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Hergé et Vandersteen au cœur d’une polémique politique en Belgique

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 septembre 2010                      Lien  
Qu’Hergé soit traité de collabo pour avoir collaboré au « Soir volé » durant la Seconde Guerre mondiale, on s’en était fait une raison. Qu’une biographie à paraître de Willy Vandersteen, le grand dessinateur de BD flamand révèle le passé collaborationniste de l’auteur de « Bob & Bobette », voilà qui est insupportable pour Bart De Wever, le leader nationaliste flamand, lequel, en critique de BD d’occasion, accuse les Francophones belges d’avoir de leur côté minoré leur passé collabo.
Hergé et Vandersteen au cœur d'une polémique politique en Belgique
En 1942, sous le pseudonyme de Kaproen, Vandersteen a commis des dessins au contenu franchement pro-nazi.
(C) Kaproen / Vandersteen

Dans une tribune au quotidien catholique De Standaard, Bart De Wever, le président du parti indépendantiste flamand Nieuwe-Vlaamse Alliantie (N-VA), grand triomphateur aux dernières élections législatives fédérales belges et, à ce titre, nommé par le roi Albert II comme informateur en vue de la formation d’un prochain gouvernement, mission qui s’est soldée par un échec (la Belgique n’a toujours pas de gouvernement depuis), s’est fendu d’une ahurissante tribune dans le plus grand quotidien flamand, intitulée « Nazis flamands » où il détaille le passé collaborationniste d’Hergé pour mieux minorer celui de Willy Vandersteen –somme toute anecdotique, sous le pseudonyme de « Kaproen » en 1942- redécouvert par les historiens [1].

Concurrence des mémoires

La démonstration tente de prouver que la presse francophone manipule ce genre d’information pour tenter d’associer le nationalisme flamand à la collaboration nazie. Il affirme en substance que les Flamands ont davantage fait face à leur passé que les Wallons : « De toute cette partie de l’Histoire, qui ne fut tout de même pas qu’un simple détail dans la vie et l’œuvre d’Hergé, s’offusque De Wever, dont l’éditorial a été traduit intégralement par le quotidien Le Soir, vous n’apprendrez absolument rien en visitant le Musée Hergé à Louvain-la-Neuve. Seul un documentaire projeté en boucle laisse voir Hergé lui-même se référer brièvement à la période pendant laquelle il a suivi le soi-disant vertueux exemple du roi Léopold III en continuant à travailler pendant la guerre. Yeah right ! Le fait de passer sous silence cet aspect important de la biographie du brillant artiste est bien typique du mythe wallon d’après lequel la collaboration aura surtout été le fait des Flamands alors que la Belgique francophone résistait avec bravoure. »

En 1997, le magazine Brabant Strip avait déjà levé le lièvre.

Le "ciment" de l’identité belge

Évidemment, cette analyse bédéphilique du plus grand leader nationaliste flamand n’a pas manqué de faire les gros titres des journaux nationaux en Belgique. Interrogé par La Dernière heure, Benoît Peeters n’a pas manqué de souligner que la citation d’Hergé qui débute la philippique de De Wever est prise aux bonnes sources puisqu’elle provient d’une interview qu’il a faite d’Hergé en 1977. Pour lui, l’explication de cette polémique est avant tout politique : « C’est une question passionnante. Hergé et Tintin sont des mythes belges, des icônes d’une Belgique unie. Des symboles qu’il faut s’employer à détruire pour M. De Wever. Hergé, c’est la Belgique à l’ancienne, un vrai zinneke, un mélange profond de culture. À travers Hergé et son univers, je pense que c’est aussi la famille royale qui est visée. L’artiste n’a jamais caché son attachement à la famille royale… qui le lui rendait bien. Je pense ainsi à la fête pour les 70 ans d’Albert II organisée conjointement avec les 75 ans de Tintin. Vais-je un peu trop loin ? Je ne le pense pas. Si Bart De Wever s’attaque à Tintin, ce n’est pas un accident. Il veut saper tout ce qui fait le ciment de la Belgique. Et tous les amalgames – aussi nauséeux soient-ils – sont permis.  »

La thèse de la bande dessinée et de la royauté, « ciments » de l’identité culturelle belge, était au cœur de l’exposition « Regards croisés de la bande dessinée belge » que j’avais conduite avec Jean-Marie Derscheid et Éric Verhoest. J’y ajoutais : le catholicisme, lui aussi curieusement attaqué ces temps-ci en Belgique… Elles m’avaient été inspirées par un article de Joël Kotek intitulé « Tintin, un mythe de remplacement » [2].
Si Bart De Wever s’attaque ainsi à la bande dessinée, c’est parce qu’il a senti que c’était symboliquement important. La réussite de l’Année thématique de la BD en 2009 à Bruxelles a bien montré que cette industrie restait un référent culturel incontournable dans la représentation du Plat Pays.

