Le détective au chapeau difforme et dont l’imper, selon les mots de Rimbaud, « n’est plus qu’idéal », est maintenant une figure connue depuis L’Enquête corse. Mais avant d’aller titiller les susceptibilités du côté d’Ajaccio et de Bastia, l’absurde détective, créé en 1974, avait déjà quelques enquêtes à son actif qui ont permis au lecteur de découvrir son mode de vie d’ado fauché dans une chambre de bonne et surtout son incroyable propension à froisser la tôle automobile avec une constance qui rivalise avec le grand Maurice Tillieux lui-même !
René Pétillon n’avait pas encore le trait de pinceau onctueux qu’on lui connaît aujourd’hui dans les pages du Canard enchaîné. Il se situe dans la mouvance d’un Gérard Lauzier ou d’un Martin Veyron et louche encore vers la Ligne Claire.
Mais le regard acéré, le trait qui fait mouche en un dialogue sont déjà là. Que l’on soit sur la piste des disparus d’Apostrophes, d’un chanteur en cavale, d’une star de la BD ou d’un bichon ; l’enquête est à chaque fois l’occasion d’observation d’un univers particulier.
Au détour des cases, on voit un vieux barbon s’exclamer : « Combien de vrais écrivains depuis Céline ? Hein… Combien ? » auquel Jean d’Ormesson, plus infatué que jamais, répond : « C’est vrai ! Parfois je me sens seul… » tandis que dans un festival de BD, où les invités sont plus nombreux que les visiteurs, on s’interroge sur la « dialectique du rapport image-texte en BD »…
Un must incontournable.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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