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« Hey ! », un concept interpellant

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 décembre 2011                      Lien  
C’est une revue improbable comme on en a connu avec « Raw » ou avec « Bazooka » dans les années 1980, un pur voyage dans l’art d’aujourd’hui qui se nourrit des créations d’hier, mais aussi de toutes les tendances du temps. Le trimestriel « Hey ! » (Ed. Ankama) pilote une grande exposition qui décrasse l’œil, à Paris à la Halle Saint-Pierre jusqu’en mars 2012.
« Hey ! », un concept interpellant
Le N°7 de Hey ! (Ed. Ankama, coll. 619)

Derrière Hey !, il y a Anne & Julien, deux têtes chercheuses des tendances graphiques contemporaines, adeptes d’un art « underground » de type lowbrow (profil bas, par opposition à un art élitiste, voire élitaire), qui s’intéresse aussi bien aux arts graphiques, tels que la bande dessinée, l’art urbain (ou street art), l’illustration, le graphisme, la peinture… que d’autres formes d’arts visuels comme la sculpture, le tatouage, l’art d’atelier…

« Enfants des cultures alternatives, nous avons vu Paris réglé à l’heure première des squats d’artistes, vu fleurir le pochoir, pris la mesure des premiers vagabondages du graffiti, écrivent-ils dans leur catalogue-manifeste édité par La Halle Saint-Pierre et par Ankama. Nous sommes des « macadamisés ». Au spectacle de notre ville, au son de ses caves, à la bougie de ses recoins, avec au dîner des pâtes, puisqu’au mur des tableaux. »

Le somptueux catalogue de l’expo (Ed. Ankama, coll. 619)

Ils se décrivent comme « des obsédés d’images s’agrippant à la mémoire », « des arpenteurs, des journaleux de terrain. » Leur découverte de la peinture se fait dans les années 1990 mais, auparavant, ils avaient pris la mesure du manga, étant les premiers à projeter en France le film Akira de Katsuhiro Otomo dont la BD, on le sait, donne le coup d’envoi du succès de la bande dessinée japonaise en France.

Le Net parachève leur initiation artistique. Ils l’identifient comme le lieu de cohabitation de toutes les tendances : « C’est devenu LE quartier » disent-ils. Ils se donnent comme ambition de relier toutes ces scènes « alors que le dessin animé entre en compétition à Cannes, que les artistes peintres produisent des jouets de collection, que les tatoueurs et la bande dessinée obtiennent un statut noble, que le post graffiti et street art(s) imposent sur le marché de l’art contemporain… »

Anne à l’entrée de l’exposition Hey !

« Modern Art & Pop Culture » ainsi se résume ce vers quoi ils portent leur regard. Comme pour eux, « parler de l’art ne peut remplacer de le voir », ils ont décidé de monter d’abord une revue concrétisant leurs « baguenaudes », c’est Hey !, un lieu trimestriel soutenu par Run (l’auteur de Mutafukaz) et Ankama.

Puis une grande exposition aux Halles Saint-Pierre à Paris (au pied de la Butte Montmarte), un « artshow », un « boucan articulé » comme ils l’appellent avec la verve poétique des Surréalistes, où l’on accroche aux cimaises ou dans des installations aussi bien Robert Crumb que Guy le Tatooer, Combas et Errò que Dave Cooper, Ruppert & Mulot que Clovis Trouille, Ludovic Debeurme que Le Musée des Arts forains, David B que Di Rosa, Mezzo que Pierre Molinier, La Pop Galerie que Stéphane Blanquet, Thomas Ott que Pakito Bolino… Au total 63 artistes, près de 300 œuvres et trois collections privées.

Un maelström visuel qui décrasse l’œil.

Où l’on retrouve Errò, déjà exposé en 1967 dans "Bande dessinée et figuration narrative" de Couperie, Horn et Moliterni.

Les surprenants foetus de La Chose, de Hulk, de Superman et Batman par le sculpteur français Alexandre Nicolas
Une installation de sculptures de Ludovic Debeurme
Des anamorphoses de Ruppert & Mulot
Une installation de Stéphane Blanquet faite spécialement pour l’expo.
Julien devant des oeuvres de Aj Fosik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Jusqu’au 4 mars 2012, tous les jours de 10 à 18 heures, sauf le lundi de 13h à 18 heures.

Halle Saint-Pierre
2 rue Ronsard – 75018 Paris- Métro Anvers

Tarif : 7,50€, tarif réduit : 6€

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12 Messages :
  • « Hey ! », un concept interpellant
    6 décembre 2011 10:45

    ça se veut actuel, et ça sent déjà la naphtaline.

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    • Répondu par narvaal le 6 décembre 2011 à  16:05 :

      Par rapport à quoi ?

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    • Répondu par Alex le 6 décembre 2011 à  23:33 :

      L’exposition : vous ne l’avez pas visitée. Vous rédigez un commentaire vachard -pour votre propre plaisir- à la vue de 5-6 photos sur ce site. La partialité de votre intervention anonyme se doit d’être dénoncée en dehors même des critères de qualités des oeuvres exposées. C’est une question d’hônneteté.

