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JD Morvan (Sillage) : « La Mémoire d’Abraham me permet d’apprendre l’histoire du peuple juif »

Par Charles-Louis Detournay le 5 décembre 2010                      Lien  
JD Morvan, scénariste prolifique, [adapte le best-seller de {{Marek Halter}}->art10671]. Il en profite également pour nous livrer quelques secrets de constructions du tome 13 de Sillage.

Jean-David Morvan est sur tous les fronts ! Véritable référence dans le domaine de l’adaptation littéraire en bande dessinée, Casterman lui a demandé de s’atteler au roman fleuve de Marek Halter, vendu à plus de cinq millions d’exemplaires à travers le monde.

Morvan n’en oublie pas d’être scénariste ! En effet, Sillage aborde déjà sa treizième aventure, et sur les chapeaux de roues, car le récit se partage entre courses-poursuites endiablées et intrigues machiavéliques…

Nous allons tout d’abord nous concentrer sur ces deux sujets, avant de revenir très prochainement sur le collectif Vies tranchées et les futures sorties de Jean-David Morvan.

JD Morvan (Sillage) : « La Mémoire d'Abraham me permet d'apprendre l'histoire du peuple juif »
Je suppose que c’est Casterman qui vous a proposé de participer à cette adaptation ? Outre la richesse du contenu de livre, qu’est-ce qui vous a attiré ?

Oui, c’est Casterman qui m’a proposé de faire d’abord un album de la série, puis trois avant de me demander d’adapter la série complète. En fait, ce qui m’attire toujours, c’est de faire des choses que je n’ai jamais faites. Découvrir des choses et les partager. Ici, le fait de raconter l’histoire du peuple juif à travers le livre de Marek Halter m’a passionné. N’étant moi-même pas juif, c’est donc tout un monde que j’ai à découvrir. J’en sortirai donc bien plus intelligent.

En tant que professionnel de la bande dessinée au sein de l’équipe d’adaptateurs, avez-vous choisi les différents dessinateurs, ou est-ce Casterman qui a dirigé l’opération ?

C’est un peu un mixte. J’avais trouvé un dessinateur pour le premier tome tandis qu’Ersel devait réaliser le deuxième. Mais finalement, après bien des angoisses, il a dû s’atteler au tome 1, et je le remercie pour son professionnalisme.

Comment se réalise la discussion avec Frédérique Voulyzé et Yann le Gal, les deux autres personnages responsables de l’adaptation, plus spécifiquement du découpage et des recherches historiques sur la série ?

On a déjà fait un découpage du livre par chapitres. Puis, on fait une trame de l’album à venir (par deux ou trois). Moi, je tape les pages tandis qu’ils s’occupent de trouver la documentation, les personnages en commun, les références historiques, etc. C’est un gros travail de leur part, en amont et en aval de mon propre boulot.

Avez-vous eu des contacts avec Marek Halter ? Quel regard porte-t-il sur la bande dessinée en général et sur cette adaptation en particulier ?

Oui, nous nous sommes vus à plusieurs reprises. Il a toujours eu un regard bienveillant sur notre adaptation. J’espère qu’il en appréciera le résultat final. Pour ce qui est de la bande dessinée en général, je pense que s’il ne l’aimait pas, il n’aurait pas accepté la proposition d’adaptation de La Mémoire d’Abraham ! (rires)

Pourquoi avoir choisir de l’adapter en dix volumes ?

Il y aura peut-être plus de dix albums car le livre est dense, mine de rien. Nous somme en train d’y réfléchir.

Vous êtes dans l’adaptation littéraire, entre la collection Ex-Libris et les autres récits que vous avez transposés en bande dessinée. Quelles sont les particularités que vous avez notées dans ce cas-ci ?

J’aime le travail d’adaptation. C’est très enrichissant de percevoir de l’intérieur comment les autres construisent leurs histoires. La particularité de La Mémoire d’Abraham, c’est bien sûr l’avancée constante dans le temps. Il faut que le lecteur s’attache rapidement aux personnages, car il les quittera tout aussi vite.

Quand on évoque une série familiale au cours des âges et au sein de la bande dessinée, difficile de ne pas penser aux Timour. La dimension sera-t-elle plus humaine et moins historique dans cet exercice ?

Je dirais qu’historiquement, elle sera plus "moderne". Mais il est vrai que j’ai toujours eu cette fascination pour le concept des Timour. Mon envie d’adapter le roman provient sans doute aussi de cette série mythique (et d’Il était une fois l’homme).

