Une famille paisible – en apparence – se réunit au complet dans sa maison de campagne, le temps d’un dernier adieu à papi Arnaud. Un jour comme celui-ci est l’occasion de regarder la vérité en face. Mais toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? Entre pieux mensonges, tromperies ou petites dissimulations en tout genre, chacun dévoilera, ou non, son histoire cachée... Car, si un secret de famille, c’est bien, plusieurs c’est mieux !
Leurs deux précédents albums jouaient déjà sur des formes narratives originales. L’Espace d’un soir jonglait entre l’espace et le temps (1 album = 1 immeuble, 4 bandes = 4 étages) et Comédie d’Amour proposait à son personnage principal de se réapproprier les bulles. Ici, Histoires cachées s’amuse d’un autre concept : 12 planches sont inaccessibles à la première lecture. Les pages ne se dévoileront que si le lecteur s’arme d’un coupe-papier (de préférence bien aiguisé). Brigitte Luciani et Colonel Moutarde ne font pas que dans le concept. Celui sert totalement la narration. C’est donc à deux lectures que les auteurs vous convient. Évidemment, quoi de mieux qu’une famille comme décor pour cacher des secrets ? La mort d’un proche sert souvent de révélateur à un passé dissimulé ou inavoué. Le décès du papi va donc permettre aux principaux protagonistes de déterrer quelques vieilles histoires.
Outre son graphisme caractéristique, Colonel Moutarde utilise d’autres artifices pour servir la narration : les cases à effet de surprises sont esquissés au trait et les planches se racontent aussi par la couleur. Ainsi les pages cachées au départ sont aisément reconnaissables et donc permettent de rejouer le jeu de la lecture partiellement cachée.
Nous avons là un ouvrage ludique et original qui s’amuse à détourner les codes habituels de la bande dessinée. On en redemande bien volontiers ! D’autant plus que, petit clin d’oeil, Comédie d’Amour et Histoires cachées s’articulent chacun sur un personnage aperçu dans L’Espace d’un soir. Il reste donc encore aux auteurs quelques histoires à imaginer...
(par Laurent Boileau)
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