Un mardi soir en pleine semaine, à 20 heures, il faut avoir envie d’aller s’enfermer dans de tels lieux.
Et d’ailleurs, quel rapport entre l’album de Zep qui sort le 14 octobre avec cet endroit décoré comme un lupanar de l’entre-deux-Guerres –moquette en fausse peau de léopard et tentures de velours rouge, où vous êtes accueilli par un minet aux manières de roquet qui vous enjoint à déposer votre veste au vestiaire, où l’on vous déleste de six euros (quand même !) après avoir fait une queue d’un quart d’heures ? Aucun. Déjà, cela ne donne pas envie.
Mais surtout quel rapport entre cet endroit peuplé de donzelles emplumées et légèrement vêtues d’une vulgarité insoutenable avec le lumineux livre de Zep où le lecteur entre dans l’intimité du couple, sans tabou, ni artifice, mais plutôt avec une sympathique complicité qui lui permet d’aborder simplement les situations les plus scabreuses tout en nous faisant rire sans une once de lourdeur ? Aucun non plus.
Zep, c’est un humour dans la tradition de Reiser (de la période Jeanine) et de Gotlib (dans la période Raah Lovely), bien loin de ce genre d’endroit qui sent le vieux et qui évoque immanquablement les rapports tarifés dont la version thaïlandaise occupe en ce moment jusqu’au plus haut sommet de l’état.
Personnellement, j’ai préféré tourner les talons face à cet « Eden » suranné et je m’en suis retourné relire Happy Sex, chez moi, bien à l’aise.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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