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Ismahane - Par Sasha & Girard - Les Enfants Rouges

Par Thierry Lemaire le 12 juillet 2011                      Lien  
Les guerres du Liban à travers les yeux d'une petite fille, voila le propos d'Ismahane, une chronique familiale dans ces moments où le quotidien bascule dans l'inquiétude. Une preuve de plus que la petite histoire n'est pas forcément la moins intéressante.

La biographie d’une jeune femme dont la jeunesse se passe dans un pays du Moyen-Orient, ballotée entre guerres civiles et désir d’émancipation ? Perdu, vous n’êtes pas dans Persepolis mais dans Ismahane, du prénom de la jeune femme en question. Oublié l’Iran, bienvenue au Liban au milieu des années 70, c’est à dire très précisément avant que l’enfer se déchaîne sur ce petit pays prospère.
Dans la première partie de l’album, les bruits des combats ne sont perçus que de loin, dans la campagne, au Nord de Baalbek. La vie d’Ismahane, petite fille insouciante, oscille entre les parties de chasse avec ses frères et ses cousins, les règlements des conflits du village par son père, le mariage de sa tante et les conventions parfois pesantes de sa famille. La guerre n’apparaît qu’en filigrane, dans la volonté des jeunes cousins, kalashnikov entre les mains, de se mêler aux combattants sans bien connaître les tenants et aboutissants du conflit.
Direction Beyrouth pour la deuxième partie du livre. Ismahane a grandi. C’est désormais une adolescente qui étudie au lycée franco-libanais. L’histoire s’accélère. Le focus est mis sur la jeune femme qui côtoie maintenant la guerre et la peur. L’album prend alors plus d’envergure. Une montée en puissance qui continue avec la troisième et dernière partie parisienne, et qui augure bien du contenu de la suite dans le prochain album.
Ismahane - Par Sasha & Girard - Les Enfants Rouges
Le dessin de Christophe Girard (dont on se souvient de l’excellent Matisse Manga) est pour la première fois au service d’un scénariste (en l’occurrence une scénariste en la personne de Sasha) et s’attarde particulièrement sur les personnages. Si certaines scènes de discussion peuvent paraitre graphiquement un peu vides, les planches où les décors sont plus fouillés immergent parfaitement le lecteur dans la guerre civile libanaise. Les teintes sépias qui colorent par petites touches les cases renforcent évidemment, et agréablement, le caractère nostalgique de l’évocation. On peut se demander si la suite, qui décrira une période plus contemporaine, n’aura pas intérêt à abandonner le sépia pour utiliser toute la palette des couleurs. A suivre.
Cette chronique très vivante ne donne pas les clefs de compréhension de la crise libanaise, ce n’est pas son objet. Elle propose plutôt de suivre la vie d’une petite fille qui devient jeune femme dans une période particulièrement troublée. Une vision par le petit bout de la lorgnette qui a tout autant d’intérêt.

(par Thierry Lemaire)

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