Il en va des grands personnages du comic book comme des Évangiles. Les apôtres ont décrit plusieurs versions de la vie de Jésus et des origines du Christianisme. En ce qui concerne les origines d’ Iron Man, il y a les évangiles selon Stan Lee, Don Heck, Lieber et Kirby, et puis il y a ceux de Micheline, Layton, Romita Jr et Infantino. Dans les deux cas, ils diffèrent du film de Jon Favreau : Anthony Stark y est présenté avec un manque d’assurance avec les femmes qu’il camoufle par une muflerie sans nom ; il est alcoolique, aussi anticommuniste et anti-asiatique que notre ami Buck Danny, et notre marchand d’armes n’hésite pas à faire le coup de poing sous le prétexte qu’il a de l’argent pour rembourser les dégâts ( un peu comme si Jean-Luc Lagardère venait dévaster votre appartement et repartait en vous laissant un gros chèque), quand il ne moleste pas, sous le prétexte d’un running-gag, une pauvre vieille dame qui ne demande qu’à aller aux toilettes ou à profiter de sa cabine téléphonique en toute tranquillité.
Disons-le tout net : le scénario d’Iron Man est bien moins sophistiqué que son armure ! Mais à côté de cela, son pote Rhodey est un personnage « de couleur » absolument positif (une amitié scellée au Vietnam…), les préoccupations écologiques pointent déjà dans ces récits datant de 1979 (notamment dans l’épisode où Iron Man affronte le Submariner), et la figure du Largo Winch, marchand de mort humaniste (« qui veut la paix prépare la guerre » est en filigrane de toute la série, de même que la justification « humanitaire » des interventions armées), se double de celle d’un jouisseur alcoolique, tyran avec ses subordonnés, ce qui est évidemment très mal pour un super-héros.
Iron Man n’est pas le personnage le plus enthousiasmant de l’univers Marvel, mais ses histoires sont très révélatrices de la mentalité de son époque.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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