Libon est une des nouvelles têtes de Spirou. On l’y retrouve chaque semaine en page 3 avec Sergio Salma pour le strip Animal Lecteur, qui est au libraire de bandes dessinées ce que Haute Fidélité de Nick Hornby est aux disquaires : une bible, une étude sociologique, un miroir à peine déformant. Gagman émérite, Libon signe également la série Hector Kanon dans les pages de Fluide Glacial. Mais dans ce registre plus bavard, Libon s’essouffle vite. On préfèrera Jacques, le petit lézard géant, sa série plus familiale.
Avec Jacques, Libon revisite le mythe de Godzilla, en y ajoutant une bonne dose de burlesque contrairement à la récente version hollywoodienne. Parce que clairement, ici, les militaires sont plutôt typés De Funès que Jean Reno. Agacés par les militants écologistes qui les empêchent de réaliser des expériences nucléaires de grande envergure, les gradés décident de la jouer économe. Une micro-bombe, un minuscule champignon atomique, et malheureusement, un petit lézard qui traînait par là... Ce mini-évènement va être le point de départ d’une lente et difficile adaptation pour Jacques dans un village qui a un petit quelque chose de Champignac-en-Cambrousse.
Si l’on doit pointer une qualité majeure dans les bandes dessinées de Libon, c’est leur comique visuel. Pas besoin d’un long discours pour comprendre que le général à la drôle de trogne et son armée de bras cassés sont des abrutis. Une efficacité graphique qui fait plaisir à lire tant la BD humoristique grand public a une fâcheuse tendance à être verbeuse. Si le cuistot est doué, on sent cependant que ses plats doivent encore mijoter quelque peu. Nul ne doute que le meilleur de Libon est encore à venir.
(par Morgan Di Salvia)
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Lire :
La chronique du T1
une interview de l’auteur (Février 2008)
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Hector Kanon