Vous ne vous limitez bien entendu pas à l’adaptation ! Parlons du treizième Sillage paru il y a quelques semaines. Le tome 12 lançait une trilogie. Cela voulait-il dire que vous aviez besoin de plus de place pour raconter votre histoire ?

En fait, cela reste quand même du Sillage "classique", car les courses de véhicules ne trouveront place que dans ce tome 13, et donc dans cette unité, c’est un album qui peut se lire indépendamment. Il y a deux albums de Comanche qui m’ont servi de "modèle" pour ces Sillage : Les Loups du Wyoming et Le Ciel est rouge sur Laramie. Je désirais évoquer une traque qui prendrait place plusieurs albums, mais en la présentant comme une série de one-shots. Un peu aussi comme Valérian avec Métro Chatelet, direction Cassiopée et Brooklyn station, terminus cosmos. Voire même Natacha avec Instantanés pour Caltech et Les Machines incertaines. Un truc de fan, quoi...

Vous présentez également un autre humain, ainsi que de multiples manipulations, tant et si bien qu’on ferme l’album en se demandant qui manipule vraiment qui ? Cela vient-il de cette volonté de toujours surprendre le lecteur ?

Je désire surtout ne pas vouloir tourner en rond. Et je veux prendre des risques en faisant une série qui a la chance de marcher. Pour le moment, je suis fier que nous n’ayons jamais cédé à la facilité de reprendre une formule qui avait fait ses preuves. Bien sûr les gens aiment plus ou moins tel ou tel album, mais on ne peut pas nous reprocher de ronronner, je pense.

Après une série de missions, Nävis se bat pour son propre compte, tentant de démêler le vrai du faux. C’est aussi l’occasion de présenter sous un autre jour les personnages que l’on croit connaître. Tout cela participe-t-il au passage de Nävis à l’âge adulte ?

Bien sûr ! Je dirais que maintenant, elle est dans une phase post-ado, où elle se croit déjà adulte. Donc elle pense que pour être adulte, elle ne doit pas être tout à fait elle-même. Elle devra dans la suite apprendre à s’accepter telle qu’elle est. Pour elle comme pour nous, c’est le travail d’une vie.

Avec la flopée de personnages secondaires établis dans les précédents albums, on ressent cette volonté de ne pas les laisser de côté ?

C’est un plaisir de faire revenir des personnages qui ont leur rôle à jouer. Certains resteront, tandis d’autres partiront. Il y en a déjà qui sont morts... C’est une sorte de vrai monde qui tourne autour de Nävis. Les gens, on les croise, on les perd, on les quitte, on les aime, on les retrouve... C’est la vie !

Une fois de plus, vous mélangez beaucoup d’action avec une bonne dose de suspense. Désiriez-vous tourner en dérision le principe de télé-réalité qui inonde les écrans de télévision du monde entier ?

Concernant la télé-réalité, j’avais déjà donné avec RealityShow. Ici, c’est en effet un hommage assez appuyé à un de nos jeux vidéo préféré : WipeOut. Mais bien sûr, il ne pouvait pas y avoir que des péripéties de course dans l’album. Il fallait mixer cela avec notre histoire globale.

Vous prolongez le caractère emporté et buté de Nävis, face entre autres à Bobo. Ces réactions marquées seront-elles toujours la marque de fabrique de votre héroïne, ou s’amenuiseront-elles avec son passage à l’âge adulte ?

J’ai répondu un peu plus haut. C’est un exemple parfait du fait qu’elle essaye de réagir, de la façon dont elle pense qu’elle le doit, mais pas comme elle le ressent, tout en croyant c’est la seule chose qu’elle ait à faire. Suis-je clair ? Non ?!? Alors, c’est que sa réaction est vraiment humaine !!! (rires)

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire l’interview de Marek Halter en lien avec cette adaptation

Lire notre chronique du T1 de la Mémoire d’Abraham->art10671].

Découvrez tout l’univers de Sillage sur Actuabd :
- Sillage avec les tomes 7, 8, 9, 10, 11 et 12
- Les Chroniques de Sillage avec les tomes 2 et 3
- Nävis avec les tomes 1, 2 et 4
- Une interview de Philippe Buchet

Photo en médaillon : © N. Anspach

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12 Messages :
  • Excellente initiative. A présent, j’espère que les éditions Casterman vont lancer une série pour raconter l’histoire du peuple palestinien.

