Haikyū !! T1 à 3 - Par Haruichi Furudate (trad. Jacques C.) - Kazé

Un jeune garçon tombe par hasard devant la retransmission d’un match du Volley-Ball du championnat inter-lycées. Un joueur, surnommé "le petit géant" du fait de sa faible taille comparée à ses partenaires et adversaires, y brille par son talent. Fasciné par ce spectacle, Shōyō Hinata décide de se vouer à ce sport qu’il vient à peine de découvrir.

Haikyū raconte comment notre héros, quelques années plus tard, intègre le lycée Karasuno, celui de son idole, et y rencontre les différents membres de l’équipe locale de Volley-Ball. À commencer par Tobio Kageyama, génie tyrannique qui l’avait humilié au collège, relégué dans cet établissement peu coté du fait de son épouvantable caractère, et avec qui notre héros va pourtant devoir s’entendre.

Ce manga témoigne de qualités évidentes dès les premières pages : un humour constant mais léger qui rend la lecture divertissante et entraînante, des héros très typés, caricaturaux mais demeurant toujours drôles et sympathiques, et surtout un graphisme de toute beauté, parmi les meilleurs de la production du Jump, qui se révèle pleinement lors des phases dynamiques et des moments d’action.

Shōyō compose sa petite taille par une détente phénoménale

© Furudate / Shueisha / Kazé

Pour un peu, on aurait l’impression de retrouver la recette qui fit le succès du splendide Eyeshield 21. D’autant que les emprunts à cet illustre aîné, au niveau de la structure narrative, sont nombreux dans ces trois premiers volumes : insistance sur la spécificité des différents postes qui composent l’équipe, récupération d’anciens de ses membres, obtention d’un entraîneur digne de ce nom, etc.

Mais au bout de trois tomes, et même si cela semble se dessiner doucement, il manque toujours quelque chose d’essentiel à ce type de manga : un adversaire vers lequel regarder, la mise en place d’une véritable rivalité structurant la progression des héros, et à travers cela un but précis, à la fois concret et relevant de l’idéal, à atteindre.

Et cela malgré le fait que tensions et rivalités sont d’abord injectées à l’intérieur de l’équipe des héros : entre Shōyō et Tobio d’abord, avec Tsukishima ensuite, pour la position de Pointu dans l’équipe encore plus tard, etc. Cela semble ici davantage un prétexte pour introduire les différents personnages plutôt qu’un réel parti-pris structurant l’histoire dans la mesure où triomphe avant tout l’idée de complémentarité et de solidarité au sein de l’équipe.

Si Kuroko’s Basket, le précédent succès sportif du Jump également édité par Kazé, nous semble moins séduisant graphiquement et moins intéressant dans la construction de ses héros que Haikyū, il a pour lui d’immédiatement poser une dynamique fondée sur des rivaux emblématiques, la fameuse "Génération Miracle", progressivement dévoilés et puissamment charismatiques.

Pour le moment, la mise en scène d’antagonistes mémorables et impressionnants, et donc passionnants, fait cruellement défaut à Haikyū. À vouloir se concentrer uniquement sur l’introduction des différents membres de l’équipe des héros, Haruichi Furudate semble en avoir oublié de les confronter à des adversaires de valeur.

Nul doute que cela sera rapidement réparé dans les volumes suivants. Mais pour le moment cela, donne le sentiment que les héros vivent leur vie de leur côté, sans réellement s’intéresser à ce qui passe en dehors de leur lycée, sans vraiment réfléchir à ce vers quoi ils peuvent tendre. Pour un manga qui en appelle à l’esprit de compétition, c’est un peu troublant.