1991, Japon, premier âge d’or des jeux vidéo. Les consoles s’imposent dans les foyers japonais tandis que les salles d’arcade voient apparaître nombre de hits fondateurs de la culture vidéoludique mondiale, tels Street Fighter II. Haruo est l’un de ces proto-geeks : cancre absolu à l’école mais entièrement voué à l’art du gaming, qu’il s’agisse des consoles les plus pointues, comme la PC Engine, ou bien des bornes emblématiques de la période dans lesquelle s il engouffre ses maigres économies.
Le monde d’Haruo s’avère alors assez simple : une marginalité, sociale et scolaire, totalement assumée car contrebalancée par de redoutables compétences en jeux vidéo acquises grâce à un véritable sacerdoce en la matière. Mais tout s’effondre lorsqu’il découvre que l’élève la plus populaire de sa classe, Akira, issue d’un milieu bourgeois, jolie et première de sa classe, hante également et secrètement les mêmes lieux que lui, pour assouvir la même passion. Avec, surtout, encore plus de succès que lui. Voilà qui est plus qu’il n’en peut supporter mais qui amorce une étonnante relation entre les deux personnages.
Hi Score Girl s’avère tout bonnement une petite pépite. L’effet nostalgie, en premier lieu, joue évidemment à plein dans la réussite du titre. C’est un bonheur de redécouvrir consoles, jeux et pratiques vidéoludiques de l’époque, que les lecteurs autour de la quarantaine auront bien peut-être intimement connus. D’autant que le ton adopté, humoristique, offre nombre de scène hilarantes. De ce point de vue, Hi Score Girl constitue un cri d’amour adressé à ce pan précis, historique, de la culture populaire. Mais pas que.
Rensuke Oshikiri ne se contente pas d’un simple documentaire sur son sujet, même si détails et précisions, en marge du récit, lui apportent bien une profondeur réelle. Il parvient, à partir de deux personnages a priori assez clichés, à créer une relation vivante et touchante, crédible et sensible. C’est bien là que ce manga tire son épingle du jeu et parvient à conquérir pleinement le lecteur. L’ensemble de ce premier volume constitue ainsi une jolie histoire en soi, qui annonce une suite, centrée sur un autre temps, et une autre relation, que l’on a hâte de découvrir à son tour.
(par Aurélien Pigeat)
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Hi Score Girl T1. Par Rensuke Oshikiri. Mana books. Sortie le 4 juillet 2019. 194 pages. 7,90 euros.