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Ils l’ont dit en 2010 : les interviews d’ActuaBD 1/4

Par Thierry Lemaire le 29 décembre 2010                      Lien  
Comme chaque année depuis 2007, voici les meilleurs moments des interviews parus sur ActuaBD. Un petit aperçu des 195 entretiens, parfois publiés en plusieurs parties, qui ont ponctué l'année en donnant la parole aux auteurs. Un joli panorama du monde de la BD en 2010. N'hésitez pas à cliquer sur le nom des personnalités pour lire leurs interventions en entier.

Alcante (Scénariste, Jason Brice) : « En bande dessinée, il est difficile de faire pleurer le lecteur. Contrairement au cinéma, nous n’avons pas de bande son et le lecteur décide seul de son rythme de lecture. Les auteurs ne peuvent pas lui imposer de regarder une image pendant trente seconde. C’est donc horriblement compliqué de faire passer des émotions, et particulièrement des émotions tristes en BD. ».

Yoshitaka Amano (Sandman, Vampire Hunter D, Final Fantasy) : « Le Japon a développé une culture spécifique en fermant ses frontières aux étrangers jusqu’en 1867. Prenant alors un tournant brusque, il a rejeté ses traditions pour s’enticher de ce qui venait d’Europe et d’Amérique, provoquant une certaine confusion. Au travers de cet Art nouveau en provenance d’Europe, nous autres Japonais, y avons retrouvé un part du Japon ancien que nous avions rejeté. »

Ils l'ont dit en 2010 : les interviews d'ActuaBD 1/4
Yoshitaka Amano
© CL Detournay

Pénélope Bagieu (Scénariste, Dessinatrice, Cadavre Exquis) : « Beaucoup de gens ont une image de la bande dessinée complètement fausse (celle que j’ai eue pendant des années) qui est : la BD c’est soit XIII, soit Les Blondes. Je pense qu’il y a un juste milieu entre l’aventure pure et dure pour mecs et les blagues potaches. Dire « Je n’aime pas la BD », c’est aussi stupide que de dire « Je n’aime pas le cinéma ». Du coup, la tendance actuelle où tous les éditeurs sortent des albums « chat-chaussures-shopping », je pense que c’est une erreur. Si les filles ne lisent que ça, elles vont être écoeurées ! Et derrière, elles ne liront plus de BD. Le mieux serait de se dire qu’une bonne bande dessinée de fille, c’est une bonne bande dessinée tout court. C’est un peu ma croisade. Je suis un exemple vivant de ça : je ne lisais pas de BD il y a trois ans, et maintenant je ne lis que ça, sans aimer plus les auteurs filles que les auteurs garçons. »

Thilde Barboni (Ecrivain, scénariste, Rose d’Elisabethville) : « Le théâtre ressemble plus à la bande dessinée que le roman. Il y a une écriture sous la forme de séquences dialoguées, et une collaboration étroite avec le metteur en scène. Souvent, ce dernier intervient dans l’écriture de l’auteur pour modifier des phrases. En écrivant des pièces de théâtre, j’ai dû apprendre à collaborer avec quelqu’un d’autre. »

Alessandro Barbucci (Chosp, SkyDoll) : « Je trouve que notre société est effrayante et grotesque. J’essaie d’utiliser l’ironie comme une "arme" à opposer aux attaques de stupidité que notre société nous réserve donc chaque jour. J’aime être avec mon héros Chosp en écrivant l’histoire, car il représente l’innocence et, en même temps, il possède l’ouverture d’esprit de quelqu’un qui a vu et vécu plein de choses bizarres. Son humour découle de tout cela ! »

Baru
(c) Nicolas Anspach

Baru (Scénariste, dessinateur, Fais Péter les Basses Bruno ! ») : « La bande dessinée est une affaire de corps ! Un lieu où le corps va exulter, au même titre que le Rock & Roll. Je me sens plus chorégraphe qu’écrivain. La BD a un fort lien avec le corps en mouvement. Et si en plus ce corps renvoie à ma volonté de traiter du déplacement social, de métaphoriser le déplacement géographique, et bien cela devient cohérent ! »

Isabelle Beaumenay-Joannet (Epouse de Chaland) : « Chaland était très consciencieux et il arrivait régulièrement qu’il ne soit pas satisfait de l’attitude d’un personnage ou d’un autre détail, même après l’encrage. Il collait alors sa nouvelle version sur la planche, il découpait d’ailleurs celle-ci afin de repositionner l’insert. En observant les originaux, on peut donc suivre ces repentirs, soit grâce aux traces de scotch ou de colles vieillies, ou alors grâce aux inserts. »

