Xavier Löwenthal (éditeur à la 5e Couche, auteur) : « Nous avons radicalisé notre démarche suite à l’invasion de notre niche par le Mainstream. Nous prenons le maquis, et agissons de manière plus radicale sur un terrain envahi. On quitte cette terre brûlée pour aller vers l’Art Contemporain et la Littérature. On a toujours exploré cette voie, mais notre radicalisation est devenue une nécessité. »
Gene Luen Yang (Dessinateur, scénariste – Americain Born Chinese, Dargaud) : « Je vois le racisme comme une expression de l’égoïsme. Quand on est égoïste, on a tendance à être raciste. Généralement, on est méfiant des gens qui ne font pas partie de notre famille, qui ne font pas partie de notre pays, ou qui ne sont pas de notre race. »
Daniel Maghen (Galeriste, éditeur) : « Les métiers de galeriste et d’éditeur sont tout le temps entrecroisés, ils cohabitent et s’enrichissent l’un l’autre. En regardant des milliers de planches de tous les grands noms du 9e art, j’ai acquis une culture solide de ce métier. Ceci me permet aujourd’hui d’assumer la direction éditoriale de mes projets, de les manager et d’interagir avec mes auteurs en ayant un regard global et posé sur le processus de création d’une bande dessinée ».
Bruno Marchand (Dessinateur – Quelques Pas Vers la Lumière, Quadrants) : « Moebius est très présent dans Little Nemo. Mais il n’a rien dessiné. Concernant le scénario, j’ai retravaillé un manuscrit qu’il avait réalisé pour un dessin animé. Je me suis chargé de l’adaptation en BD. Je me suis donc beaucoup impliqué dans ce projet. Les albums suivants, que j’ai réalisés seul, ne se sont pas vendus. On a perdu 90% des lecteurs. Les gens se disaient : ‘Ce n’est plus du Moebius, quel intérêt de continuer à acheter Little Nemo ! »
Jean Mardikian (Co-fondateur du Festival de la BD d’Angoulême) : « Deux moments clés pour le Festival de la BD d’Angoulême : Janvier 1977, l’année de la présence d’Hergé. Il nous a institutionnalisés par sa présence durant ces trois jours.
Janvier 1985. C’est le Salon de la reconnaissance au niveau des plus hautes instances politiques : François Mitterrand, Président de la République, accompagné de Jack Lang ministre de la culture, après avoir visité le Salon d’Angoulême déclare vouloir créer un grand projet présidentiel en Région, dédié à la bande dessinée et à l’image. »
Midam (Scénariste, dessinateur - Kid Paddle, Dupuis & Harding Was Here, Quadrants) : « Kid Paddle ou Game Over, c’est comme un sprint, une course de 100m. Il faut tout donner sur une page. Harding Was Here, c’est plutôt un 800 m : l’humour et la manière de scénariser sont bien différentes ».
Moebius (Dessinateur, scénariste - Inside Moebius, Stardom) : « L’art, et plus particulièrement la bande dessinée, est fort relié à la sexualité : la créativité est un sexe qui pénètre l’esprit du public, qui, fécondateur, envoie des idées et des images dans leurs esprits, comme un flot de sperme ! En vieillissant, le côté sexuel perd de son attrait, sauf si on demeure caché derrière son œuvre sans oser se dévoiler. De plus, le sperme envoyé il y a vingt ou trente ans a généré de nouveaux êtres, de nouvelles réalités qui, pour exister, doivent croître en repoussant le passé et les limites actuelles. »
Érick Mogis (Editeur des romans Les aventures de Saint-Tin et son ami Lou ) :« Si une parodie ne ressemble pas à l’original, ce n’est plus une parodie. Une parodie peut être satirique, elle peut se moquer, elle peut magnifier. En l’occurrence, c’est vraiment une parodie-hommage. […] C’est important : ’Saint-Tin’ est vraiment une re-création. La parodie ne peut pas être moins bonne que l’original, surtout que l’on a pas le soutien du dessin. »
Alan Moore (Scénariste - Filles Perdues, Delcourt) « Mon bouquin sent la pipe. »
Benoît Mouchart (Directeur Artistique du Festival de la BD d’Angoulême) : « « Le jour où j’arrêterai de me poser la question de savoir ce qu’est un festival de bande dessinée, je crois que je rendrai mon tablier ».
Fabien Nury (Scénariste, Necromancy, Dargaud) : « La contrainte est très forte dans le cinéma, et il faut en permanence être capable de justifier ses idées de manière précise et concise. Le scénariste est responsable d’un investissement de quinze millions d’euros. Différents intervenants vont donc vous questionner. Par rapport au cinéma, dans la bande dessinée, les scénaristes bénéficient d’une très grande liberté. »
Takeshi Obata (Dessinateur de Death Note, Kana) : « Je produis 80 planches par mois ».
Benoît Peeters (Scénariste, éditeur – Les Cités Obscures, Casterman) : « Même si on peut lire cette ‘théorie du grain de sable’ comme un conte philosophique, c’est difficile de ne pas penser non plus à la crise financière actuelle, où l’on crève une bulle qui engendre des conséquences incalculables. »
(par Nicolas Anspach)
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Propos recueillis par Nicolas Anspach, Laurent Boileau, Charles-Louis Detournay, Nicolas Fréret et Didier Pasamonik - Les extraits présentés sont leur propriété respective.
En médaillon : Jean Giraud - (c) Nicolas Anspach