Si le domaine de la science-fiction est à la fois vaste et très diversifié, il se caractérise également par un certain nombre d’ouvrages phares qui fixent les codes du style. Avec Gurvan, on va retrouver nombre de ces codes. Pas de doute quant aux styles auxquels il veut se rattacher. Ce melting pot, s’il est varié, se caractérise par de nombreuses références à des éléments classiques, empruntant au Meilleur des mondes d’A. Huxley le contrôle social des naissances, à La Guerre Eternelle et Libre à jamais de J. Haldeman, le combat avec une entité inconnue supposée malveillante, et par certains aspects à La stratégie Ender d’O. Scott Card. Ce patchwork va donc chercher dans le meilleur et les classiques de la science-fiction. Le tout est maintenant de savoir si cet ensemble offre une proposition originale, et quelle est la valeur ajoutée du passage à la bande dessinée.
Malheureusement, l’exercice de la transition du roman à la BD n’est pas très fluide avec une entrée en matière pour mettre en place l’univers de Gurvan qui se révèle un peu longue et laborieuse. Au début, la narration est avant tout littéraire, faite de placards de texte qui prennent une place assez importante et limitent la place pour prendre la mesure de l’appropriation graphique du Monde imaginé par PJ. Hérault. Ce début se révèle assez hermétique pour rendre difficile l’entrée dans l’imaginaire de l’auteur. Cet écueil se prolonge ensuite car cette introduction nuit au rythme général de l’histoire et ne permet pas vraiment au lecteur d’accrocher aux rebondissements qui lui sont proposés.
Une des principales qualités de l’album réside dans la composition des planches qui alternent entre les cases traditionnelles structurant la progression du récit avec des scènes en fond/pleine page, sans bords clairement délimités qui contribuent à rendre le récit dynamique. L’usage de cases qui sortent des formes standards, notamment celles tout en largeur, contribuent également à dynamiser le récit, en écho aux traînées lumineuses bleu ou orange qui accompagnent les déplacements des vaisseaux des deux camps. Le dessin quant à lui, s’il est de bonne facture, donne une impression de froideur qui n’est pas sans évoquer la stérilité du monde dans lequel l’intrigue se noue mais s’avère surtout assez austère de prime abord. Le physique de jeune premier de Gurvan, s’il est cohérent avec l’image de l’élite de pilotes génétiquement sélectionnés à laquelle il appartient, n’aide pas vraiment à s’attacher au personnage.
Voir en ligne : L’ensemble des BD co-éditées par les Editions Critics ici
(par Hugues FRANCOIS)
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