Pierre Bellemare (Ecrivain, homme de radio) Les Histoires Extraordinaires) : « En France, on a tendance à classer les gens dans des tiroirs, et il ne faut surtout pas en sortir. Donc, moi, je suis dans un tiroir avec mes histoires extraordinaires et populaires. J’ai contacté les grands éditeurs de BD français pour adapter ces histoires en bande dessinée et je me suis complètement planté. C’est incroyable, mais c’est comme ça. »

Tonino Benacquista (Scénariste, Lucky Luke) : « L’agence Pinkerton est plus célèbre que son créateur. Elle a engendré des générations de détectives privés. Quand on sait ce que représente le détective privé aux Etats-Unis, ça n’a rien à voir avec ce qui se passe en Europe. Là-bas c’est une réalité, même juridique. Il y a 40.000 agents Pinkerton en activité. Le personnage est un peu à l’origine du F.B.I. et de la C.I.A. Ca n’est pas un personnage incontournable du Far West comme Billy The Kid, mais il n’en a pas moins une importance majeure pour la police et le renseignement aux Etats-Unis. On s’est dit, un peu comme disait Hitchcock, si le méchant est d’envergure, l’aventure risque de l’être aussi. Là, je pense que Lucky Luke s’est trouvé un bon rival. »

Luc Besson (Réalisteur et producteur des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-sec) : « Ce qu’il faut accepter dans ce type d’entreprise, c’est qu’on change d’univers en passant d’un mode d’expression à l’autre. Il faut bien entendu que l’ADN de l’œuvre se transfère, mais pas nécessairement ce qui est autour. Jacques Tardi et moi avons beaucoup parlé et échangé afin que je puisse ressentir la valeur intrinsèque de ses personnages, ce que lui en tant qu’auteur voulait placer dans ses récits, ce qu’il aimait ou n’aimait pas. Puis, à partir de cet ADN que j’ai puisé et identifié, j’ai créé une autre œuvre. Car il faut bien se rappeler que 98% de public qui verra le film n’aura jamais lu la bande dessinée avant d’entrer dans la salle de cinéma. Même s’ils achèteront peut-être les albums par la suite… »

Binet
© CL Detournay

Binet (Scénariste, Dessinateur, Les Bidochons) : « Dans mon propos, je suis parfois très direct, ne fut-ce que pour bouleverser l’état des choses, et parfois provoquer une prise de conscience. C’est ma façon de vivre ! Bien entendu, je suis avant tout un amuseur, présent pour distraire les gens ! Mais si cela peut avoir d’autres conséquences, tant mieux ! »

Laurent Boileau (Scénariste et réalisateur du film Approved for adoption) : « J’étais moins séduit d’adapter uniquement les albums. Il fallait que je me réapproprie l’histoire, même si ce n’est pas la mienne, […] afin d’apporter un regard neuf sur le récit. Cela a aussi été mon rôle de le titiller sur des aspects qu’il n’avait pas abordé dans la bande dessinée, afin de parfois faire ressortir d’autres points de vue. Même si ce travail sur lui-même n’est pas toujours évident, je cherche à donner au personnage un aspect moins lisse, un peu plus écorché, plus humain. Bien entendu, je tiens à toujours respecter sa pudeur, mais c’est aussi mon rôle de l’aider à visiter des chemins de traverse. »

Boisserie & Stalner (Voyageur) : « Ce premier cycle de Voyageur a été relativement difficile à construire, car il fallait livrer beaucoup d’éléments, tout en s’arrangeant pour que la lecture demeure aisée et agréable. Au départ, nous voulions sortir les récits en parallèle, un peu comme Uchronie[s], mais nous avons donc du tout réécrire afin de repartir sur un récit et une parution plus linéaires. »

Hervé Bourhis (Dessinateur, scénariste, Le Petit Livre Beatles) : « Le but était justement de parler de toutes les périodes, de 1940 à aujourd’hui. Le top des Beatles, entre 64 et 69 était forcément excitant à traiter, mais j’ai aussi aimé les années plus ingrates, à la fin des années 70, les années 80... Le challenge était de trouver des choses intéressantes à dire aussi sur ces années-là. En général, les livres sur le sujet évitent de parler des périodes ingrates, alors qu’au contraire, ces hauts et ces bas font partie du mythe.
Question de fan : est-ce que vous avez envoyé votre album à Paul et Ringo ?
Non. Ils ne m’ont pas envoyé leur dernier disque. »

Canales (Scénariste, Blacksad) : « Quand nous traitons d’un sujet « politique », ce qui nous intéresse le plus, c’est le ressort dramatique qu’il peut apporter à l’histoire et sa façon de faire interagir les personnages. L’Enfer, le silence est plus un récit de genre, comme le premier tome, mais qui garde toutefois un aspect dramatique »

