Avec son entrain communicatif, il est facile à repérer sur son stand de Japan Expo. Karim Talbi, de Isan Manga, qui s’attache à republier en français des titres patrimoniaux de la bande dessinée japonaise, y incite avec ses dernières parutions à donner dans le revival façon Candy (Candy ! Candy !).
La première génération d’amateurs de mangas en France, via les émissions de Dorothée, s’est abondamment repue de son adaptation en série d’animation télévisée à multiples épisodes et rebondissements.
À l’époque, sans oser jamais l’avouer dans la cour de récréation, son public encore plus masculin que féminin adorait succomber lui aussi à ses chastes intrigues sentimentales cousues de fil blanc, qui en ont fait le charme.
Ce dernier était rehaussé d’une esthétique kawaï (du « mignon »), qui magnifiait de jeunes protagonistes de préférence blondes, dotées d’un teint de procelaine et de grands yeux prompts à s’embuer au moindre prétexte…
Isan Manga a sorti au début de l’année le premier tome d’une autre des oeuvres de Yumiko Igarashi, la dessinatrice de Candy : Mayme Angel. Dans un contexte western d’opérette sont mises en scène les péripéties connues par une petite pionnière aux tenues chics peu adaptées pour l’aventure, partie traverser le continent américain pour retrouver son premier amour. À moins que l’attirant fils du chef de son convoi de chariots ne l’égare de ce droit chemin…
Auparavant, l’éditeur avait repris la série Gwendoline (Lady !!), de Yôko Hanabusa, qui a également collaboré avec Kyôko Mizuki, scénariste de Candy. Une héroïne britannico-japonaise, répondant à des critères similaires — suite à la perte de sa mère dans un accident de Rolls (!) —, tente de s’y faire une place dans un univers rose bonbon de duchesses pseudo-anglaises…
Si les clichés développés ici peuvent prêter à la caricature, n’empêche que ceux qui ont apprécié de tels récits en leur temps se replongeront pourtant avec un plaisir certain dans leur ambiance par le biais de ces republications. Et, souvent devenus parents depuis, ils ne s’étonneront pas de se les faire chiper par leur progéniture.
Autres retrouvailles, mais dans un registre très différent : Isan Manga va continuer à rééditer des titres de Buichi Terasawa, l’auteur de Cobra et disciple de Osamu Tezuka. Après la première version enfin intégrale en français de Takeru, le premier volume de Gun Dragon Sigma devrait être disponible sur les rayonnages des libraires en septembre.
Par ailleurs, notez que, dans la logique de son travail éditorial, Karim Talbi, aux côtés des organisateurs de Japan Expo, a contribué de manière significative à son exposition sur les 100 ans de l’animation japonaise. Lors de sa visite, là aussi, l’effet vintage joue à plein régime.
Il suffira de dire que la piqure de rappel d’autres classiques, tous les plus plébiscités par les fans d’anime, les saisira dès l’entrée. Où l’on est accueilli par un hôte de marque : nul autre que UFO Robot Grendizer, alias Goldorak, de Gô Nagai.
(par Florian Rubis)
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