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Japan Expo 2016 : Chimaki Kuori parle de "Saint Seiya : Saintia Shô" et de ses héroïnes.

Par Guillaume Boutet le 11 juillet 2016                      Lien  
Après la conférence de Shiori Teshirogi, c’est une autre artiste œuvrant dans l’univers de « Saint Seiya » qui a échangé avec ses lecteurs ce dimanche : Chimaki Kuori, pour « Saint Seiya: Saintia Shô », une série orientée héroïnes !

Saint Seiya, la saga culte de Masami Kurumada, se trouve indéniablement à l’honneur à Japan Expo 2016, en particulier son versant féminin, avec la présence de deux artistes de talent. Nous sommes déjà revenus sur la conférence de jeudi de Shiori Teshirogi, auteure de Saint Seiya : Lost Canvas, quittant cet univers après l’avoir durablement marqué.

Chimaki Kuori, qui était en conférence dimanche, a en quelque sorte pris le relais, depuis 2013, avec Saint Seiya : Saintia Shô, qui compte déjà huit tomes au Japon.

Accompagnée de Grégoire Hellot, directeur éditorial de Kurokawa, Chimaki Kuori s’est ainsi présentée pour la première fois devant ses lecteurs francophones. Comme avec Teshirogi, aucune photo n’était autorisée, même si nous pouvons vous confier qu’elle était à l’image de son avatar (voir en médaillon en haut), c’est-à-dire portant une casquette et un sweat-shirt.

Très contente d’être là, Chimaki Kuori s’est ainsi livrée au jeu des questions-réponses dans une ambiance bonne enfant tout en exécutant deux dessins tout comme Teshirogi : Shokô, son héroïne, et Athéna, encourageant la France pour la finale de l’euro.

Japan Expo 2016 : Chimaki Kuori parle de "Saint Seiya : Saintia Shô" et de ses héroïnes.
Shôko et Athéna par Chimaki Kuori
Photo : Guillaume Boutet

Sans surprise la curiosité s’est portée tout d’abord sur le premier contact de l’auteure avec Saint Seiya. C’était en primaire, à travers le dessin animé de l’époque, dont elle devint rapidement passionnée grâce à des héros qu’elle trouvait très beaux et à l’action omniprésente.

À la traditionnelle question, « quel est votre personnage préféré ? », Chimaki Kuori répondit sans détour Camu du Verseau, qu’elle adore depuis toute petite. D’ailleurs une lectrice présente n’a pas manqué de remarquer que son sweat-shirt était au nom de ce personnage !

En effet, elle était restée très marquée, dans l’œuvre originale, comme Shiori Teshigori, par le duel de Camu et Hyoga. La dimension maître contre disciple, reposant sur l’opposition de leurs points de vue, l’a toujours beaucoup émue.

Quant à celui qu’elle apprécie le moins, toujours enfant, c’était Albérich de Megrez, qu’elle détestait. Cependant, une fois devenue adulte, elle changea de point de vue et se mit à l’adorer !

De façon générale, elle expliqua que depuis qu’elle travaille sur Saintia Shô son rapport aux personnages a beaucoup changé et que ce type de question s’avère désormais compliqué pour elle.

Chimaki Kuori a également parlé de son parcours. Enfant, elle n’a jamais pensé devenir mangaka, même si elle dessinait beaucoup et assez bien selon son entourage. C’est une fois à l’université que l’envie lui vint et qu’elle se lança dans l’illustration. Elle débuta en illustrant un roman spin-off de la grande saga de science-fiction japonaise, Les Héros de la galaxie. Elle se spécialisa ainsi dans ce genre, en illustrant et réalisant des couvertures de romans.

Elle réalisa ensuite des adaptations manga, tout d’abord un manga de Gundam SEED, puis de la série de jeux vidéo Sengoku Basara – ce qui lui fit plaisir car elle avait joué beaucoup aux deux premiers épisodes et les avait beaucoup appréciés.

On lui demanda d’ailleurs quel l’univers, entre Gundam et Saint Seiya, était le plus difficile à dessiner et à mettre en scène. Pour la mangaka, la difficulté demeure similaire, même au niveau du dessin : que ce soient des robots ou des armures, il y a beaucoup de travail !

Puis c’est en discutant un jour avec son éditeur, en lui révélant qu’elle était fan de Saint Seiya, que l’information remonta au responsable du projet Santia qui lui proposa le job.

Les questions furent ensuite centrées sur le processus de création d’un tel spin-off, sur sa relation avec Kurumada et la difficulté d’écrire une histoire à l’intérieur de l’histoire canonique, censée se dérouler en parallèle. Chimaki Kuori cita les mots de Kurumada : « Si l’histoire est bien, on peut sauter deux ou trois trucs. L’important c’est que ce soit rythmé et qu’on prenne plaisir à lire la série. »

Montage Japan Expo 2016

L’artiste revint ensuite sur l’origine du projet. Il est venu à Kurumada, il y a quelques années, alors qu’il était hospitalisé, cette idée de mettre en scène des femmes au service d’Athéna. Elle mit plusieurs années à mûrir, puis lorsque Chimaki Kuori fut contactée, le Maître lui fournit un plan général à suivre, sans qu’il y ait de longueur ou de nombre de tomes programmés. Si elle pouvait déjà finir l’histoire en cours, elle en sera déjà heureuse !

Au niveau des échanges avec Kurumada, Chimaki Kuori, à chaque nouvel arc narratif lui envoie son scénario et il vérifie tout : le maître la laisse relativement libre et il s’attache surtout à contrôler que la série reste bien dans l’esprit « Saint Seiya ».

