Un ouvrage en petit format, un dessin en noir et blanc et un sujet à priori très local. Voilà qui ne va pas aider la mise en place et les ventes en librairie !
Pourtant, ce petit livre mérite plus qu’un coup d’œil. Si la plupart des histoires concernent bien une petite île bretonne, elles sont transposables sous d’autres cieux, tant atlantiques que méditerranéens. La vie sur ces terres balayées par le vent présente en effet bien des similitudes : des hommes souvent au loin, l’omniprésence de la religion, des superstitions très ancrées dans les mentalités et avec lesquelles la religion doit bien s’accommoder, ce qui peut donner un syncrétisme assez original.
L’album de Prosperi Buri regroupe trois grandes nouvelles (La korrigez, Journal du docteur Galleux et La montgolfière) et un ensembles de courtes histoires en quelques cases, regroupées sous le nom de Petites histoires de Groix. Le tout précédé d’une introduction assez savoureuse reprenant un reportage de Roger Giquel qui a réellement été diffusé sur FR3 en 1994.
Les nouvelles sont agréables à lire et à plus d’un titre édifiantes, tant sur l’image qu’elles donnent de la vie sur "le caillou" aux siècles précédents que sur la mentalité de ses habitants. Entre superstition et récit historique, les différentes parties sont vraiment réussies. À l’exception de la dernière nouvelle qui, bien que poétique et laissant la place à toutes les hypothèses, a le défaut de ne pas être groisillonne.
Cette histoire de montgolfière a été inspirée par un roman irlandais et dénote clairement par rapport au reste de l’album. C’est d’autant plus dommage que l’auteur regrette en postface de ne pas avoir eu la place de mettre d’autres récits typiques. L’île est connue pour ses marins pêcheurs de thons (la girouette de l’église du Bourg représente d’ailleurs ce poisson) et nous ne doutons pas que de belles histoires auraient trouvé leur place ici. Peut-être dans un autre tome à venir.
Encore une fois, l’album est, dans son ensemble, vraiment intéressant. Pour qui a eu la chance de se promener sur place, c’est un réel plaisir de retrouver des endroits forcément connus (l’île étant petite, on en a vite fait le tour !) et prenant ici une autre dimension que la simple vision "touristique".
Une mention spéciale au dessin de Prosperi Buri, au feutre fin, qui retranscrit magnifiquement les émotions et le mouvement. Ses têtes (ses trognes pourrait-on dire) valent largement le coup d’œil.
(par Jérôme BLACHON)
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