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Itinéraire d’un sérial killer

Par Thomas Berthelon le 11 août 2012                      Lien  
Des flics tenaces enquêtent sur un tueur en série de Seattle durant 30 ans. Le tueur avouera finalement être responsable de la mort de 71 prostituées. D'après une histoire vraie. Glaçant.

Dans les années 1980, Gary Leon Ridgway, aussi appelé "Le tueur de la Green River", est un assassin de prostituées et un nécrophile.
Pour l’arrêter, la police fédérale a même bénéficié de l’aide spontanée du célèbre tueur Ted Bundy, attendant alors dans le couloir de la mort.

Tom Jensen commence à enquêter en 1982, et perquisitionne en 1997 chez Ridgway, alors un suspect parmi d’autres. En mars 2001, un échantillon de salive prélevé quatre ans plus tôt permet d’identifier Ridgway en le comparant avec des échantillons ADN prélevés sur une victime. Toutefois, cet échantillon ne vaut que pour une seule scène de crime et il est difficile de prouver que Ridgway est impliqué dans tous les meurtres.

La "Green River Homicides Investigation" est donc créée pour se consacrer aux meurtres non élucidés du tueur. Ridgway passe un marché, il réchappera à la peine de mort s’il plaide coupable pour les meurtres dans le Comté du King. Il guide ainsi les enquêteurs pour retrouver les ossements des victimes, mais sa mémoire lui joue des tours. Commence alors une longue quête empreinte de frustrations pour l’équipe, et en particulier pour Tom Jensen, un acharné enquêtant depuis près de 30 ans sur cette affaire.

Cet album, préfacé par Stéphane Bourgoin, le spécialiste français des tueurs en série, est scénarisé par le propre fils de Jensen.

Itinéraire d'un sérial killer
©Case/Ankama Editions

Le défi, pour les enquêteurs et pour Ridgway, consiste uniquement à parler des meurtres pour lesquels Ridgway n’est pas inculpé. Le scénario insiste donc sur les zones d’ombres en mentionnant les omissions volontaires, voulues de part et d’autre. La construction de cet album en "One Shot" est organisée en flashbacks (les premiers meurtres de Ridgway, sa première interpellation dont il sortira pourtant libre) et flash forwards (l’enquête actuelle), avec en fil rouge, le retour sur le terrain de Ridgway avec les enquêteurs, qui aboutit rarement aux découvertes de cadavres.

La mise en scène des auteurs parvient parfaitement à faire ressentir au lecteur toute cette frustration accumulée au fil des ans, car Ridgway, face à Jensen, n’est pas le monstre qu’il a été : il se révèle poli, mais peu fiable, tout cela dans une ambiance courtoise, à mille lieux de l’atrocité des meurtres. Cette insaisissabilité rappelle d’ailleurs le flou, l’aspect "anguille" du film Zodiac de David Fincher, sorti en salles en 2007.

Se déroulant sur une période 30 ans, l’histoire du Tueur de la Green River saisit d’autant plus que le lecteur se rend facilement compte de la longue durée de l’enquête, en observant le poids des ans, le vieillissement, la prise de poids, l’apparition de maladies chez certains personnages. Par exemple, la première apparition de Tom Jensen le présente comme un enquêteur dynamique au sein d’une jeune couple, alors que les dernières planches révèlent son embonpoint, aux côté de son fils qui a le même âge que lui au début de l’enquête. Mais lors de ces dernières pages, point d’exultation, juste du soulagement quand l’enquêteur vient annoncer le sort morbide de leur fille aux membres d’une famille.

Le Tueur de la Green River se révèle un excellent album policier, intelligemment construit, et dont le graphisme en noir et blanc lorgnant parfois vers l’ébauche lui confère un aspect documentaire mais néanmoins vivant. Une œuvre glaçante, idéale pour vous refroidir en ces temps de canicule.

©Case/Ankama Editions

(par Thomas Berthelon)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Le Tueur de la Green River - Par Jensen & Case - Ankama Éditions

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2 Messages :
  • Itinéraire d’un sérial killer
    11 août 2012 10:05, par Frencho-ID

    Les auteurs pourraient être plus explicitement mentionnés, vous ne trouvez pas ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Frencho-ID le 28 août 2012 à  13:33 :

      Or donc, il s’agit de Jeff Jensen au scénario et Jonathan Case au dessin. Il est difficile de faire la part du fait qu’il s’agit d’une histoire vraie dans l’impact qu’elle a sur son lecteur, mais c’est vraiment bien raconté, et je découvre un dessinateur certes classique mais réellement d’une très grande efficacité, dont le site m’apprend que le bouquin vient de recevoir le
      Eisner award for Best Reality-Based Work !
      Merci pour avoir attiré mon attention sur ce bouquin dont je ne connaissais pas l’existence.

      Répondre à ce message

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