Héritier de Frans Masereel et de Félix Vallotton, Honoré tient d’eux le goût pour le dessin noir, massif, énigmatique inspiré par les idées de l’anarchie et du socialisme originel. Souvent, il illustrait les pages de son ami Bernard Maris, alias Onc’ Bernard, le chroniqueur économique de Charlie Hebdo, assassiné en même temps que lui.
De toute l’équipe, c’était celui qui avait le dessin le moins spontané, le moins « croquis ». C’était dû à sa technique qui nourrissait copieusement les noirs mais aussi à son esprit fin et élégant qui conférait de la noblesse au sujet le plus vulgaire.
Il dessinait une case à la fois, le plus souvent sans bulle, et distillait des sentences qui, sans cette distance élégante, cogneraient bien davantage encore : « Le pape autorise le préservatif dans certains cas…, écrit-il, j’n’ai pas envie que nos évêques pédophiles attrapent le sida… » Un dessin montre Hollande avec son slogan « Le changement, c’est maintenant » biffé plusieurs fois : « demain » , « bientôt », « un jour »… « De jeunes Français rejoignent Daech en Syrie : - C’est plus excitant que Erasmus. »
Le recueil rythme tous les grands moments de la République ces dernières années : on y reconnaît nos dirigeants et de leur turpitudes : Giscard, Barre, Chirac, Sarkozy, Hollande, Valls, … mais aussi ceux de l’étranger comme Saddam Hussein, Bachar al-Assad , la Reine d’Angleterre, Poutine… jusqu’à ce dessin terrible où il souhaite ses vœux à Al-Baghdadi, le leader de Daech qui menaçait Charlie Hebdo de mort. « - Et surtout la santé ! » lui faisait-il dire quelques jours avant de tomber sous les balles…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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