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Hermann, Grand Prix de la bande dessinée du Brabant wallon

Par Nicolas Anspach le 18 octobre 2009                      Lien  
La deuxième édition de la remise du Prix International de la bande dessinée du Brabant wallon, le prix Diagonale, se tenait samedi soir à Louvain-La-Neuve.

Ce prix est né suite à une initiative du collège communal de la ville d’Ottignies Louvain-La-Neuve, du dessinateur Christian Denayer, et surtout Jean Dufaux pour promouvoir la bande dessinée en Belgique et mettre des auteurs belges et étrangers en valeur. Le scénariste de Murena assure la présidence du Jury depuis sa création, et s’implique très fortement dans l’organisation et le développement du prix. Cette manifestation est proposée en collaboration avec la Province du Brabant wallon et la maison du Tourisme des Ardennes brabançonnes.

La ville organisatrice de l’évènement a voulu que ce prix soit ambitieux afin de correspondre à la dynamique insufflée au neuvième art depuis quelques années. Le Musée Hergé a ouvert ses portes dans cette commune en mai dernier. En 2010, le dessinateur des Cités Obscures, François Schuiten sera en résidence à l’université de Louvain-La-Neuve.

Le jury du prix international de la bande dessinée du Brabant Wallon est composé d’auteurs et de personnalités issues du monde de la bande dessinée : Raoul Cauvin, Christian Denayer, Jean Dufaux, Jean Van Hamme et le journaliste du quotidien belge Le Soir Daniel Couvreur. Midam, qui avait reçu le Grand Prix l’année dernière, a également intégré le jury.

La cérémonie était animée par l’acteur et metteur en scène Éric
Destaercke
. Pour divertir les spectateurs entre deux discours, une dizaine de comédiens l’assistaient en jouant des sketches dont la thématique était liée à la bande dessinée.

Hermann, Grand Prix de la bande dessinée du Brabant wallon
Paolo Cossi

Le Prix du meilleur album étranger a été décerné à Medz Yeghern : Le grand mal de l’auteur italien Paolo Cossi. Dans ce roman graphique paru aux éditions Dargaud, Paolo Cossi aborde le génocide arménien, et la politique d’extermination orchestrée par les autorités turques entre 1915 et 1916. Son récit poignant ne cachait en rien l’horreur de ce drame qui coûté la vie à plus d’un million de personnes. En février dernier, l’auteur nous confiait avoir écrit et dessiné ce livre parce que « Les livres d’histoire italiens ne mentionnaient pas –ou presque pas– ce drame humain. Je trouvais effarant qu’une telle tuerie soit passée sous silence et que certains nient la mort de ces personnes. Il faut replacer le génocide arménien dans le contexte historique de l’époque : En 1915, l’Europe était en guerre et l’Arménie était un pays éloigné. Nous avons oublié ce peuple et pensé à d’autres intérêts. À la différence de celui des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, la Turquie n’a jamais admis ce génocide. […]. Le pays qui est le plus incriminé dans les évènements arméniens se tait toujours. Ce manque de clarté et ce mutisme font que l’on ne parle pas facilement de ce génocide... ». Le jury a semble-t-il été particulièrement sensible à cet album à la thématique dramatique…

Sébastien Kerascoët

Le prix du meilleur album a été décerné à « Jolies Ténèbres » de Sébastien & Marie Kerascoët et Fabien Vehlmann. Ces trois auteurs avaient signé au printemps dernier un conte cruel, étrange, interpelant et désarçonnant. Ils mettaient en scène des êtres s’échappant du cadavre d’une fillette récemment décédée pour vivre leur propre destinée aux abords du corps. Ces êtres doivent apprendre à survivre. Cette petite communauté devient rapidement agressive. A la sortie du livre, Sébastien Kerascoët nous expliquait que Jolies Ténèbres demandait une relecture : « l’histoire se lit assez rapidement. Ce n’est pas un livre où tout coule de source. Il faut supporter de pouvoir détester les personnages. Ceux qui nous paraissent mignons commettent des actes horribles ».

Hermann, modeste, se cache derrière son prix

Enfin, le Grand Prix a été décerné à Hermann pour l’ensemble de son œuvre. Ce dessinateur autodidacte ne cesse de se remettre en question depuis plus de quarante ans. Dans le Journal de Tintin, il a créé avec Greg deux classiques de la bande dessinée. Bernard Prince et Comanche. Dans les années 1980, Hermann se lance dans le scénario et partage sa révolte dans Jérémiah. Il crée également une série médiévale, Les Tours de Bois-Maury aux éditions Glénat. Depuis lors, Hermann réalise de nouveaux albums pour ces séries, en alternance avec des one-shots, qui au ton plus grave et plus personnel.

En 2007, Hermann nous disait être avant tout un artisan : « Je ne me prends pas pour Picasso. Je suis un artisan ! Même si parfois j’arrive à faire un peu mieux que de l’artisanat, je ne me prends pas pour un artiste. Il y a beaucoup de dessinateurs qui se prennent pour des artistes. C’est leur droit, et peut-être ont-ils raison ! Mais moi, je fais un travail d’artisan. Même si mon boulot requiert énormément de sensibilité ».

Les pairs d’Hermann ont semble-t-il apprécié la sensibilité de cet artisan hors du commun !

Paolo Cossi, Sébastien Kerascoët, Midam, Hermann, Jean Van Hamme, Raoul Cauvin, X, Jean Dufaux et X.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire aussi un excellent article de Charles-Louis Detournay, ou il évoque la carrière d’Hermann : "Hermann à livre ouvert" (Mars 2007)

Photographie (c) Nicolas Anspach

 
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