À la question de savoir s’ils suivent le manga ou l’animé pour créer Saintia Shô, elle répond que, bien qu’elle apprécie l’animé, il lui faut avouer que ce dernier a déjà comblé et rempli pas mal de trous ! Par rapport au film mettant en scène Eris, la déesse de la discorde, et au fait que Saintia Shô reprenne cet antagoniste, Chimaki Kuori a indiqué faire comme si ce film n’avait jamais eu lieu. Le choix de mettre en scène Eris vient de Kurumada, une fois de plus, à la fois dans l’idée de féminiser le plus possible le casting, parce qu’il s’agissait du film dans lequel il s’était le plus impliqué à l’époque, et parce qu’il y reste donc très attaché.

Concernant le déroulement du récit, on lui demanda pourquoi, dans le tome cinq, ne pas avoir montré la bataille des Saintia se déroulant en parallèle de celle du Sanctuaire. Pour la mangaka, leur mission était uniquement de protéger la bataille des héros et d’empêcher qu’elles soient perturbées. Le passage n’était pas très intéressant à développer plus en détails mais elle promet qu’à partir du tome six, le récit va se recentrer 100% Saintia.

La présence de Milo du Scorpion au début de la série ayant fait forte impression, elle amena une question sur la présence des Gold Saints dans la suite de la série. L’auteure répondit que ce n’était pas forcément prévu. La présence de Milo était due à l’anxiété de son éditeur car ils se lançaient dans un Saint Seiya inédit et c’était une façon de rassurer les lecteurs. Cette apparition avait reçu un bon accueil et la mangaka apprécierait à réitérer l’expérience... Seul problème : au point où en est rendu son récit beaucoup de Gold Saints sont morts ! Même s’il est possible, selon elle, de les faire intervenir à travers des flashbacks.

Extrait du tome 1 de Saint Seiya : Saintia Shô
© 2013 Chimaki Kuori / Akita Shoten / Kurokawa

Vient ensuite un chapitre sur l’organisation de son travail et de son dessin. La mangaka explique qu’elle travaillait avec quatre assistantes et qu’une cinquième se joignait à elles en cas de problème ou de rush. C’est elle qui crée toutes les armures de la série et elle les valide en les présentant à ses assistantes.

Travaillant pour un mensuel, son organisation s’étend sur un mois. Tout d’abord elle élabore l’histoire. Pour cela, elle se détend en se promenant et en laissant vagabonder son esprit. Puis elle en discute avec son éditeur et réalise des prototypes de planches. Enfin, elle appelle ses assistantes et elles se mettent ensemble au travail. Durant cette période, elle ne fait que dessiner, dormir et manger… sachant qu’à la toute fin du bouclage, elle ne dort même plus ! Même si elle aimerait dessiner pour une publication hebdomadaire, elle ne s’en sent pas capable pour le moment. Elle se trouve pour le moment très sollicitée pour les 30 ans de Saint Seiya, devant pour cela réaliser des illustrations supplémentaires, et elle sent qu’elle a atteint ses limites.

Au niveau de la difficulté des personnages, c’est Mayura du Paon qui est selon elle la plus compliquée en raison de son armure complexe. La plus facile à dessiner, c’est Shôko, l’héroïne, car elle la connaît bien et son design est standard, même si Xiaoling reste également très facile à concevoir.

Quant à savoir quel est actuellement son manga préféré, Chimaki Kuori s’est montrée très en peine de répondre. En ce moment, elle lit et relit sans cesse Saint Seiya et vit presque en symbiose avec la série. Cependant, enfant, elle appréciait tout autant Dragon Ball que l’œuvre de Kurumada.

On lui demanda également si elle serait intéressée de réaliser un autre spin-off, ce qui s’avère un peu compliqué pour elle. En effet, lorsqu’elle a été contactée pour lui proposer Saintia Shô, elle était en train de travailler sur un projet de série originale...

Vint ensuite une question un peu inattendue : son avis sur les séries animées de l’époque qui s’étaient inspirées du modèle d’héros en armure de Saint Seiya, comme Shurato ou les Samouraï de l’Eternel. Elle avoua avoir enfant un temps limité de télévision et avoir peu regardé ce type de série. Elle a vu quelques épisodes de ces séries, sans que cela la passionne.

Concernant son avis sur les autres spin-off, elle les apprécie tous, même Saint Seiya Omega. Lorsqu’elle voit toutes ces séries au ton très différent, comme Episode G de Megumu Okada, elle reste impressionnée par la générosité de Maître Kurumada à confier son univers à tant d’auteurs différents.

Une question lui fut posée sur la place des femmes dans le monde du manga, si c’était difficile... Chimaki Kuori répondit que non, que cela se passait bien et cita même l’exemple bien accepté des femmes mangaka travaillant dans des revues pour garçons.

Enfin la conférence s’acheva sur l’importance du retour des fans sur le déroulement de l’histoire. La mangaka expliqua qu’ils suivaient essentiellement leur plan prévu mais qu’ils restaient attentifs aux retours des enquêtes auprès des lecteurs du magazine, afin de vérifier ce qui marche ou non. Un lecteur présent à la conférence lui demanda donc s’il était possible de voir davantage Mayura du Paon, son personnage préféré ! Chimaki Kuori promit de transmettre cette demande.

C’est ainsi que s’acheva cette sympathique conférence qui nous permit découvrir une mangaka encore peu connue dont on espère une réelle réussite dans les prochaines années.

Extrait du tome 1 de Saint Seiya : Saintia Shô
© 2013 Chimaki Kuori / Akita Shoten / Kurokawa

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Japan Expo 17e Impact
Du 7 au 10 juillet 2016 au Parc des expositions de Villepinte
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