      La revue : vous ne la connaissez pas, vous le l’avez jamais ouverte (jusqu’a peu elle n’était disponible que par abonnement) Quelle noirceur, quel pessimisme -ou quel sentiment de grandeur inexpugnable- vous habite quand vous rédigez ces 10 mots amers condamnant des créateurs (artistes et organisateurs) en dehors de tout contexte réel ou connu de vous ?

      Cet examen de conscience, j’espère que vous le ferez. Ce que vous venez de nous montrer ici n’est pas très beau...

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      • Répondu par Lily le 7 décembre 2011 à  17:20 :

        Personnellement , j’ai acheté le Hey n° 6 ,à la base pour les 16 pages de Carlos Nine qui y étaient integrées...
        Et , euh, après lecture de la revue, l’impression qu’il m’en est restée est plutôt mitigée (euphémisme...) ,parce que ,OUI, mettre en avant ces types de "contre-culture" maintenant (toys, arte mexicano , du sous-Mark-Ryden à profusion, de l’imagerie Victorienne /arty/darkos ô combien NEUVE , du crado mais pas trop...), bin , c’est à mon sens surfer sur des courants, des niches qui n’ont plus rien d’underground , et qui constituent justement les pires clichés qu’on puisse trouver aujourd’hui en illustration , et en galerie ...
        Alors , non,perso , mon exemplaire ne sentait pas la naphtaline , mais il suintait le "subversif institutionnalisé" ; et voila pourquoi après avoir découpé mes pages de Nine ( qui, à près de 67 ans, est un milliard de fois plus vivant ,dans son travail, que tous ceux qui l’entouraient dans ce numéro ...) , j’ai bazardé le reste ...
        (il faut dire qu’avec une couverture pareille (enfin, deux,tant qu’à faire !), aussi laides l’une que l’autre , je me voyais pas décemment mettre "ça" dans ma bibliothèque

        :o) Mais merci d’avoir publié l’aut’ argentin, hein !

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        • Répondu par Alex le 7 décembre 2011 à  23:52 :

          Je vous suis bien Lily : ce magazine manque d’un ton rééllement en phase. Il est toutefois l’écho de mes goûts personnels et de mes investigations. Mais comme tout écho il vous revient avec un certain délai -amusant la 1ère fois puis vaguement irritant car tronqué. L’intention est excellente mais le délai même de publication est contradictoire avec la vitalité du milieu qu’il se veut faire découvrir. Des revues comme "RAW" ou les anthologies "Kramer Ergot" ont mieux réussi ce marriage entre survol d’une époque et présent immédiat. Il y a peut-être juste un problème de fréquence de parution : trop ou pas assez longue ?

          Une belle initiative en tout cas. Une très belle initiative même.

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  • « Hey ! », un concept interpellant
    6 décembre 2011 15:48, par LC

    Des anamorphoses de Ruppert & Mulot

    Quel inventivité ! L’anamorphose a plusieurs siècles maintenant, sauf qu’aujourd’hui on fait ça automatiquement dans Photoshop (filtre> déformation> Coordonnées polaires> options : rectangulaire en polaire), bref, c’est comme faire du Vasarely à l’époque de l’ordi.

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    • Répondu par Matthieu V le 7 décembre 2011 à  16:13 :

      Ne confondez pas la main et le pinceau...

      Si les anamorphoses sont plus simples maintenant grace a Photoshop, encore faut-il qu’elles aient quelquechose a dire !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 décembre 2011 à  07:57 :

      Sauf que ces dessins ne sont pas faits à l’ordinateur. Le procédé n’abolit pas la découverte. A vous lire, la perspective n’a plus d’intérêt depuis Giotto. Allez voir l’expo et on en reparle.

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  • « Hey ! », un concept interpellant
    7 décembre 2011 11:32, par la plume occulte

    Les auteurs de BD choisis sont -évidement- ceux qui sont "accrochables" aux cimaises donc forcément plus graphiques et plastiques que narratifs.C’est logique,puisque la plus belle planches d’art séquentiel,donc narratif,peut n’avoir aucun intérêt sur un mur.Ce n’est pas sa finalité.

    Alors ,encore une fois,rappelons-le,ceux sont toujours les mêmes qui sont mis en avant -sans que ce soit ici un jugement de valeur-et qui légitiment le discourt dominant,une forme de pensée unique:le conformisme scolaire et bourgeois.

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  • « Hey ! », un concept interpellant
    7 décembre 2011 12:45, par Pascal Guichard

    Ben mon pote, ces quelques messages ne sont pas encourageants...Heureusement que j’ai vu l’expo...
    j’ai jamais vu-lu des aigris pareils.
    moi je recommande cette expo et LE magnifique catalogue, qui même si l’on aime pas tout et c’est normal, nous fais bien rêver et donne envie de s’y mettre.
    ALLEZ-Y !

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  • « Hey ! », un concept interpellant
    10 décembre 2011 00:06

    C’est bizarre ces expos où on retrouve toujours des trucs qui se ressemblent à base de poupées démembrées.

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    • Répondu le 11 décembre 2011 à  12:21 :

      Cette expo est le parfait exemple du "kitsch bon chic bon genre" avec des faiseurs comme Debeurme.
      Ce serait comme faire des poupées tirées de l’univers de "Blackhole" de Burns et appeller ça de l’art.

      Quant aux superhéros dans la résine, c’est très laid et inutile.

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