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Hervé Richez (Bamboo) : Nous devons conserver la passion du métier et ne rien nous interdire.

Par Patrice Gentilhomme le 9 octobre 2008                      Lien  
Octobre 2008, dix ans après leur création, les éditions Bamboo poursuivent leur développement. Signe de cette évolution, Grand Angle, collection réaliste née en 2002 innove avec le lancement du label Focus, Hervé Richez scénariste et responsable éditorial nous en présente les principaux enjeux.

Hervé Richez (Bamboo) : Nous devons conserver la passion du métier et ne rien nous interdire.Avec cette nouvelle collection, Grand Angle semble investir de nouveaux territoires : espionnage, thriller…Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce choix ?

Nous souhaitions proposer au travers de Focus une bande dessinée populaire dans la grande tradition réaliste franco-belge avec des séries contemporaines centrées sur des héros forts et charismatiques.
Je précise qu’ici le héros se comprend dans sa dimension « dramaturgique ». Il peut s’agir d’un personnage, d’un groupe de personnages liés entre eux, d’un objet ou encore d’un lieu comme c’est le cas dans le Village de Rodolphe et Marchal.
Nous voulions en plus un rythme de parution régulier (au moins un album par an) et un prix en adéquation avec la bande dessinée grand public. Et c’est indéniable que les domaines de l’espionnage, du thriller s’y prêtent bien.

La collection ne joue-t-elle pas un rôle de vitrine pour élargir votre lectorat ?

J’espère que Focus sera notre « écrin » grand public. Nous lançons cette collection avec le bilan des six années de publications de Grand Angle où nous avons appris à publier de la BD réaliste classique. La réussite de Bamboo, la bonne réputation que nous avons auprès des auteurs et des premiers succès comme Thomas Silane, Sam Lawry et L’Envolée sauvage entre autres a suscité la curiosité de professionnels très aguerris. Nous nous devions dès lors d’avoir un espace pour les accueillir. Mais cet espace doit aussi permettre à des auteurs qui nous ont fait confiance de venir s’exprimer soit en les associant à de grands noms comme ça a été le cas avec Denis Chetville pour Sienna, soit directement dès lors que leur projet entre dans la philosophie de la collection. Focus, c’est effectivement un peu notre fer de lance pour finir d’attirer l’attention sur nos productions.

La collection contient différents albums aux styles et aux genres très différents. En créant Focus, s’agissait-il de réorganiser la collection, d’en rendre le catalogue plus lisible ?

Oui. Nous avions trois collections Grand Angle, Angle de Vue et Angle Fantasy. Elles n’étaient pas très équilibrées en nombre de titres surtout que nous ne publions que peu d’albums (une vingtaine par an). Ca n’avait plus de sens, avec 20 ou 25 albums par an pour un marché qui compte plusieurs milliers de sorties par an, de garder trois labels qui peinaient à imposer une identité. Nous avons décidé, Olivier Sulpice et moi, de réorienter légèrement la ligne éditoriale et de ne conserver que le label Grand Angle. Nous n’irons plus sur les territoires de pure fantaisie, par contre nous développerons le catalogue Grand Angle autour d’histoires à « émotions » dans la continuité du Style Catherine ou de L’Envolée sauvage ; ou à message politique mais sans dogmatisme avec des projets autour de la guerre d’Algérie ou du génocide arménien ; ou de témoignages à l’image des trois albums de Julio Ribera (Montserrat, Jeunesse bafouée et Paris Liberté).

Comment en est-on arrivé là ? Comment est née cette maison d'édition ? Qui en est à l'origine ? L’arrivée de Stephen Desberg scénariste de renom marque-t-il un tournant dans votre politique éditoriale ? D’autres grandes signatures envisagent-elles de vous rejoindre ?

C’est forcément le signe que nous avons passé un cap d’autant que cette collaboration s’est très bien passée. Nous avons eu ensuite l’opportunité de travailler avec Rodolphe et Bertrand Marchal. Rodolphe n’est plus à présenter et Bertrand sera, selon moi, un des dessinateurs avec qui il faudra compter dans les années à venir. Et je pense assez vite puisqu’il reprend l’univers graphique développé par Léo dans la série Kenya chez Dargaud toujours avec Rodolphe au scénario.
Puis il y a évidemment des discussions en cours avec d’autres grands professionnels qui apprécient qu’on les sollicite. C’est d’ailleurs amusant de constater que ce sont les productions humour de la maison qui leur ont donné l’envie de faire notre connaissance. Pas uniquement pour le succès qu’elles rencontrent mais aussi et surtout parce que l’humour en gags est un fondement de la bande dessinée.

Cet évènement survient au moment alors que vous venez de fêter vos dix ans d’existence, comment voyez-vous l’évolution de Bamboo (et donc de Grand Angle) dans les années à venir ?

Si l’esprit est conservé, Bamboo continuera de pousser et ses collections réalistes aussi ! Ca sonne un peu comme un proverbe chinois certes mais je crois que tout est là. Nous devons conserver la passion du métier et des histoires et ne rien nous interdire.

Quelles nouveautés pour Focus à l’horizon 2009 ?

Évidemment la suite des séries commencées avec Sienna 2, Sam Lawry 6 et Le Village 2. Pour le reste, c’est encore tôt pour en parler. Superstition quand tu nous tiens…

Propos recueillis par Patrice Gentilhomme

À l’occasion de ses dix ans, la maison d’édition des Profs a jeté un coup d’œil dans le rétro. En publiant un album collector, à tirage très limité et disponible durant la période anniversaire !
En un peu plus de soixante pages, on y résume la "success story" de l’éditeur de Charnay lès Macon. L’ album rassemble interviews, anecdotes, gags, des extraits des séries les plus célèbres et même un roman photo !

L’album Collector : 10ans de Bamboo est vendu 2 € seulement presque partout ( !) et plus pour très longtemps, tirage limité oblige !

(par Patrice Gentilhomme)

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Photo © Nicolas Anspach

 
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2 Messages :
  • Puis il y a évidemment des discussions en cours avec d’autres grands professionnels qui apprécient qu’on les sollicite.

    Bonjour le risque ! C’est quoi ces éditeurs qui préfèrent débaucher des auteurs déja installés qui n’en ont pas besoin, plutôt que donner leur chance aux nouveaux talents ?
    On retrouve les mêmes noms partout, avec les mêmes produits formatés, l’ennui gagne très vite avec tous ces faiseurs sans originalité !

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    • Répondu par François Pincemi le 9 octobre 2008 à  22:59 :

      des éditions Robert Laffont, cela permettrait de continuer les séries commencées. Ou des licences Dupuis ou Lombard injustement oubliées (Tif et Tondu par exemple)

      Répondre à ce message

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