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Hentaï & Sport

Par Nickyl le 18 septembre 2022                      Lien  
Dans une étude québecoise datant de 2013, le chercheur Antony Karelis expliquait « [que] (f)aire l'amour à une intensité modérée demande plus d'effort énergétique que marcher à une vitesse de 4,8 km/h, mais pas autant qu'une séance de jogging ». En dépit de ces résultats décevants, le sport et le sexe peuvent-ils tout de même voir leurs synergies se rapprocher ? Un début de réponse nous est offert par l’industrie du Hentai !

Le volume 1 de Peace Hame ! par Shiwasu no Okina nous a mis la puce à l’oreille : dans cet Hentai, le héros puise inconsciemment sa résilience et sa détermination de sa pratique studieuse du Kendo. La pratique de ce sport ne le rend pas automatiquement irrésistible durant les ébats, mais elle lui a permis de forger une abnégation sans faille qui lui permettra de forcer son destin et, Hentai oblige, de faire progresser sa vie dans des conditions plus agréables. Si ce n’est déjà fait, nous vous invitons pour l’occasion à lire notre critique de cet album, qui est l’un des tout meilleurs du genre sortis en 2022 !

Hentaï & Sport
© Shiwasu no Okina/Hit Publishing Company, Co., Ltd./Seikô – Dynamite

Cet exemple illustre en tout cas quelque chose : Hentai et sport ne sont pas étrangers, le premier n’hésitant pas à puiser l’inspiration chez le second. Pour les besoins de cet article, nous avons parcouru notre bibliothèque afin d’y relever quels sports étaient mis en valeur par les ero-mangakas, voire dénicher les récits où le sport était au cœur de l’intrigue.

Et si, comme Tamao (le personnage principal de Peace Hame !), nous prenions d’abord le chemin de la piscine ?

© Inomaru/Ti-Net, Inc./Hot Manga

La Natation

Cela nous a frappé au cours de nos recherches : la natation est LE fétiche par excellence que l’on retrouve dans bon nombre de mangas érotiques. À moins que ce ne soit simplement les maillots de bain portés par les personnages féminins… Toujours est-il que la natation s’impose haut la main comme le sport le plus représenté dans les Hentai, à l’image de l’album Bokura No Sex de Inomaru où la première histoire du recueil narre les péripéties d’un jeune homme amoureux de son aînée de son club de natation (cf. la planche ci-dessus).

Ce n’est pas tant la pratique de la natation qui est souvent mise en avant que des maillots de bain avantageusement portés : on peut le remarquer dans D-Medal d’Ashiomi Masato, les ero-mangakas apprécient croquer leurs personnages dans de telles tenues (ci-dessous, en haut). Beaucoup plus rare, cette fascination du maillot de bain peut carrément tourner à l’obsession, comme dans Je Pense à toi de Gentsuki (ci-dessous, en bas) !

© Ashiomi Masato/Ti-Net, Inc./Hot Manga
© Gentsuki/Bunendo Corporation/Hot Manga

Un lieu relié à la pratique de la natation semble dans les Hentai éveiller les fantasmes : les vestiaires de la piscine. Ici aussi, quand on commence à dénombrer les références, on ne peut qu’être surpris de constater la constance des artistes pour mettre en scène des ébats dans ces vestiaires. Pour illustrer cela, nous avons retenu des planches des albums Le Parfum sucré du désir d’Aduma Ren (ci-dessous, en haut) et Sexture Effect de Minami Katase (ci-dessous, en bas).

© Aduma Ren/WaniMagazine Co., Ltd./NihoNiba
© Minami Katase/WaniMagazine Co., Ltd./NihoNiba

Le constat peut sembler décevant : la natation sert quasi-exclusivement de prétexte à piocher des allures pour les personnages qui serviront à illuminer l’imagination des lecteurs. À voir si ce constat se répéte pour le sport suivant...

© Mizone/Bunendo Corporation/NihoNiba

L’Athlétisme

Comme le suggère discrètement cette planche ci-dessus issue de l’album Monster Girls’ Party de Mizone, l’athlétisme est l’autre branche sportive qui tire son épingle du jeu dans l’industrie du Hentai.

© Hinasaki Yo/WaniMagazine Co., Ltd./Hot Manga

Chez l’artiste Hinasaki Yo, l’athlétisme est par exemple traité avec respect. Dans son album À Toi pour l’éternité (voir ci-contre), une jeune athlète tente d’attirer le regard d’un de ses camarades de club : par défi personnel, elle lui confesse qu’elle souhaite devenir sa petite-amie si elle remporte sa prochaine compétition de 100m. À l’aise aussi au saut en hauteur, cette héroïne permet à Hinasaki Yo de croquer une sportive en action et de rendre un hommage respectueux à ces disciplines.

