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Il était une fois en France : le début de la fin ... ?

Par Charles-Louis Detournay le 7 novembre 2010                      Lien  
La fin est peut-être proche pour le personnage principal d'"Il était une fois en France", le complexe Joanovici pris en tenaille entre les Allemands et les Alliés. Mais c'est tout le contraire pour la série, qui continue d'atteindre des sommets en qualité et, il y a une justice, en terme de ventes. Avec, en perspective, un prix à Angoulême?

Il était une fois en France : le début de la fin ... ?
Y a-t-il déjà eu une précédente série populaire qui s’accrochait si fort à un personnage principal, tout en s’ancrant dans nos racines historiques proches ? On peut bien entendu évoquer les Maîtres de l’orge, cette saga de brasseurs dans laquelle le trait historique de Vallès fit merveille ? Mais il est difficile de prolonger la comparaison avec Il était une fois en France.

Si vous aviez fait l’impasse sur celle-ci, sachez que Fabien Nury(W.E.S.T., l’Or et le sang, Necromancy, le Maître de Benson Gate, Je suis légion, etc) tente de retracer la vie de Joseph Joanovici, un personnage ambigu et torturé qui tenta par tous les moyens de sauver sa peau et celle de sa famille en faisant tourner ses affaires malgré la corruption, la guerre, puis la Libération. Avec toutes les conséquences que cela peut impliquer.

Un quatrième opus de très haut vol

Dans ce nouvel album ; Joanovici continue son exercice d’équilibriste, bien qu’il devienne de plus en plus périlleux avec les casseroles qu’il accumule. Sentant le vent tourner et ayant forcé son intégration dans la Résistance comme les auteurs le racontent dan le précédent tome, il est contraint de faire bonne figure sur les deux fronts : dénonçant d’un côté ceux qu’il protège de l’autre, tandis qu’il fournit armes et matériel aux deux camps.

« Pour Joanovici, c’est le ‘sprint final’ au terme de l’Occupation, explique le scénariste Fabien Nury. La grande course de l’été 44, contre les Nazis ET les Alliés ! Le moment-clé où il va se devoir se ranger dans un camp : les vainqueurs ou les coupables ? On sait évidemment qu’il passera pour un vainqueur… Et qu’en réalité, il sera de plus en plus coupable. De ce point de vue, oui, il arrive à son apogée à la fin du tome 4 : il ne va pas y rester très longtemps, sa chute va commencer dès le tome 5. Certains éléments sont d’ailleurs déjà amorcés... »

Alors qu’on pouvait ’apprécier’ sa roublardise dans les premiers tomes, Joanovici devient progressivement méprisable. Les événements très durs qui sont rapportés maintiennent une réelle authenticité, ainsi qu’un lien avec le lecteur. Sans s’identifier, on demeure captivé par le récit, grâce entre autres aux scènes intimiste de Joanovici et de sa famille, ce qui nous rappelle qu’il demeure un homme avec ses états d’âme.

« Ces scènes constituent le cœur du récit, continue le scénariste. Sans elles, rien n’aurait de sens, car on resterait étranger au personnage. Je pense surtout aux confrontations de Joanovici avec sa femme Eva, qui constitue son ancrage moral et émotionnel. Eva est mon personnage préféré ! C’est encore elle, dans le tome 4, qui prononce la ‘sentence’ de Joanovici : elle doit le séparer de sa famille, car il ne sera jamais à l’abri… C’est Eva qui fixe le prix de la vie qu’il a choisie. »

L’Histoire est en marche : Joanovici change de camp...

Sylvain Vallée atteint son apogée

Impossible de ne pas remarquer les talents de Sylvain Vallée ! Ce tome est d’ailleurs plus important que c’est un véritable pivot dans la construction de la série, Joanovici passant de la superbe du début vers un déclin inévitable.

Si le dessinateur avait pu dépeindre avec brio l’ambiance ’polar’ de Gil St-André, il ajoute ici un style conforme à l’époque, entre film de gangsters et récit historique. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de voyager entre la petite part d’imaginaire et la grande Histoire. Impossible d’apprécier où se situe la frontière.

« Tant mieux !, ironise Nury. Ceux qui se demanderaient où se situe cette limite pourront ouvrir des bouquins d’histoire, et ça ne fait de mal à personne ! Plus sérieusement, je cherche à dramatiser la réalité plus qu’à inventer des péripéties : au contraire, je suis souvent obligé d’enlever des éléments réels. Mais n’étant pas né à l’époque, je me base sur une documentation non exhaustive, mes choix sont donc subjectifs… L’avertissement sert à prévenir le lecteur de cela : c’est bien une fiction, non une thèse d’historien. »

Une collaboration bien plus positive que celle de Joanovici !
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Que cela soit dans le découpage ou dans les cadrages, Vallée nous livre une vision très cinématographique et dynamique. On ne décroche pas du récit, qui transpire d’intensité. Alors que les premiers tomes naviguaient aux alentours des 54 pages, ce quatrième tome en compte 62 et ce n’est pas le lecteur qui s’en plaindra !

« Après Il était une fois en France, Sylvain va s’offrir une ‘récréation’, » explique son scénariste, « car le destin de Joanovici lui aura demandé beaucoup de temps et d’efforts, ainsi qu’à moi. On parle de vrais morts dans cette série, et cela nous touche de plus en plus. Du coup, nous aurons sûrement envie de nous amuser un peu par après ! »


De par son propos, sa qualité d’exécution et son intensité, Il était une fois en France est une série d’exception qui va marquer durablement le genre. On s’en délecte à chaque tome, et le plaisir va grandissant.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire notre interview de Fabien Nury en lien avec cette sortie

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Lire nos articles et interviews précédents :
- les chroniques des tomes 1, 2 et 3
- Il était une fois en France et L’Affaire des Affaires primés par les médias
- Fabien Nury et Sylvain Vallée : « Nous avons rencontré nos lecteurs. » (avril 2010)
- Fabien Nury : "Une bonne série fantastique tient à la cohérence du principe établi " (juin 2009)
- Fabien Nury : "Je voulais ni réhabiliter ni condamner Joanovici" (juin 2009)
- L’article lançant la série
- Fabien Nury : « Pour moi, la période nazie représente le mal absolu » (novembre 2007)
- Fabien Nury : "J’aimerais faire des histoires dans à peu près tous les genres" (mai 2007)

Visiter le blog de Sylvain Vallée, le site de la série

Lire les premières pages de l’album

Excepté photo, tous les documents sont © Nury – Vallée - Glénat.

 
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