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Guillaume Sorel : une rétrospective lumineuse chez Huberty-Breyne à Bruxelles

Par Jacques Schraûwen le 21 octobre 2021                      Lien  
L’art est de plus en plus un domaine de pseudo-spécialistes aimant créer des tiroirs dans lesquels enfouir des auteurs, bien caractérisés, non-transformables. Cependant, les artistes, eux, ne sont pas des fiches sur lesquelles les résumer et les définir ! Ils sont, toujours, multiformes… Et c’est bien le cas de Guillaume Sorel !

Trente ans de carrière… Et plus de trente albums de bande dessinée. Cela méritait bien, sans aucun doute, une rétrospective, une vraie, qui permet de se balader dans le paysage des trente ans de « travail » d’un artiste dont le trait se reconnaît au premier regard.

Aucun dessinateur ne le devient sans références, sans filiations, c’est une évidence. L’univers de Sorel se nourrit, ainsi, littérairement parlant, de fantastique, un fantastique à mi-chemin entre celui des comics américains et celui d’un Jean Ray ou d’un Marcel Béalu. Son trait, lui, n’est pas sans rappeler les démesures et les expressionnismes d’un Bernie Wrightson. Au fil des années, Sorel a peaufiné sa personnalité, il a accentué son approche graphique d’un récit, s’éloignant ainsi peu à peu des codes trop formatés d’un neuvième art qui manque trop souvent d’envolées lyriques.

Guillaume Sorel : une rétrospective lumineuse chez Huberty-Breyne à Bruxelles

Oui, avec Guillaume Sorel, c’est bien de lyrisme qu’il s’agit, cette façon qu’un auteur a de laisser naître aux feux de ses créations la passion, sous toutes ses formes et de faire, dès lors, de son œuvre, une rencontre improbable entre poésie, musicalité, mouvement et spiritualité, pour faire un portrait, en quelque sorte, celui d’une âme humaine.

Et, pour ce faire, Guillaume Sorel se fait metteur en scène, ce qui est encore plus évident sans doute dans son dernier opus en deux tomes inspirés par le Macbeth de Shakespeare.

Cela dit, même si cette exposition laisse une place importante à ce somptueux Macbeth, scénarisé par Thomas Day, elle est surtout l’occasion pour tout un chacun de découvrir l’évolution d’un artiste, en dehors de toute école, en dehors de tous diktats éditoriaux. Il ne faut pas oublier, par exemple, qu’il a toujours été illustrateur, pour des revues, pour des éditeurs. Et que cette approche spécifique du dessin a influé sur la manière dont il aborde la narration dans ses albums de BD.

Comparaison n’est pas raison, dit-on, et c’est vrai. Mais je pense vraiment que, pour Sorel, on pourrait faire une comparaison avec un auteur comme Ray Bradbury, passant avec réussite et talent de la nouvelle de quelques pages au roman extrêmement construit. Les illustrations de Sorel sont des histoires et des émotions racontées en un seul dessin, ses bandes dessinées sont des romans qui prennent le temps de se construire, de s’axer, toujours, autour de personnages, des femmes essentiellement, même quand elles n’occupent pas le devant de la scène.

Cette exposition nous montre à voir, à découvrir, à redécouvrir peut-être, un artiste pour qui le travail est essentiel, comme il le dit lui-même. Un travail qui, d’année en année, d’illustration en album, s’est nourri de plus en plus profondément d’ombres et de lumières, de couleurs en pénombre, pour des jours si sombres et si beaux…

Une rétrospective claire, lumineuse, pour une œuvre aux évidences puissantes !

Voir en ligne : Galerie Huberty & Breyne

(par Jacques Schraûwen)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344029473

Rétrospective Guillaume Sorel – à la galerie Huberty & Breyne, place du Châtelain, Bruxelles – jusqu’au 6 novembre 2021

 
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