: de superbes toiles à la galerie Champaka à Bruxelles. Le fruit magnifique d'un travail qui a pris de longues années.

Après la galerie 9e Art, c’est au tour de Champaka d’ouvrir ses portes à un auteur aussi talentueux qu’inclassable, aussi lyrique et exalté (voire enragé) dans son œuvre que calme et posé dans la vie : Guillaume Sorel.

L’auteur nous raconte comment il a réalisé cette impressionnante série de tableaux, et comment il concilie son travail de peintre avec celui d’auteur de bande dessinée : "J’ai pris quinze mois de relâche pour me consacrer à la peinture. Sans thématique initiale, je me suis laissé guider par l’inspiration du moment, en retombant naturellement sur quelques-uns de mes sujets de prédilection. Beaucoup de gens qualifient mon travail de "gothique", mais cette fois, je me suis plus laissé porter par un courant mêlant féérie et fantastique. J’ai donc rempli plusieurs carnets, en allant me balader en forêt et en pensant aux peintres qui m’ont toujours inspiré, tout en cherchant à me faire plaisir en permanence. Initialement, je voulais tester d’autres techniques et d’autres supports... Puis, j’ai finalement conservé la technique que j’utilise dans mes albums, car elle me convenait, tout simplement, même si le format est plus grand, ce qui modifie la portée du geste bien entendu."

Guillaume Sorel : féérique !

"J’ai surtout voulu sortir de la bande dessinée, précise Sorel, Un médium que j’adore car j’aime avant tout raconter des histoires. Lorsque que je suis devant ma planche, je suis content car je suis plongé dans mon dessin. Mais dès que je me relève de ma table, j’ai parfois le sentiment que cette réalisation est longue, laborieuse, voire pénible car je suis de plus en plus méticuleux... Même acculé par les délais, je corrige et re-corrige tout ce qui ne me convient pas ! Heureusement, lorsque je suis mon propre scénariste, comme sur "Bluebells Wood", je prends le plus grand plaisir à découper, en réalisant mon travail d’esquisses dans un gros cahier : une vraie jouissance !"

L’hommage de Sorel à Beksinski
"Lorsque j’étais aux Beaux-Arts de Paris explique Guillaume Sorel, Près de l’école se tenait une exposition annuelle de Beksinski, ce qui m’a profondément marqué comme je l’expliquais entre autres à Olivier Ledroit : la poésie des sujets, la force qui se dégage de l’oeuvre, mêlé à la magie des décors et des matières. Je devais lui rendre hommage un jour ou l’autre !

Un album né de la peinture

Les amateurs de Guillaume Sorel retrouveront avec beaucoup de plaisir les thématiques chères à l’auteur dans le dernier ouvrage publié l’année dernière chez Glénat. Maître de son propre scénario, Sorel explore ce qui lui est cher : la création, la relation, la féérie qui affleure le monde, pour peu qu’on se laisse distraire de notre quotidien. L’artiste se livre d’ailleurs, entre les lignes : sur sa (ou ses) muse(s), son intérêt poiur le réalisme dans le dessin et en peinture, etc. L’œil exercé savourera les clins d’œil disséminés ça et là, comme les écureuils du regretté Hausman.

Dans son dernier album, Guillaume Sorel est non seulement au dessin et aux couleurs, mais également au scénario.

Au-delà de ces considérations, Bluebells Wood reste certainement l’album le plus abouti de l’auteur, notamment dans la construction de l’histoire. Moins sombre, le récit invite à l’introspection, tout en proposant un jeu d’enchâssement dont on ne le lasse pas. Un récit d’autant plus surprenant que le cadre principal (une bâtisse lovée au creux d’une crique, devant d’impressionnantes falaises de grès) existe réellement. Le point de départ du récit fut pourtant cette série de toiles : "Oui, le travail sur cette exposition m’a permis d’accoucher de Bluebells Wood. Initialement, je voulais travailler l’eau et la lumière à travers les vagues. Puis j’ai mis une femme dans l’eau, ensuite, une maison sur une plage. L’histoire m’est venue à partir de ces trois-quatre images. Peut-être est-ce le rythme rêvé pour moi : alterner les bandes dessinées et la peinture, en prenant le temps de peindre afin que je travaille mes futures histoires ?"

La féérie à son paroxysme

Des toiles exposées dans la Galerie Champaka, on retient surtout la douceur et l’aspect féérique qui s’en dégage. Une immense toile présentant le monde souterrain d’Obéron et Titania retient surtout l’attention du visiteur : le regard est guidé par la lumière, surtout que Sorel a autant soigné les détails qu’il a progressivement estompé le traits pour laisser la couleur s’imposer dans les plans moyens et les arrière-plans. Une très belle composition que l’auteur réutilise dans ses bandes dessinées.

"L’aspect bestiaire féérique que l’on retrouve dans cette exposition est-elle peut-être née de la frustration d’avoir interrompu Algernon Woodock ?, raconte Sorel. Le dernier album se finissait sur notre personnage avec ses deux yeux Fé. Pour la première fois, il peut donc voir le monde féérique... que les lecteurs ne verront jamais car c’est maintenant certain, il n’y aura pas de suite à la série. Inconsciemment, je me suis donc sans doute fabriqué ce monde féérique que je rêvais d’illustrer en me laissant aller à la rêverie."

Guillaume Sorel

Si vous n’avez pas le temps d’aller visiter cette exposition, vous retrouverez la plupart de ces illustrations dans le livre Les Chemins du Fantastique paru en novembre dernier chez Dupuis/Champaka. Si, au contraire, vos pas vous mènent à Bruxelles, n’hésitez pas à aller voir ces grandes toiles qui vous transportent dans un monde au-delà du réel.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782390410003

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Exposition-vente : Guillaume Sorel - Les chemins du fantastique chez Champaka (Bruxelles).
Du 14 février au 16 mars.

GALERIE CHAMPAKA BRUXELLES
27, rue Ernest Allard
B-1000 Bruxelles

Tel : + 32 2 514 91 52
Fax : + 32 2 346 16 09
sablon@galeriechampaka.com

Horaires
Lundi et mardi : sur rendez-vous
Mercredi à samedi : 11h00 à 18h30

A propos de Guillaume Sorel sur ActuaBD, lire nos précédents articles :
- la publication de son art-book : Champaka, la nouvelle collection de Beaux Livres chez Dupuis vient à point pour Noël
- une première interview : "J’adore la littérature fantastique du 19e et du 20e siècle." (2015)
- sa participation à la série thématique : "J’ai Tué", une nouvelle collection dans les coulisses de l’Histoire
- Guillaume Sorel s’empare de Maupassant
- Hôtel particulier - Par Guillaume Sorel - Ed. Casterman
- Les Derniers Jours de Stephan Zweig - Par Sorel & Seksik - Casterman, ainsi que l’interview des deux auteurs : « Le cadre féérique des "Derniers Jours de Stephan Zweig" méritait d’être adapté en bande dessinée » (2012)
- une seconde interview traitant de Mâle de Mer : « J’aime avoir un contact physique avec les matériaux lorsque je dessine » (2009)
- La chronique de Algernon Woodcock T3

Tous les photos, y compris celles de l’auteur, sont : Charles-Louis Detournay.

 
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1 Message :
  • Guillaume Sorel : féérique !
    11 mars 2019 12:12, par vincent

    Très bel article qui rend hommage au talent de l’artiste ! Guillaume Sorel est sans nul doute un des artistes les plus importants dans la bd par son inqualifiable originalité et la qualité continue de son œuvre.

    Répondre à ce message

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