L’accroche de cette histoire de politique-fiction financière est simple et ingénieuse. Frappées par une crise économique sans précédent, nos sociétés sont contraintes à trouver de nouvelles voies afin de poursuivre leur expansion. L’une de celles empruntées dans ce futur ravagé touche au dernier tabou de la finance : faire entrer l’être humain sur les marchés, comme valeur boursière. La carotte pour les candidats à la cotation, c’est une richesse instantanée, quitte à laisser de côté les valeurs humaines... C’est le choix que fait Félix Fox, vendeur de voitures, qui pense pouvoir être plus malin que le système. Mais la machine financière a visiblement de quoi le broyer, corps et âme.
Fort d’une petite expérience dans la finance, Xavier Dorison a mis au point un argument intéressant pour cette courte série (trois volets sont prévus) : toucher à la limite éthique de la finance. Au vu de la conjoncture contemporaine, le sujet ne manque pas de sel. Le déroulement de cette dérive ultra-libérale apparaît cependant légèrement too much pour que l’on tremble pour les personnages impliqués dans ce montage financier misanthrope. On peut ajouter que le dessin de Thomas Allart, concentré sur les visages et les expressions des protagonistes, manque d’originalité dans les arrières-plan (le recours récurrent aux plasmas des cours de la bourse est presque kitsch). Dans un genre comme l’anticipation, sans véritable ampleur graphique, il est difficile de faire croire au lecteur que cet autre monde est possible...
Un démarrage en mode mineur, donc, mais la série a pour elle un bon sujet, dont on est tout de même curieux de lire le développement.
(par Morgan Di Salvia)
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