Bien qu’il ne soit âgé que de trente-cinq ans et qu’il allait être promu commandant en second du corps des chevaliers royaux, Astra a préféré démissionner et utiliser toutes ses économies pour s’acheter sa propre maison dans une région tranquille, éloignée du tumulte de la capitale.
Mais à peine installé, une petite fille traverse une de ses fenêtres et s’écrase dans son salon. Noah, huit ans, orpheline, issue d’une race vivant à l’écart des humains, souhaite devenir une sorcière au service d’un dieu maléfique, qu’elle pense être Astra. Un malentendu qui sera rapidement dissipé mais compréhensible au vu du décalage de l’apparence, et du passé, d’Astra avec sa personnalité. En effet, en dépit de ses attributs de paladin maléfique et le fait d’être une légende respectée parmi les chevaliers, le jeune retraité n’a pas de plus grand plaisir que de s’occuper d’aménagement intérieur et de tâches domestiques.
Ce premier aspect burlesque se conjugue ensuite avec un statut de père adoptif. Il accueille en effet Noah après que la situation soit régularisée avec la chef de son village natal. C’est ainsi que la série se construit autour de la vie a priori banale de cet étrange duo père-fille, composé d’un paladin amateur d’étagères « chics et modernes » et d’une petite fille ignorante du monde, curieuse et maladroite.
On notera le travail de précision sur l’univers de la série, tant en ce qui concerne l’élaboration des races que dans celle de la carte du monde, plutôt intéressante et sophistiquée, mais qui, selon l’aveu de la mangaka, ne servent pas beaucoup puisque... Astra est très casanier ! Le programme se partage ainsi entre un dragon chien de garde inutile, des bandits bras-cassés, un village rustique habité de non humains avec son maire serviable et son bazar à la vendeuse douteuse, sans oublier un peu de jardinage ici et là, et des visites liées au passé de notre duo, dont une virée dans la grande ville !
Accrocheur, très drôle, mais aussi attachant grâce à son duo principal, It’s My Life (qui est bien son titre japonais) compte en tout onze tomes, publiés au japon de 2014 à 2018 chez Shôgakukan. Il s’agit d’une lecture aussi rafraichissante que tendre, dotée d’un graphisme assez précis et détaillé, non dénuée d’une certaine mélancolie qui confère à ce manga un charme unique.
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.