© Maruta/Taiyohtosho Co., Ltd./NihoNiba

Dans l’album Le Miel des jeunes filles en fleurs, l’artiste Maruta présente lui aussi une romance au sein d’un club d’athlétisme (voir ci-contre). S’il dessine légalement des athlètes en action, il est aussi l’un des rares à montrer des corps en train de souffrir : eh oui, gare aux crampes après un effort long et soutenu !

© Bifidus/Futabasha Publishers Ltd./Hot Manga

Dans l’album Invitation au plaisir, le sulfureux artiste Bifidus raconte lui des dérives peu reluisantes du monde du sport (voir ci-contre). Dans l’une des histoires de ce recueil, une héroïne est contrainte à un chantage d’ordre sexuel de la part de son entraîneur afin que ce dernier garde dans l’équipe première d’athlétisme son amie, cette dernière ayant pourtant des performances parmi les meilleures du club. Une histoire sombre qui souligne l’investissement et l’entraide dont on peut faire preuve vis-à-vis de ses camarades.

C’est globalement cela qui ressort des récits qui mettent en scène l’athlétisme dans le monde du Hentai : l’entraide entre les membres d’un club plutôt que les performances individuelles. Une porte d’entrée rêvée pour introduire par la suite le contenu érotique.

© Yanyo/WaniMagazine Co., Ltd./NihoNiba

Le Baseball

C’est avec surprise que nous avons constaté que le baseball, pourtant l’un des sports les plus populaires au Japon, était très peu représenté dans les Hentai. Ci-dessus, nous vous présentons l’unique intrigue parmi nos recherches qui avait pour cadre un club de baseball : dans Love ♥ Sugi ?! de l’artiste Yanyo, une jeune coach tente le tout pour le tout pour augmenter le taux de réussite à la batte de sa jeune recrue… Ici, les spécificités du baseball ne sont guère de mise, c’est surtout l’atmosphère du vestiaire qui est à nouveau convoqué.

© Shiki Takuto/Ti-Net, Inc./Hot Manga

Le Tir-à-l’arc

Nous sommes dans l’esprit dans le même cadre que pour le sport précédent avec l’album Yurisis de l’artiste Shiki Takuto : la référence au tir-à-l’arc traditionnel permet au dessinateur d’exprimer son talent, mais la discipline sportive en elle-même ne permet pas fondamentalement aux personnages principaux de tirer des enseignements. Une nouvelle fois, c’est avant tout les vestiaires qui sont mis à l’honneur pour les aventures des sœurs Sakuramiya.

© Tomohiro Kai/WaniMagazine Co., Ltd./Hot Manga

Le Volleyball

Peut-être que notre vision du volleyball au Japon a été biaisée par l’anime de Jeanne & Serge, mais nous nous attendions à découvrir plus de références mettant en scène ce sport. Celles-ci sont finalement plutôt rares. Ci-dessus, vous avez l’exemple de l’album Torokuchism de l’artiste Tomohiro Kai : dans cet album, l’entraîneur de l’équipe fait chanter sa joueuse vedette pour que ses camarades ne soient pas expulsées arbitrairement de l’équipe. Une histoire bien sombre qui, rapportée au volleyball, met davantage en avant la tenue de ce sport plutôt que ce dernier.

© Minami Ohsaka/Issuisya/Hot Manga

Dans l’esprit, c’est ce que nous avons aussi retrouvé avec l’album Femme brûlante, mère aimante de l’artiste Minami Ohsaka (voir ci-contre) : davantage que le sport en lui-même, c’est surtout la tenue associée qui est mise en avant. Dans ce récit, une mère se révèle plus performante sur le parquet lorsque son fils l’encourage depuis les tribunes ; rien de bien anormal jusqu’à ce que le lecteur comprenne qu’ils entretiennent une relation incestueuse…

© Hinasaki Yo/WaniMagazine Co., Ltd./Hot Manga

Le Tennis

Vous connaissez désormais la rengaine : «  la tenue plus que le sport en lui-même ». Même tarif donc le tennis, qui est aussi un sport plutôt populaire au Japon ces dernières années et qui ne bénéficie pourtant pas de beaucoup d’entrées dans nos recherches. Ci-dessus, on retrouve Hisanaki Yo et À Toi pour l’éternité pour une histoire autour de ce sport : on y découvre une tenniswoman qui tombe amoureuse d’un photographe qui la sublime sur ses clichés. Le tennis est ici plus convoqué pour la tenue de la joueuse que pour ses enseignements.

© Mizuki Mikuni/WaniMagazine Co., Ltd./Hot Manga

La situation est un petit peu plus creusée dans l’album Comment lui avouer ?! de l’artiste Mizuki Mikuni. Dans l’une des histoires de ce recueil (voir ci-contre), une tenniswoman a une conviction détonante : si elle peut atteindre l’orgasme avant une compétition, elle y sera performante. Dans son université, elle multiplie les relations éphémères pour trouver LE partenaire qui pourra à coup sûr la satisfaire, ce qui n’arrive malheureusement pour elle jamais. On pourra se convaincre que le rapport avec le tennis est ici ténu, mais il y a au moins une réflexion sur la motivation du sportif et son exploitation dans le cadre d’un Hentai.

