Nos dossiers Japan Expo Japan Expo 2014

Japan Expo 2014 - Un bilan (malgré tout) positif

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 juillet 2014                      Lien  
En dépit d'une scission avec son événement-jumeau, le Comic Con', qui l'accompagnait depuis cinq ans, d'une édition rallongée d'une 5e (demi-) journée, et de la défection de son invité-vedette, Shigeru Miyamoto, l'édition 2014 du 15e anniversaire s'est déroulée sans problème. Petit tour parmi les stands...

"Le chiffre est bon, nous dit Grégoire Hellot, l’éditeur de Kurokawa. L’ambiance aussi puisque, grâce à une meilleure répartition des activités dans les halls, on circule beaucoup plus facilement cette année-ci. Les autres années, le hall 5 était plein, le hall 6 presque vide ; là le salon est plus aéré, pour nous c’est bien plus agréable."

Confirmation chez Glénat : "D’un point de vue économique, on ne savait pas du tout ce qui allait se passer, analyse Patrick Hourcade, le responsable commercial du stand. On a vu que les gens sont venus, pas autant que je le pensais. Je pensais que le jeudi, qui est la journée forte, allait se décaler au mercredi, avec des passionnés qui seraient venus tout de suite acheter les avant-premières. Cela a été une demi-journée en plus, le jeudi restant la journée la plus forte, le vendredi la plus calme, le samedi et le dimanche attirant un public plus familial. Dimanche, on a fait venir Julien Neel pour “Lou”. On l’aurait mis jeudi, il n’y aurait eu personne ! D’un point de vue commercial, ce Japan Expo 2014 est une bonne année. Le mercredi, c’est du chiffre en plus."

Japan Expo 2014 - Un bilan (malgré tout) positif
Des travées élargies d’un mètre ont rendu la circulation plus confortable.
Patrick Hourcade, sur le stand Glénat

Mais ce sentiment n’est pas le même pour tout le monde : "Nous avons un avis mitigé, nous dit Arnaud Plumeri de chez Doki-Doki. Cela n’apportait rien, si ce n’est un peu plus de fatigue. Je ne pense pas que les ventes aient explosé par rapport à cela. Au contraire, c’est une journée qui a dilué la fréquentation un peu plus. On va progresser un tout petit peu, mais ce ne sera pas extraordinaire. Le panier moyen des lecteurs diminue. Avant, on vendait beaucoup de mangas d’un coup ; maintenant, ce sont davantage d’achats à l’unité, c’est quelque chose que l’on avait pas avant."

Du côté des organisateurs, on se frotte les mains, en revanche. L’opération s’est bien passée. Il n’y a apparemment pas moins de monde que l’année dernière. Le jeudi et le samedi ont été plus gros que l’année dernière. Le dimanche à 14 heures, il y avait davantage de fréquentation que l’année d’avant. L’objectif était surtout, avec cette première journée d’opérer une mise en place plus confortable, de roder les procédures, d’éviter qu’organisateurs comme exposants reçoivent d’entrée une grande claque dès le premier jour qui stresse tout le système.

Figure par excellence de la Comic Con’, Homer n’a pas les yeux bridés, mais il n’a choqué personne. À Japan Expo, point de "péril jaune"...

L’absence de la Comic Con’ n’a pas nuit à la fréquentation

Le Comic Con’ n’a, semble-t-il, manqué à personne. La transition s’est faite simplement, la librairie parisienne Pulp représentant les éditions Panini. "J’ai vu un peu moins de Star Wars, mais c’est à peu près tout", ironise Patrick Hourcade. "J’ai remarqué qu’il y avait des stands qui étaient au Comic Con’ qui sont quand même venus, constate Arnaud Plumeri. Donc, à part la dénomination, il n’y a peut-être pas eu vraiment de changement."

Le report à une autre date de la Comic Con’ a surtout eu pour effet de réformer la circulation de la Japan Expo : "On a très sensiblement amélioré notre capacité à faire rentrer plus de monde, nous explique un des gars sur le terrain. Samedi matin, nous avons réussi à faire entrer 20 000 personnes en 30 minutes. Le truc, c’est que pour améliorer la circulation, les allées ont été agrandies. Il y a des travées de stand qui ont sauté pour donner plus de respiration. En retirant volontairement le Comic Con’, nous avons pu ventiler le contenu de Japan Expo sur les deux halls. La répartition de charge fait que le hall 6 est moins peuplé qu’il ne l’était l’année dernière. Du coup, quand on combine le fait que l’on agrandit les allées et le fait que l’on répartit mieux les visiteurs entre les deux halls avec deux entrées, une dans le hall 5 et une autre dans le hall 6, on respire beaucoup mieux." De fait, même si la traversée du salon reste une opération difficile, les visiteurs ont eu un peu moins l’impression cette année d’être dans un métro en heure de pointe...

