Vincent est le fils d’un couple de maraîchers qui, chaque samedi matin, va vendre ses légumes au marché de la ville. Alors que le jeune garçon accompagne ses parents pour leur donner un coup de main, il en profite pour rejoindre ses copains comme lui, fils et filles des marchands ambulants.
Parmi eux, se trouve Marie, la fille de la fleuriste dont le garçonnet est secrètement amoureux. De balades à vélo en railleries et sarcasmes des garçons jaloux ; de goûters gourmands en escapades entre les stands, nous suivons les mésaventures innocentes et anodines de la petite bande.
Cette chronique tendre et doucement nostalgique restitue avec justesse et émotion le quotidien de cette petite famille de commerçants. Ici, ni violence urbaine, ni enjeu démesuré, encore moins de drame psychologique, pas même d’autofiction nombriliste : Vincent n’a pour seule ambition que... d’offrir une pomme de terre en forme de cœur à sa gentille petite dulcinée.
À partir d’une intrigue aussi minimaliste, les auteurs de cette nouveauté parue chez Bamboo réussissent à séduire notamment par l’enchaînement de micro-événements et une succession de portraits, certes parfois caricaturaux, mais toujours indulgents et savoureux.
Il fallait bien tout le talent de Marzena Sowa pour rendre avec délicatesse l’atmosphère de cette chronique enfantine et maraîchère . L’auteur de la célèbre Marzi, succès populaire et critique paru chez Dupuis parvient à nous captiver avec ce récit plein de fraîcheur en s’écartant de toute mièvrerie et facilité.
Loin de la grisaille de la Pologne des années 1980, la scénariste nous livre ici une image tendre, chaleureuse et colorée d’une « certaine France d’en bas » parfois à la limite du cliché, notamment dans le portrait de certains clients pinailleurs.
Un univers dans lequel évoluent avec légèreté aussi bien des adultes ordinaires et bienveillants que des enfants gentiment chenapans. Ce tableau idyllique séduit autant par la qualité de la narration, la sincérité du propos que par le soin et la précision apporté au graphisme d’ Aude Soleilhac .
En conclusion de l’album, on apprécie le cahier où les auteurs s’interpellent autour de leurs souvenirs d’enfance également nourris d’histoire de poireaux et de vélos !
Un supplément sympathique et aussi intéressant que certains cahiers graphiques !
Un album dont la lecture se fait avec plaisir et qui, dans un océan de pessimisme latent, fait sacrément du bien !
(par Patrice Gentilhomme)
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