A la Libération, Hergé figurait dans un fascicule intitulé "La galerie des traîtres" en raison de sa collaboration au "Soir volé", un quotidien alors sous séquestre allemand.
DR

Une polémique documentée

On peut ajouter que sa présentation des responsabilités d’Hergé sous l’Occupation est plutôt bien appuyée, et il a raison de brocarder un Musée Hergé trop empressé à idolâtrer son grand homme. Il aurait pu expliquer qu’aussi bien Michael Farr que Philippe Goddin soutiennent, pour le premier, que L’Étoile mystérieuse n’est pas un album teinté d’antisémitisme (le banquier Blumenstein ne serait qu’un produit du hasard) [3], pour le second, que cet album ne serait pas collaborationniste [4], alors que le grand historien Pascal Ory avait déjà sérieusement documenté la question depuis longtemps [5], de même que la biographie d’Hergé par Pierre Assouline [6]

La synthèse de De Wever à propos d’Hergé, quoique manipulatrice dans le contexte, est correcte. Sa sortie sur le manque de travaux concernant la collaboration des auteurs wallons avec l’Occupant n’est pas fausse non plus. Nous-mêmes n’écrivions-nous pas dans ActuaBD , à propos d’un album de Spirou, Le Groom vert de gris qu’ «  Il n’y a pas eu en Belgique, comme en France, une réflexion profonde de la classe politique sur la période de l’Occupation. À quelques exceptions près, rares sont les historiens qui se sont penchés sur la question. Alors qu’en France, les plus hautes autorités de l’état (Jacques Chirac au Vel d’Hiv, 22 octobre 2008) reconnaissent « une dette imprescriptible » à l’égard des déportés, la Belgique est restée étrangement floue sur ce point. »

Un plaidoyer pro-domo

Mais là où De Wever se trompe complètement, c’est quand il affirme que « On ne peut absolument pas prêter d’idées politiques au père de Bob et Bobette, en dehors du fait désormais avéré qu’il se soit fait payer pendant la guerre pour quelques dessins particulièrement malencontreux. » Comme beaucoup d’autres auteurs belges (et notamment francophones), Vandersteen qui publie dans un journal extrêmement conservateur (De Standaard où écrit M. De Wever, a longtemps arboré l’insigne AVV/VVK (Alles Voor Vlaanderen – Vlaanderen Voor Kristus - Tout pour la Flandre, la Flandre pour le Christ) a apporté son lot, dans Bob & Bobette, de dessins aux relents racistes et antisémites (Cf. par exemple Le Mini-Monde, 1967). Nul n’a oublié non plus ses saillies pro-libérales contre les fonctionnaires et contre le fisc.

Plaidoyer pro-domo

Les dernières lignes de l’éditorial de Bart De Wever sont d’ailleurs édifiantes. Elles montrent bien que toute sa démonstration anti-Hergé et anti-BD francophone n’est là que pour se scandaliser du soupçon porté sur les antécédents collaborationnistes de sa propre famille. Un plaidoyer pro-domo en quelque sorte. Ce soupçon pourtant ne date pas d’hier : Jacques Brel, « Flamand francophone notoire », n’accusait-il pas les Flamingants d’être « nazis pendant les guerres et catholiques entre elles » [7] ?

Ce qui est sûr, c’est que des travaux sont en cours de publication pour cette période. Je n’en veux pour preuve qu’un projet de Frans Lambeau, Le Dictionnaire de la bande dessinée belge sous l’Occupation qui devrait être publié prochainement.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

En médaillon. Bart De Wever. DR.

[1La revue Brabant Strip N°56 : Dossier 1940-1945 (juin 1997) avait déjà établi ce lien depuis bien longtemps.

[2Joël Kotek, Tintin : un mythe de remplacement in Anne Morelli (dir. ouvrage collectif), Les Grands Mythes de l’histoire de la Belgique, de Flandre et de Wallonie, Éditions Vie ouvrière, Bruxelles, 1995, pp 280-292.

[3Michaël Farr, Tintin : le rêve et la réalité., Ed. Moulinsart, Bruxelles, 2001.

[4Philippe Goddin, Hergé : Lignes de vie, Editions Moulinsart, Bruxelles, 2007

[5Pascal Ory, Tintin au pays de l’ordre noir, Magazine de l’histoire, n° 18, décembre 1979. Voir aussi son interview faite par l’INA en 1983, où déjà, tout est dit.

[6Pierre Assouline. Hergé, Gallimard – Folio, Paris, 1998. Réédition complétée en 2003.

 
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17 Messages :
  • cher Didier

    un correctif stp :
    (De Standaard où écrit M. De Wever, a longtemps arboré l’insigne VVV/VVK (Vlaams Voor Vlanderen – Vlanderen Voor Kristus - Les Flamands pour la Flandre, la Flandre pour le Christ)

    Le sigle/motto catholique flamand qui était, entre autres, repris sur la Une du Standaard (en forme de croix) était AVV-VVK, c.à d. Alles voor Vlanderen, Vlanderen voor Christus (Tout pour la Flandre, la Flandre pour le Christ). Cela fait maintenant 10 ans que ce sigle a été enlevé de la Une, lors de la refonte de la maquette du journal.

    bien à toi

    fd

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 septembre 2010 à  23:19 :

      Vous avez tout à fait raison. J’ai modifié l’article en conséquence. Merci.

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      • Répondu par Aline le 26 septembre 2010 à  11:16 :

        Alors il faudrait modifier la traduction également, qui n’est pas ’Les Flamands pour...’ mais ’Tout pour...’ comme le faisait remarquer François d.

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  • De quoi attiser encore un peu plus les tensions communautaires. Où est l’importance aujourd’hui de prouver si, oui ou non, les wallons ont collaboré ? Quelques-uns ce sont risqués à pactiser avec l’ennemi pendant que d’autres défendaient leur liberté. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut oublier, loin de là, mais simplement que ce petit jeu mené tambour battant par ce pachyderme nationaliste n’a comme dessein que de convertir les derniers irréductibles qui, jusqu’à présent, n’ont pas rejoint sa cause. Pourquoi Vandersteen a t-il usé d’un pseudonyme pour illustrer ces forfaits nazis ? Pourquoi Hergé n’a t-il pas "claqué" la porte du Soir occupé ? Mystère... Hergé et Vandersteen étaient peut-être dans des conditions particulières ? Je ne défend pas les actes qu’ils ont commis, je cherche à comprendre. Mais le sentiment que j’ai pour l’heure, c’est de la désolation ! Ceux qui demain nous gouvernerons en sont encore à jouer à ces petites niaiseries sans se préoccuper des véritables problèmes humains et institutionnels.

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  • Il a une bonne tête de .... une bonne tête quoi.

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  • Si les Wallons et les Flamands ne s’entendent plus à propos de Bob et Bobette, c’est donc bel et bien la fin de la Belgique. Mais qu’en pense Bruxelles ?

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  • Hergé et Vandersteen au cœur d’une polémique politique en Belgique
    26 septembre 2010 18:53, par Wallon et Belge mais Bédéphile avant tout !

    Un peu trop reducteur. Des collabos ont sevi aussi bien au nord qu’au sud de la Belgique (et même en BD !). La grande différence est que l’épuration (telle que la France l’a également connue) a été beaucoups plus radicale en Wallonie qu’en Flandre ; où les collabos issus de la bourgeoisie ont continué leur vie publique et ont donc été à l’origine de ces mouvemments nationalistes flamands toujours teintés, quoiqu’on en dise d’une odeur nauséabonde.
    Bob & Bobette , malgré le talent de son/ses auteur(s), a toujours dégagé un sentiment flamingand (d’où , peut-être, son insuccés en France ?)

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  • tiens, cela faisait longtemps qu’on avait pas parlé des auteurs "collabos". Cela doit être cyclique. Personnellement je m’en fous complétement de savoir qu’en temps de guerre certains ont eu une attitude passive vis à vis de l’occupant et que d’autres ont essayé de gagner leur croute avec une attitude conciliante. Remuer la m... de l’Histoire est nauséabond, laissons les morts enterrer les morts, vivons pleinement le présent et pensons sereinement au futur.

