Dans le premier tome de Il se passe des choses, nous avions lu comment le père de Samson le magnifique l’avait initié au rituel qui faisait la fortune de sa famille depuis deux cents ans. Puis nous avions assisté au désastre : écrasé par la pression, Samson n’avait rien pu faire d’autre que de transformer la fameuse pièce d’or en balle de caoutchouc.
Ce deuxième tome reprend l’histoire quelques années plus tard. Samson a appris à maitriser son pouvoir et est devenu magicien. Cette fois, c’est aux affres du mensonge et du couple qu’il va être confronté.
Ce deuxième mouvement d’un triptyque annoncé confirme le style si particulier de Guillaume Chauchat entrevu dans le premier tome. Des lignes épurées à l’extrême, une recherche de la pureté du trait à qui l’auteur cherche à donner tout son sens.
Cette recherche graphique déroute d’abord, questionne ensuite, passionne très vite.
Guillaume Chauchat est un artiste et sa démarche ne peut pas laisser indifférents les amateurs d’arts graphiques que nous sommes.
Il est difficile de ne pas évoquer la série d’animation La Linea de l’illustrateur Osvaldo Cavandoli, qui avait su populariser cette approche minimaliste graphique, ni sous un certain aspect Sempé pour son approche si légère de dessiner le temps suspendu. Par ailleurs, sa façon de faire progresser son récit par quelques très subtiles modifications des deux ou trois traits qui composent son dessin sans perdre en lisibilité est tout à fait remarquable… Et si c’était ça la fameuse « ligne claire » ?
Cependant, si Guillaume Chauchat nous présente une recherche graphique très aboutie, il est dommage qu’il ne se soit pas appliqué cette mise en danger pour le scénario, auquel on peut reprocher d’être un peu conservateur. Si l’histoire de Samson n’a rien de déplaisant, les thèmes abordés, comme le mensonge et la confiance dans le couple, ou encore l’estime et la confiance en soi, restent un peu légers.
Du coup on est, à contre-cœur, aussi déçu par la légèreté du scénario qu’emballé par le magnifique travail graphique de l’auteur, d’autant plus qu’on sent qu’il a largement les moyens de pousser la reflexion bien plus loin.
Ce déséquilibre laisse un petit goût d’inachevé tant on sent que Guillaume Chauchat est capable de réussir avec brio ses paris les plus risqués pour emmener le lecteur plus loin qu’il n’en n’a l’habitude.
(par Gallien Chanalet-Quercy)
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