"DROIT DE REPONSE DE PIF GADGET"
Le site ActuaBD sous la signature de Laurent Menikian a porté des
accusations insanes contre Pif Gadget en prétendant déceler dans un épisode
de Pif et Hercule "une gaffe antisémite". Il est déjà très surprenant qu’on
puisse accoler le mot "gaffe" et le mot "antisémite". Etrange légèreté.
Ce monsieur imagine reconnaître dans le marchand d’oiseau, M.Loiseau une
caricature d’Henri Krasucki et une attaque antisémite dans l’usage par une
perroquet polyglotte, du mot "radinski" au milieu d’une floraison de propos
dans d’autres langues imaginaires. Le site ActuaBD ayant refusé de prendre
ses distances avec cette prose, je me vois obligé de faire usage du droit de
réponse.
Je ne reprocherai pas à cet auteur et au rédacteur en chef qui a autorisé
cette publication d’ignorer que les terminaisons en "ski" ne signent
nullement une origine juive. Le maréchal Pidulski qui eu le goût du progrom
avec ses proches aurait dû le lui rappeler. Le général Jaruselski n’était
pas juif, Maïakovski ou Kerenski n’étaient pas polonais, non plus que
Stravinski. La méconnaissance n’est pas un crime ; il vaudrait mieux qu’elle
s’accompagne d’humilité, surtout pour un site qui se prétend
"d’information".
L’absence de ressemblance entre le personnage de Loiseau et d’Henri
Krasucki aurait dû pour le moins alerter un rédacteur en chef averti. Je
suis un peu honteux de devoir rappeler qu’Henri Krasucki était parfaitement
chauve et que toute ressemblance avec le personnage de cet épisode de Pif et
Hercule relève d’une imagination enfiévrée ou d’un déplorable penchant pour
l’Inquisition.
Si même - et là encore - celui a relu et autorisé ce papier ne savait rien
de l’ancien secrétaire général de la CGT, il aurait pu imaginer qu’Henri
Krasucki comptait plutôt des amis que des adversaires dans la rédaction de
Pif Gadget.
A inventer de l’antisémitisme là où le lecteur est certain de ne pas en
trouver, l’auteur fourvoie - j’imagine inconsciemment - les réactions
anti-racistes. Cette banalisation de l’antisémitisme est particulièrement
grave dans les temps que nous connaissons. Pif Gadget pour sa part
maintiendra son engagement antiraciste qui est une marque de fabrique.
Que la rédaction d’ActuBD ait jugé que ce papier devait être maintenu sur
le site ne l’honore pas. Que des auteurs soient frappés d’infamie, que
l’accusation la plus grave qui soit puisse être portée contre eux sur les
fondements les plus fantaisistes, n’émeut donc aucune conscience
journalistique ? Nul ne s’y est donc préoccupé de l’effet produit sur des
créateurs ? Enfin, personne ne s’y interroge donc sur la propagation d’une
rumeur gravement diffamante par le maintien sur le site ?
Que, dès son numéro 2, Pif Gadget soit l’objet d’une attaque de cette
nature témoigne sans doute des intérêts que sa renaissance dérange et de la
difficulté de lui faire de véritables reproches. Cette basse polémique ne
paralysera pas son équipe. Toute son équipe.
Patrick Apel-Muller
Directeur de Pif Editions
Article original de Laurent Melikian :
On ressort de la lecture du deuxième numéro de Pif Gadget avec un certain malaise. Oh, pas du fait de la qualité des BD publiées qui surfent du moyen au très bon. Ni celle du rédactionnel, tout-à-fait dans la ligne sociale que veut se donner le journal. Mais à cause d’un gag glissé dans la petite histoire mensuelle du chien porte-étendard de la revue. Le célèbre Pif lui-même se montre peu correct.
Voilà le hic : Pif désire s’acheter un perroquet. Dans une animalerie, le vendeur lui présente une merveille : un perroquet capable de parler huit langues humaines ! Bigre, c’est vrai que le volatile émet quelques mots en anglais, arabe, russe, chinois et en Pifou (Glop ! Glop !). Lorsque Pif s’enquiert du prix de la bestiole, le vendeur lui répond : 1000 Euros. Trop pour la bourse du chien qui demande un article à 100 euros. « Radinsky ! » lui rétorque tout de go le perroquet tentant ainsi de nous faire croire qu’il parle un yiddish de cuisine. À ce moment, on jette un œil au vendeur et on ne peut s’empêcher d’y voir une caricature de Henri Krasucki, ancien secrétaire général de la CGT d’origine juive polonaise.
Ce genre d’humour pouvait faire rire il y a 20 ans, quand les humoristes Popeck ou Lionel Rocheman étaient de grandes vedettes de café-théâtre. Aujourd’hui, pour un journal s’adressant en priorité à une jeunesse qui n’a pas connu cette époque où les fondamentalistes de tous bords n’échauffaient pas les esprits, la pilule passe beaucoup plus mal. D’autant plus que ce gag n’a aucune fonction réelle dans l’histoire en cinq planches.
Espérons que ce genre de pet n’est qu’une maladresse sans arrière-pensée et que la direction du journal restera plus vigilante à l’avenir.
(par Laurent Melikian)
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