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    • Répondu le 6 décembre 2010 à  08:56 :

      Ah ben la belle réaction que voilà. Pour vous juif veut dire sionisme qui veut dire ennemi du peuple palestinien. Alors d’un raisonnement aussi réducteur, il faut tout de suite demander à Casterman de rétablir l’équilibre. Manque de bol monsieur le moralisateur à deux balles, allez voir ici :
      http://www.actuabd.com/Faire-le-mur-Par-Maximilien-Le-Roy .

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      • Répondu le 6 décembre 2010 à  16:20 :

        Désolé, je ne connaissais pas cet ouvrage. Merci de me le faire découvrir. Et pour vous répondre, je ne fais pas l’amalgame entre juifs et sionistes. J’ai beaucoup de respect pour le peuple juif.

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  • Véritable référence dans le domaine de l’adaptation littéraire en bande dessinée

    Référence pour ce qu’il ne faut pas faire, la collection ex-libris est nulle, elle n’apporte rien contrairement à Noctambule chez Soleil, et la "véritable référence dans le domaine de l’adaptation littéraire en bande dessinée" c’est TARDI, avec Malet, Manchette, Vautrin etc...

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    • Répondu par JDMorvan le 6 décembre 2010 à  16:23 :

      Y’a pas plus con qu’un anonyme...

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      • Répondu par lupo mnema le 7 décembre 2010 à  16:32 :

        De toute façon, dans la phrase en question (que l’anonyme ne cite pas en entier), c’est Casterman qui est donné comme référence. Si l’auteur voulait dire que Morvan est une référence en la matière, il a alors commis un joli anacoluthe.

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        • Répondu par Fred le 7 décembre 2010 à  21:46 :

          Jean-David Morvan est sur tous les fronts ! Véritable référence dans le domaine de l’adaptation littéraire en bande dessinée, Casterman lui ont demandé de s’atteler au roman fleuve

          Mais non, c’est bien JD Morvan qui est considéré, apprenez à lire.

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          • Répondu par Sergio Salma le 8 décembre 2010 à  06:51 :

            Puisqu’on chipote, on n’écrirait pas : " Casterman lui a demandé..." ?
            Tant qu’à faire. Un bout de phrase a dû se perdre ;-)

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          • Répondu par Lupo Mnema le 8 décembre 2010 à  18:03 :

            Une explication volée ailleurs : "En français moderne, une apposition en tête de phrase ne peut référer à aucun autre élément qu’au sujet grammatical. Le modèle-type, que j’adore, c’est "assises sur la barrières, les vaches nous regardaient"." Le sujet grammatical, ici, est Casterman (plutôt singulier, par ailleurs). Mettre "lui" en gras ne change rien à l’affaire.

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            • Répondu par Maitre Capello le 8 décembre 2010 à  20:18 :

              Dans la phrase "Jean-David Morvan est sur tous les fronts ! Véritable référence dans le domaine de l’adaptation littéraire en bande dessinée, Casterman lui ont demandé de s’atteler au roman fleuve" Casterman est un sujet pluriel (d’où le "ont demandé") donc le "Véritable référence" (au singulier) ne peut lui être lié, c’est au "lui" (donc JDMorvan) que le "Véritable référence" s’applique, comme dans le "assises sur la barrières, les vaches nous regardaient" c’est le "nous" qui sont assises.

              L’idéal serait que la prochaine fois Charles-Louis Detournay fasse attention à ses tournures de phrases pour les mal-comprenants (où que JD Morvan arrête de se prendre pour une référence).

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  • J’apprécie le travail de Mr Morvan dont le dernier album de sillage.
    Ce dernier me fait d’ailleurs énormément penser à l’animation Redline ( de Takeshi Koike chez Madhouse), ils ont beaucoup de similarité (course de véhicules improbable et interdite entre autres).
    Je ne sais pas qui a eu l’idée avant l’autre mais dans les 2 cas c’est très réussi !

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    • Répondu par JDMorvan le 6 décembre 2010 à  17:41 :

      Hop.
      Je suis allé voir REdLine au Japon, et c’est vrai que ça m’a fair marrer. Le film est sorti quasi en même temps que le Sillage d’ailleurs.
      Bon, RedLine est un peu plus déjanté, je dirais. Mais c’est vrai qu’il y a des passerelles.
      L’air du temps, quoi...

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