Attentat, riposte aérienne, kamikaze, bus explosé, construction du mur, Intifada, libération de prisonniers, attaque à la roquette, territoires occupés, Cisjordanie, colonies démantelées, bande de Gaza, … Des mots qui scandent l’actualité des journaux télévisés depuis des dizaines d’années, depuis la création de l’état d’Israël, perpétuellement en guerre avec les Palestiniens et ses voisins arabes.
Cela fait si longtemps que nous vivons avec cette violence rapportée par les médias, que nous sommes mithridatisés : l’horreur, le poison est toujours là, mais à force de le rencontrer, il nous touche moins qu’un nouveau conflit. Comment alors se mettre à la place des personnes qui vivent quotidiennement cette menace ? Et évoquer les différents états d’âmes des Israéliens, prônant l’écoute ou la rigidité, les négociations ou la riposte ? Impossible de l’extérieur, mais c’est bien de l’intérieur que peut venir un témoignage éclairant.
Uri Fink est l’auteur le plus célèbre de la bande dessiné israélienne : créateur du premier super-héros parodique israélien à l’âge de 15 ans (Sabraman), mais également auteur de portraits satiriques, il réunit, dans ce livre d’une centaine de pages, des discussions qu’il a échangées avec des amis en évoquant les possibles résolutions du conflit, les moments pénibles de sa vie lors d’attentats, de l’assassinat de Yitzhak Rabin, de démantèlement de colonies sauvages et des Intifadas, ainsi que le souffle insidieux de la terreur qui peut étreindre lors des déplacements quotidiens.
Très loin du pamphlet politique, Uri Fink se place tantôt à gauche, tantôt à droite de la ligne suivie par l’état d’Israël pour tenter de voir clair dans les différents processus accomplis. Entre deux discussions qui profitent de ses dons de caricaturistes pour illustrer sans alourdir la lecture, ses témoignages sont de précieux moments de vie permettant de se faire une idée de l’horrible quotidien de ce conflit.
Influencé très tôt par les comics, mais également par le style franco-belge, Fink utilise un amalgame qui lui est propre. Si certains chemins de lecture sont parfois difficiles à discerner, l’ensemble se lit très facilement, malgré l’âpreté du sujet traité. On aurait préféré une fin moins alambiquée, mais quand le conflit s’étire depuis plus de 60 ans, comment voulez-vous qu’un simple auteur de bande dessinée puisse le résoudre ?!?
Par contre, en s’y intéressant comme par ce livre qui l’illustre très intelligemment, on évite le pire des maux : la banalisation.
(par Charles-Louis Detournay)
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Les illustrations sont © Uri Fink/Berg International.
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