Catel & Paringaux
© CL Detournay

Catel & Paringaux (Dolor) : « Nous ne voulions pas seulement nous arrêter au mélange du rose et du noir, caricaturalement parlant. Nous désirions autant marier le fond que la forme, la façon de faire pour créer un bel amalgame. […] Nous aurions pu ne pas nous comprendre, mais au contraire, nous ne nous sommes jamais heurtés, disputés. Même si au départ, peu de gens pensaient que nous allions réellement réussir à nous entendre pour faire un album digne de ce nom. Sans doute, parce que je fais également des récits pour les enfants. Mais j’ai besoin de diversité pour pouvoir m’y replonger encore mieux, par exemple comme dans Rose Valland. »

Chabouté (Fables amères, Tout seul) : « Lorsque je construis un nouveau récit, je ne me base jamais sur les précédents. Ou plutôt si ! J’en tiens compte en tentant d’aller dans une nouvelle direction, que je n’aurais pas encore explorée. Cela vient sans doute du fait que je travaille seul : j’essaye surtout de ne pas me répéter, de ne pas tourner en rond. Et ce piège est tentant car on se sent plus à l’aise dans un territoire déjà arpenté. J’essaye pourtant d’aller au-delà. Bien entendu, après la sortie d’un album, on entend divers échos qui vous pousseraient à réaliser une autre histoire du même topo en corrigeant le tir sur certains points, cette solution de facilité fausserait pourtant le message adressé au lecteur.. »

Maryse & JF Charles (Scénaristes – Ella Mahé) : « Nous ne voulions pas d’un Indiana Jones au féminin, posant avec un revolver sur les couvertures. Au contraire, c’est un personnage fragile, mais à qui l’aventure arrive, sans qu’elle la recherche. Elle rassemble des aspects qui me plaisent : elle est belle, sans être une pin-up. Je perçois mes filles comme cela, avec ce réalisme qui les rend crédibles. »

François Corteggiani(Scénariste, Sibylline) : « J’ai appris mon métier avec des auteurs qui n’étaient pas préoccupés de bâtir une nouvelle Chapelle Sixtine. Ils voulaient simplement raconter des histoires. J’ai commencé à écrire pour des journaux. Raconter des histoires est un plaisir fabuleux. ».

Cyrielle (Dessinatrice - Tokyo Home) : « J’aime le Japon. J’ai envie d’en parler, de raconter des histoires là-dessus. Cependant, je ne cherche pas à faire à la manière de… Ou à devenir mangaka. Ça n’est pas le but !... Je cherche à être moi, tout simplement. »

Nicolas Dandois (Dessinateur, scénariste - Napoléon, T.1 - Eté 1815) : « Dans ce premier tome, je tourne pas mal autour du thème de la politique : le pouvoir, la raison d’état, les luttes d’influence, les institutions et les hommes, puis le peuple dans tout ça et le crédit qu’il accordait à Napoléon qui était, il est vrai, assez doué pour les éblouir avec une propagande bien huilée (la com. comme on l’appelle maintenant) et un contrôle total des médias : le populisme en fait. »

Dany & Melanÿn
(c) Nicolas Anspach

Dany (Dessinateur, Les Guerrières de Troy) : « C’est injuste de n’avoir qu’une seule vie. J’essaie donc d’en mener plusieurs à la fois. Professionnellement parlant, je l’ai montré. Certains disent que je me suis dispersé. Je préfère employer le terme diversifier. Je réalise deux ou trois albums dans un univers, puis j’ai envie d’autre chose, quitte à y revenir par après. »

Philippe Delaby (Murena, Les Complaintes des landes perdues) : « [Au problème des dédicaces revendues, le boycott des festivals] est peut-être une réaction extrême, mais légitime. À votre avis et dès le départ, qui bafoue ce lien de confiance et d’échange ? Nous ne sommes pas nécessairement blindés contre ce genre d’individus et la blessure engendrée pourrait nous conduire à envisager avec plus de sérieux cette extrémité ! »

Jean-Yves Delitte (Le Belem, Black Crow) : « Si l’authenticité dirige mon trait, j’avoue que je place parfois un peu trop de cordages pour les marins habitués à diriger le Belem. Mais le grand public n’est pas forcément marin, et je désire avant tout donner de la vie au trois-mâts ! »

Tristan Demers (Tintin au Québec : Hergé au cœur de la Révolution tranquille) : « C’est un livre documentaire qui va sortir aux éditions Hurtubise dans lequel je raconte un peu le voyage qu’Hergé a fait au Québec, en avril 1965, qui n’a jamais été raconté ou décrit dans aucun livre européen ni dans aucune biographie. Il est venu passer dix jours. […] Alors, pour bien des gens, Tintin était comme une perche, ou une façon de rayonner internationalement. Alors quand Hergé est venu passer du temps ici, avant et après son séjour, pendant vingt ans, on a essayé par toutes les manières de se servir un peu du filon Tintin pour dire aux Français, aux Belges, à l’international : "Youhou ! On existe, les Québécois." »