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  • Hergé et Vandersteen au cœur d’une polémique politique en Belgique
    28 septembre 2010 09:24, par Alain De Kuyssche

    Votre article effectue un amalgame malvenu entre Hergé et Vandersteen. Ce dernier a, en effet, commis des dessins exploitables par la collaboration avec les nazis ; Hergé, quant à lui, n’a jamais fait cela !

    S’il a publié dans "Le Soir" (volé), il s’est bien gardé d’inclure l’arrière-plan géopolitique et le rattachement à l’actualité, qui étaient comme la marque de fabrique des aventures d’avant-guerre.

    En mai 1940, l’aventure en cours de publication dans "Le Vingtième Siècle" est "Tintin au pays de l’or noir" (contexte :Moyen-Orient, pétrole, Anglais en Palestine, etc). Dès le 10 mais (date de l’invasion de la Belgique), "Le Vingtième" arrête sa publication ; il ne reparaîtra plus. Quand Hergé reprend Tintin dans "Le Soir", il abandonne "L’or noir" pour "Le Crabe aux pinces d’or", puis "L’Etoile mystérieuse", Licorne et Rackham. Il s’agit d’aventures au sens strict du terme, sans allusion ou référence à l’actualité du monde à ce moment.

    Dès décembre 1939 (la guerre est déclarée depuis septembre 1939), Hergé avait affiché ses opinions dans la courte série "Monsieur Bellum", personnage que l’on voit tracer un grafitti, "Hitler est un fou". Rappelons aussi qu’après-guerre, il fut blanchi par un tribunal et qu’en 1945, il obtenait un certificat de civisme.

    On peut dire qu’Hergé travailla sous l’occupation, parce que raconter des histoires en dessins constituait sa seule ressource pour survivre. En cette période troublée, la seule alternative au "Soir" était "Le Pays réel", organe du partic collaborationniste, Rex. Hergé et Degrelle, le chef de Rex, étaient brouillés depuis 1932, suite à un procès intenté par Hergé contre Degrelle.

    Néanmoins, Hergé n’a jamais mis sa plume au service des Allemands ou des facistes, ni sous nom, ni sous un pseudonyme. On ne peut pas en dire autant de Willy Vandersteen.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 septembre 2010 à  10:33 :

      Votre article effectue un amalgame malvenu entre Hergé et Vandersteen. Ce dernier a, en effet, commis des dessins exploitables par la collaboration avec les nazis ; Hergé, quant à lui, n’a jamais fait cela !

      S’il y a amalgame, c’est du fait de De Wever, pas du nôtre. Au contraire, nous précisons le rôle de chacun. Avec la transparence et la clarté qui devrait être celle de votre intervention faite sans mentionner que vous êtes employé par les éditions Moulinsart.

      Cela dit, certes Hergé n’a pas été aussi loin que Jam, mais vous ne pouvez pas affirmer que son travail n’a pas servi à la propagande puisqu’il publiait dans un quotidien qui était son principal organe francophone.

      S’il a publié dans "Le Soir" (volé), il s’est bien gardé d’inclure l’arrière-plan géopolitique et le rattachement à l’actualité, qui étaient comme la marque de fabrique des aventures d’avant-guerre.

      Parce qu’il était prudent ! Cela dit, quand il commet des dessins antisémites dans Le Soir volé, précisément dans L’Étoile mystérieuse, alors que l’on rafle dans le même temps les Juifs (nous sommes en 1942 et le port de l’Étoile jaune, pas mystérieuse celle-là, est obligatoire), il est au diapason de ses maîtres. Vous êtes pourtant particulièrement bien placé pour le savoir. Tout cela est très documenté depuis longtemps.

      Dès décembre 1939 (la guerre est déclarée depuis septembre 1939), Hergé avait affiché ses opinions dans la courte série "Monsieur Bellum", personnage que l’on voit tracer un grafitti, "Hitler est un fou".