© Gentsuki/Bunendo Corporation/Hot Manga

L’Aikido

On aurait pu penser a priori que les arts martiaux joueraient un rôle prépondérant dans nos recherches et… ce n’est pas le cas ! Nous n’avons trouvé qu’une seule référence à un art martial existant, ici l’aïkido. Dans l’album Je Pense à toi de l’artiste Gentsuki, nous suivons l’entraînement d’une jeune héritière d’un dojo. Talentueuse, l’héroïne parvient à hisser son établissement sur le devant de la scène compétitive, mais elle se doute qu’elle devra prochainement combattre des maîtres dans des combats mixtes pour prouver sa valeur et celle de son dojo. Face à ses craintes, un jeune disciple secrètement amoureux d’elle lui propose de s’entraîner avec lui pour parer à toute éventualité… Un angle d’attaque plutôt bien vu qui permet à l’auteur d’injecter une bonne dose de romantisme.

© Kisaragi Gunma/WaniMagazine Co., Ltd./NihoNiba

Love Contest (2019, NihoNiba)

Finalement, s’il ne fallait retenir qu’un album dans ce thème « Hentai & Sport », ce serait celui-ci. Le talentueux artiste Kisaragi Gunma parvient en effet à obtenir ce que nous attendions avant de débuter nos recherches, à savoir l’alchimie entre les enseignements de la pratique du sport et les fantaisies érotiques du Hentai.

Dans Love Contest, nous sommes projetés dans un univers semblable au nôtre, mais à un détail près : les rapports sexuels ont été codifiés dans un sport qui s’appelle le Seikodo, soit « la voie du sexe ». Le Seikodo, c’est du sérieux : il est enseigné dans les dojo et à l’université, il est même retransmis à la télévision ou pratiqué devant des salles combles. Il faut acquérir une force de caractère à travers un dur entraînement pour pouvoir prétendre à pratiquer le Seikodo : les jeunes hommes qui espèrent rapidement y multiplier les ébats sans lendemain risquent fort de voir leur carrière tourner très court !

Le Seikodo est un sport qui se pratique à deux. Il n’est pas obligatoire que les partenaires soient amoureux l’un de l’autre, mais cela facilite grandement les démonstrations. Dans son aspect le plus moderne, le Seikodo se rapproche de la gymnastique artistique : les deux partenaires effectuent un programme devant un jury qui les note sur les figures réalisées et le sentiment qui se dégage de leur ébat.

L’autre aspect du Seikodo se rapproche davantage d’un art martial classique : les deux pratiquants sont cette fois-ci adversaires, chacun devant user de sa technique ou de ses avantages pour obliger l’autre à atteindre l’orgasme en premier. À ce jeu-là, Kisaragi Gunma n’hésite pas à mettre en scène des personnages féminins qui savent faire plier à leur volonté leurs partenaires.

Dans Love Contest, on suit particulièrement les déboires d’un jeune homme qui rêve de perdre sa virginité avec la fille de ses rêves : quand il la voit s’inscrire aux portes ouvertes du club de Seikodo de son établissement, il n’hésite pas lui non plus à franchir le pas ! Au-delà du contenu érotique, l’auteur nous invite à suivre une histoire intéressante qui rappelle les codes du Shônen sportif : la jeune femme issue d’une lignée de prodiges, une rivale talentueuse et bouillonnante, la difficile équation entre le sport et les sentiments…

Chez Kisaragi Gunma et cet album en particulier, le sport n’est pas un prétexte comme un autre pour tendre vers une scène érotique. L’auteur prend le temps de dégager un enseignement de la pratique sportive, puis de l’incorporer à son propos érotique. En tout cas, c’est finement joué et on ne peut que chaleureusement vous recommander la lecture de ce très bon album.

© Kisaragi Gunma/WaniMagazine Co., Ltd./NihoNiba

À l’issue de ce tour d’horizon que nous espérons avoir été le plus large possible, différents constats s’imposent. Le premier, c’est que le sport est rarement véritablement mis à l’honneur dans les Hentai. Il est très présent (surtout dans les recueils d’histoires courtes), il inspire les artistes (surtout leur fibre de dessinateurs), mais il n’infuse pas ses enseignements dans les différents récits. Très rares sont les albums comme Love Contest qui font du sport un thème véritablement traité.

Le second constat, c’est qu’il n’y a pas une énorme diversité des sports représentés, alors que c’est ce qui fait d’ordinaire la force de frappe marketing des mangas grand public. Quid ainsi du football ? Face à la présence remarquée de la natation et de l’athlétisme, le ballon rond brille par son absence. Nous avons aussi été étonnés de l’absence du catch, notamment féminin, qui jouit d’une popularité certaine au Japon. Si d’aventure nos amis éditeurs lisent cet article, nous ne doutons pas qu’ils trouveraient des choses amusantes à traduire en suivant cette voie. ♥

(par Nickyl)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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