Christian Denayer (Dessinateur, Wayne Shelton) : « Pour moi, Wayne Shelton, c’est Jean Van Hamme. Quand Shelton parle, j’entends la voix de Jean. Jean a mis une partie de son caractère et de sa personnalité dans ce personnage. Il a effectivement un humour « à froid », qu’il faut saisir en connaissant sa manière de plaisanter. Derrière le côté froid et ironique de Shelton, il y a un véritable personnage humain. »

Derib
(c) Nicolas Anspach

Derib (Dessinateur, scénariste, Buddy Longway, Yakari) : « Tout ce qui émane graphiquement de Jijé me touche. Il y a une envie, une force, chez Jijé de faire du bien aux gens à travers ses bandes dessinées, ses sculptures ou ses tableaux. Jijé était un artiste généreux, ce qui est assez rare aujourd’hui. »

François Dermaut (Dessinateur, Malefosse) : « J’aimerais arriver à dessiner le charme qui se dégage d’une femme. Certaines femmes sont belles de ce fait-là. Alors que si on les compare à des canons suédois, on s’apercevra qu’elles sont moches. Comment fait-on pour dessiner le charme ? Marie, le personnage de Magasin Général, Loisel et Trip, n’est pas belle. Elle est quelconque, et pourtant elle a du charme. On tombe amoureux d’elle. Pourquoi ? Comment est-ce que Régis arrive à faire passer ce charme ? j’aimerai arriver à cela. »

Jean Christophe Derrien (Scénariste, Résistances) : "Dans la BD, les auteurs ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont. Ils envoient un projet, et dans les deux ou trois mois, ils ont une réponse, négative ou positive de l’éditeur. Il ne faut pas attendre un financement pendant des années, comme dans l’audiovisuel, qui peut-être n’arrivera jamais !"

Lucas De Santis (Scénariste, En Italie, il n’y a que de vrais hommes : « En Italie, il n’y a toujours aucune loi relative aux droits des homosexuels : à savoir l’égalité des chances face au travail, le mariage, etc. Le gouvernement Italien continue la politique de Mussolini. Ce dernier disait : « En Italie, il n’y a que de vrais hommes ». Mussolini ignorait totalement l’homosexualité. Il la réprimait même. Et c’est toujours le cas, législativement parlant ! Parler sérieusement de ce sujet reste un tabou ! ».

Alexis Dormal (Dessinateur, Pico Bogue) : « Nous aussi on a envie de critiquer la société. Si tout allait bien, il n’y aurait pas d’histoire. Nous passons notre temps à montrer que tel ou tel élément est dérangeant et agace Pico. Notre personnage est humain, et victime de ses envies ou du péché des autres.  »

Michel Dufranne (Scénariste, la Bible en BD) : « Je me rendis compte que les adversaires de la Bible la connaissent très mal, malgré que l’Ancien Testament soit commun aux Juifs, aux Chrétiens et aux Musulmans. Après un sondage aux résultats édifiants (les jalons judéo-chrétiens sont bien présents parmi toutes sortes de croyants ou non-croyants, mais tous les éléments sont mélangés dans leurs têtes), nous décidâmes d’en adapter le texte. Et puis, la BD est un objet innocent. En la laissant traîner, même les imperméables pourraient se risquer à la feuilleter d’abord rapidement, puis à s’arrêter sur une page ou l’autre. Bien entendu, cela demeure une démarche personnelle, mais je pense que c’est une porte d’entrée plus abordable que le texte en rang serré sur une feuille presque transparente, comme on peut le trouver dans quelques bibles. »

Fred Duval (Scénariste - Jour J, Delcourt) : « Je trouve que la bande dessinée a plus changé dans ces trois dernières années qu’elle ne l’a fait dans les dix ans précédentes. Le public n’a plus envie d’attendre six années pour finaliser un cycle. Je pense que cela vient des séries télévisées qui sont devenues ambitieuses et de qualité et du manga qui permet de toucher à un volume et une densité d’écriture incroyable. [Les séries ‘multi-dessinateurs’ sont la meilleure] à cette habitude prise par le public. »

(par Thierry Lemaire)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Propos recueillis par Nicolas Anspach, François Boudet, Arnaud Claes, Charles-Louis Detournay, Morgan Di Salvia, Thierry Lemaire, Didier Pasamonik, Florian Rubis, Marianne St-Jacques - Les extraits présentés sont leur propriété respective.

 
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