      On nous ressort souvent ce dessin. Mais rappelons que l’organe où paraît ce personnage est complètement financé par la propagande nazie dès avant la guerre et que ce Monsieur Bellum passe pour un crétin. Le propos est pacifiste, ce qui, en 1939, est une position politique loin d’être neutre. Là aussi, tout est documenté depuis longtemps, notamment par les travaux de Pascal Ory. Défendre Hergé contre l’évidence, est-ce vraiment le défendre ? Votre lecture est-elle révisionniste ? On peut se poser la question.

      Rappelons aussi qu’après-guerre, il fut blanchi par un tribunal et qu’en 1945, il obtenait un certificat de civisme.

      Pierre Assouline a bien montré dans quelles circonstances ! Cette mansuétude ne s’est pas appliquée à son collaborateur Jacques Van Melkebelke. Mais vous savez tout cela...

      On peut dire qu’Hergé travailla sous l’occupation, parce que raconter des histoires en dessins constituait sa seule ressource pour survivre. En cette période troublée, la seule alternative au "Soir" était "Le Pays réel", organe du partic collaborationniste, Rex. Hergé et Degrelle, le chef de Rex, étaient brouillés depuis 1932, suite à un procès intenté par Hergé contre Degrelle.

      C’est vrai. Il n’empêche que certains dessins et le propos général de l’Étoile mystérieuse est une tache dans ce tableau si idéal.

      Néanmoins, Hergé n’a jamais mis sa plume au service des Allemands ou des fascistes, ni sous nom, ni sous un pseudonyme. On ne peut pas en dire autant de Willy Vandersteen.

      C’est une contre-vérité, comme je l’ai expliqué. Mais il est vrai qu’il ne s’est jamais engagé dans la propagande comme son ami Jamin et que ceci est à mettre à son crédit. On peut lui accorder une certaine naïveté, comme cela a été le cas de nombreux Belges et Français au cours de cette période troublée. On a vu dans Spirou et dans Wrill, par ailleurs, de vrais actes résistants qui manquent un peu au portrait du héros de vos commanditaires.

      Je ne cherche en aucun cas à charger Hergé qui vaut bien plus que cela (Pacal Ory parle assez joliment des "ambiguités de l’humaniste"), mais vos fausses assertions m’obligent à mettre les points sur les I.

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      • Répondu le 29 septembre 2010 à  21:26 :

        Ca sent le combat d’arrière-garde, c’est ridicule en 2010 de vouloir ré-écrire l’Histoire.

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        • Répondu par alain de kuyssche le 30 septembre 2010 à  07:41 :

          Je ne sais pas qui se lance dans les fausses assertions ! Puis-je vous rappeler que les dessins litigieux de "L’Etoile mystérieuse" paraissent en novembre 1941 ? Les ordonnances obligeant les Juifs à porter l’étoile jaune datent de mai 1942. L’album "L’Etoile mystérieuse" est édité en décembre 1942 : aucune édition de cet album n’a jamais inclus les caricatures qui sont reprochées à Hergé. Il s’agit donc bien d’une décision consciente d’Hergé. S’il avait conservé ces caricatures en 1942, il aurait pu se faire de nombreux "amis" chez les Allemands, qui multipliaient les expositions antisémites (sans compter les rafles, les traques, les arrestations, etc) ; il aurait sans doute pu obtenir quelques avantages, en épousant ouvertement la cause des nazis antisémite. Il ne l’a pas fait ; tout au contraire. Est-ce si difficile de lui reconnaître ce mérite-là ?

          Par ailleurs, de récentes études ont montré que la presse écrite n’était pratiquement pas lue par les enfants et les adolescents. C’est bien pour gagner ce public-là que les quotidiens ont créé des suppléments destinés (la plupart du temps) aux garçons. Ils étaient encartés au centre et détachables, ce qui en faisait un journal pour les jeunes, avec "emballage perdu", à savoir les pages pour les adultes.

