Le mois dernier, nous saluions la sortie du monumental ouvrage, "L’Art du canard" d’InterDucks revisitant de manière drôlatique toute l’histoire de l’art et qui avait déjà fait l’objet d’une première exposition en France à Lille l’année dernière (80.000 visiteurs !), puis au Musée municipal d’Angoulême en janvier dernier.
La collection Duckomenta (parodie de l’exposition d’art moderne et contemporain la documenta qui a lieu tous les cinq ans à Cassel en Allemagne) comporte plus de 500 œuvres parodiant l’histoire de l’art. Seule une centaine seulement sont exposées à Sainte-Cécile. "300 autres sont dans une exposition qui a actuellement lieu en Allemagne" nous dit Anke Doepner, l’une des artistes du groupe InterDucks. "On a fait la sélection ensemble en fonction des disponibilités. Je tenais absolument aux parodies de Nefertiti, de la Joconde, du Baiser de Klimt, du Joueur de Flûte de Degas. Ce sont des œuvres centrales..." ajoute Jacques Glénat au moment de l’inauguration la semaine dernière.
D’où vient l’idée ? "Nous sommes inspirés par l’œuvre de Disney au début, mais cela a été bien au-delà de ça depuis. Le canard a une expression rigolote et des yeux qui ressemblent à ceux des êtres humains. C’est du "concept-art" nous dit Anke Doepner. Cela part de l’idée qu’il y a une réalité parallèle." Et de fait, les cartels, rédigés avec le plus grand sérieux, parlent de ces œuvres comme des objets authentiques.
Tous canards... sauf Lénine
Souvent ce sont l’un des cinq créateurs du groupe qui trouvent les sujets, mais parfois, ce sont des commandes comme par exemple de la part du Musée de Lille l’année dernière qui a commandé quatre œuvres ou encore de... la Fondation Glénat cette année-ci qui a demandé de réaliser une parodie d’un tableau de son fonds : La Samaritaine. La question s’est d’ailleurs posée de savoir s’il était sacrilège de représenter le Christ ainsi pourvu d’un bec. "Nous avons de la religion dans notre univers, répond l’artiste. Nous avons Bouddha ou des religieuses canards, par exemple. Ce n’est pas une parodie, c’est quelque chose de très sérieux. Les motifs religieux sont très appréciés par nos collectionneurs. Mais aucun ne touche à l’Islam...." La collection est aujourd’hui déclinée en posters, cartes postales, magnets et même des reproductions disponibles sur leur site Internet.
Une curiosité : de toute l’exposition, la seule figure humaine représentée est... Lénine, en train de dessiner un canard, l’Oncle Picsou en l’occurrence. "C’est une passion cachée de Lénine, nous dit Anke Doepner. Il en profitait en secret, comme Adolf Hitler se faisant bien plus tard projeter les films de Disney, alors qu’il les interdisait à son peuple."
Des canards dans tous les coins (coins)
L’une des originalités de l’exposition grenobloise est que les canards ont colonisé plusieurs autres musées de la ville de Grenoble : le Musée de l’archevêché, le Musée Hébert, le Musée Dauohinois, le Château de Sassenage, le Musée de Saint-Antoine l’Abbaye, le Musée de la Révolution Française...
Un véritable jeu de piste s’est mis en place, les visiteurs voulant participer au concours devant récolter au mois trois tampons des institutions visitées. "C’est une excellente idée pour faire venir les jeunes dans les musées" note Jacques Glénat, comme on sait très féru d’art local. L’opération a lieu jusqu’au 30 juillet 2016. L’occasion d’une petite escapade à Grenoble ?
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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"L’Art du canard" au Couvent Sainte-Cécile, jusqu’au 30 juillet 2016.
Le site de l’exposition
L’Art du canard. Par interDuck. Glénat. En librairie depuis le 16 mars 2016. 512 pages. 45 euros.
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Les images présentes dans l’article proviennent du site officiel de Dockumenta ainsi que du site de la boutique dédiée :
Le site de la Duckomenta
Le site de leur boutique (cartes postales et autres).
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)