Année 2054. Anton Peralleau est un dessinateur de BD certes motivé et acharné mais dénué de talent. Toutes ses tentatives pour trouver un éditeur se soldent inévitablement par un échec. Ou alors, on lui propose d’illustrer "ce qu’il ne faut pas faire".
Alors qu’il est en plein désarroi, Anton rencontre un étrange antiquaire. Celui-ci lui met entre les mains un pinceau magique supposé transcender les capacités artistiques de son utilisateur, en échange de l’exclusivité des œuvres qu’il réalisera avec cet outil.
Anton s’empresse de l’essayer et se rend compte que ce pinceau fabriqué en 1518 pour Léonard de Vinci possède d’autres pouvoirs étonnants. En effet, il peut modifier dans la réalité ce qu’il a peint. Grand fan de l’héroïne de La Quête de l’Oiseau du Temps, le dessinateur tente alors une expérience en peignant Pelisse, couchée nue sur son lit. Et celle-ci y apparait bel et bien... Ou plutôt, il s’agit d’Elisa Balanger qui, en 1974, prêta ses traits à Régis Loisel pour la création de son personnage.
Avec Il pennello, Serge Perrotin signe un scénario original. Réalité et créations artistiques s’y mêlent, se croisent et s’entrechoquent, donnant naissance à un univers singulier et fantasmagorique. Les personnages se veulent intéressants, tout comme la trame qui joue sur le mystère et les paradoxes de cette situation surréaliste. Le fait d’imbriquer un personnage d’une "vraie" bande dessinée dans l’histoire fictive d’une autre BD est un argument non négligeable qui ajoute au tableau.
Pour son premier album, Jean-Marc Allais a bénéficié de l’aide de Stéphane Heurteau (dessinateur du projet dans ses premières versions) qui a storyboardé les premières 46 planches. Le trait n’évite pas quelques imperfections, parfois renforcées par un encrage manquant de force, mais l’ensemble dégage un certain charme. Ses personnages sont plus ou moins charismatiques, Anton faisant plutôt partie de la seconde catégorie, ce qui renforce sa banalité assumée.
Il pennello est donc un album qu’on lit avec plaisir et curiosité, certains défauts s’excusant facilement tant on se laisse entraîner par le sujet.
(par Baptiste Gilleron)
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