          A ses débuts, "Le Soir" (volé) a voulu poursuivre cette tradition. Les restrictions de papier n’ont pas permis de poursuivre l’expérience. Tintin se vit réduit à un strip quotidien, situé en bas de page, à droite. Nombre de lecteurs découpaient le strip pour le coller dans des cahiers - à cette époque, c’était une activité qui remportait encore un certain succès. Je m’occupe actuellement de relever les nouvelles apparaissant dans l’environnement immédiat du strip Tintin et qui auraient pu être captées par l’oeil des jeunes lecteurs. Pour le seconde semestre 1941 et le premier trimestre 1942, que j’ai examinés jusqu’ici, je n’ai pas trouvé de textes invitant les lecteurs, de quelqu’âge que ce soit, à rejoindre une quelconque organisation allemande. Du reste, jamais un seul collaborateur (notamment parmi les jeunes qui ont rejoint la Légion Wallonie ou la légion Vlaanderen) ne s’est réclamé de Tintin ou d’Hergé pour justifier ses choix et ses erreurs. En conséquence, n’est-ce pas forcer le trait que d’affirmer l’influence délétère de Tintin sur les engagements socio-politiques des jeunes sous l’occupation. Rappelons enfin que le niveau intellectuel des jeunes, qui rejoignirent Degrelle et les nazis entre 1940 et 1943 était particulièrement bas et que la lecture des journaux n’entrait pas dans leurs habitudes, comme l’ont montré des études du regretté Maxime Steinberg et de José Gotowitch, de même que les récentes publications du Ceges.

          Je reconnais bien volontiers que l’amalgame Vandersteen-Hergé est le fait de Bart De Wever, nettement moins bien inspiré que son frère, véritable historien quant à lui.

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      • Répondu par bernard cusse le 27 décembre 2011 à  22:48 :

        et si on laissait une fois pour toutes les morts en paix ?

        bernard

        Répondre à ce message

  • Bon, ce Bart de Waever est un (censuré) de Flamingant et ça se voit !
    Il est encore plus (censuré) Qu’Oussama Ou Amaninedjab.
    Pour ce qui est d’Hergé et de Willy Vandersteen ces auteurs se connaissaient et Vandersteen a travaillé un temps pour le journal Tintin.
    Pour ce qui est du "Mini Monde" il s’agit de bd pour enfants où tout est caricaturé pour faire rire et non pour transmettre un message politique.
    Alors pour ce qui est des caricatures Hergé en a fait aussi pendant la guerre surtout de juifs mais il les a fait disparaître par la suite, cet homme était considéré comme manipulateur et savait beaucoup plus réfléchir et être "prudent"que Vandersteen .
    Et surtout Vandersteen n’a pas les mêmes défenseurs

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    • Répondu le 5 octobre 2010 à  14:04 :

      pour ce qui est des caricatures Hergé en a fait aussi pendant la guerre surtout de juifs mais il les a fait disparaître par la suite

      Hergé a toujours fait des caricatures même après guerre, dans "Au pays de l’or noir" version originale couleur, il y a plein de caricatures de juifs, d’anglais, d’arabes, de belgicains, ça ne pose aucun problème. Cet album redessiné par DeMoor dans les années 70 n’a plus ni anglais ni juifs ni d’intérêt.

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      • Répondu par Flocon le 6 octobre 2010 à  11:13 :

        Relisez la biographie d’Hergé,par Assouline, pour l’Etoile Mystérieuse, il y a Tintin qui croise un couple de Juifs se félicitant de la fin du monde car ils ne devront plus payer leur fournisseur.
        Le traitre qui fait mine de tirer dans le dos de Tintin (sautant en parachute sur l’aérolite) est doté d’un visage qui correspond à une caricature des plus outrancière de juifs etc... etc.... etc....
        C’est une chose que de conduire le cheval jusqu’à l’abreuvoir, c’en est une autre que de le faire boire !surtout quand le cheval est un âne.
        Encore une chose concernant Vandersteen ce matin le journal flamand "humo" a fait sa une avec une image de "bobette" de Vandersteen et l’oeil droit de bobette a été remplacée par une croix gammée et le journal titre (en flamand) le passé collabo de Vandersteen !
        La polémique semble guère être en train de s’éteindre...

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        • Répondu par Lupo Mnema le 7 octobre 2010 à  19:47 :

          Un détail piquant dans l’article de Humo : il se termine sur cette affaire du musée Hergé, parfait exemple selon De Wever du peu d’enthousiasme des francophones à explorer leur passé collaborateur. Et Humo de s’interroger sur la place que le passé sombre de Vandersteen aura dans le Musée Vandersteen : "Aucune" répond-on du côté de la famille Vandersteen, sans la moindre hésitation. Et voilà De Wever proprement remis à sa place. Le reste de l’article est excellent aussi, je le conseille à tous ceux qui lisent le flamand.

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