Les jeux vidéo en binôme

L’offre culturelle, nous vous en avons largement rendu compte dans nos articles, a été cette année encore riche et diversifiée. Ce qui frappait, c’est que sur la plupart des stands des grands éditeurs, que ce soit Glénat, Kana, Delcourt ou Kurokawa, les consoles de jeu étaient présentes : " Kurokawa a été le premier à penser à lancer sur Nintendo PS3 des publications de mangas au format digital nous dit Grégoire Hellot. C’était un marché relativement expérimental qui nous intéressait dans la mesure où nous sommes l’éditeur en France qui publions le plus de mangas liés à l’univers du jeu vidéo. Pour l’instant, la série “Inazuma Eleven,” un manga tiré d’un jeu vidéo de football pour les enfants, est déjà un très gros succès en France au format papier, puisque les ventes se situent à 50 000 exemplaires au titre et à quelques centaines d’exemplaires sur Nintendo 3S, ce qui est un petit chiffre absolu, mais qui est un chiffre impressionnant dans le marché du numérique en France surtout quand on considère que c’est un média qui n’est absolument pas conçu pour la lecture, contrairement aux tablettes."

Sur le Stand Tonkam-Delcourt-Soleil, un corner de PS3...

"En ce qui nous concerne, nous dit-on chez Glénat, c’est un partenariat avec Bandaï sur “One Piece”. Cela fait 14 ans qu’à Japan Expo, chaque fois que nous avons eu une actualité en rapport avec le jeu vidéo, que ce soit “One Piece” ou “Dragon Ball”, nous avons tissé des liens de partenariat avec les éditeurs de jeux vidéo. Le public, qu’il ait huit ans ou vingt-cinq ans, chez lui, il y a le jeu vidéo et le manga... Pourquoi à Japan Expo, où nous avons un salon qui permet de toucher toute la culture japonaise, papier ou virtuelle, on ne ferait pas cela ? Nous, nous le faisons assez facilement", conclut Patrick Hourcade.

Un marché du manga en recul

Dans un communiqué adressé à la presse, Arnaud Plumeri, co-directeur éditorial chez Doki-Doki, se réjouissait d’une progression de son label de +11,6% en avril, "alors que le marché régressait de -6,2% (chiffres GfK, en valeur)". Qu’en est-il du marché du manga alors que nous en sommes en pleine grand messe ?

" Nous restons les leaders incontestés du marché, nous dit-on chez Glénat. Nous attendions Kachou Hashimoto, l’auteure de “Cagaster”. Elle a fait une chute et n’a pas pu venir. Malgré cela, nous avons vendu 800 exemplaires de son tome 1 sur le salon. Des séries comme “Gangsta”, « Baby Sitters, » “Tôkyô Ghoul”,... qui ont toutes été lancées en début d’année, ont été en rupture de stock sur le stand, tout de suite. On est loin de l’écroulement ! Mais comme dans toute la sphère culturelle, la crise, on la sent. Ce matin, j’ai encore vendu les 25 titres de la collection “Claymore” d’un seul coup. Le manga a évolué depuis que, voici plus de 20 ans, Glénat a été précurseur en France avec Akira, en introduisant le Shonen pour ados. Les ados d’il y a vingt ans ont grandi, ils ont continué à lire du manga, mais plus seinen, plus adulte. Cela veut peut-être dire que le manga doit suivre l’évolution du public qui, contrairement à celui de la BD, continue à lire les mangas en étant adulte, alors que dans la BD, on les perd entre 15 et 25 ans et on les retrouve à 30 et 40 ans. L’avenir du manga, c’est peut-être le Seinen."

La santé des stars japonaises est fragile. L’absence de l’auteure de "Cagaster" ne l’a pas empêché de vendre 800 exemplaires le premier jour sur le stand Glénat.
Pauvre Kachou Hashimoto ! Avant de glisser malencontreusement sur le pavé parisien mouillé par une averse, elle a fait des dédicaces sur Paris samedi, sur Lille lundi, des interviews et une journée complète à Japan Expo mercredi avec conférence ouverte sur la scène des 15 ans et une heure de dédicace sur les estrades de dédicaces Japan Expo. Pas de chance pour les retardataires ! Notre pauvre mangaka s’est confondue en excuses sur Facebook (aucune raison : un accident, ça peut arriver à tout le monde !). Bon rétablissement à l’artiste !
Photo : Glénat Manga. DR.

"Le marché est morose, confirme Arnaud Plumeri. Doki-Doki est en progression parce que nous sortons un nombre raisonné et raisonnable de titres. On va être sur 45 mangas par an, l’année dernière, c’était pareil. Certains éditeurs en sortent plus de deux cents, comment ces titres-là peuvent-ils sortir du lot ? Comment les promouvoir correctement ? Avec les librairies qui ont du mal à stocker et les librairies qui ferment, il faut jouer des coudes."

C’est ce qu’on fait les éditeurs à Japan Expo 2014, avec succès semble-t-il.

Ankama a eu à souffrir de la nuisance du stand Nintendo, tout proche. Cela n’a pas empêché les dessinateurs de Dofus, Ancestral Z et Mojojo, de dédicacer en toute décontraction.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Japan Expo 2014
 
Participez à la discussion
1 Message :
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Nos dossiersJapan ExpoJapan Expo 2014  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD