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Japan Expo 2018 : "Sous un ciel nouveau" (Ed. Ki-Oon) Prix Asie de la Critique ACBD 2018

Par Aurélien Pigeat le 8 juillet 2018                      Lien  
Suspens levé lors de la remise du prix sur la scène Kuri de Japan Expo 2018, à l'issue d'une table ronde ayant réuni les éditeurs des cinq titres en compétition: c'est "Sous un ciel nouveau", recueil de nouvelles publié par Ki-oon, qui remporte l'édition 2018 du Prix Asie de la Critique ACBD.
Japan Expo 2018 : "Sous un ciel nouveau" (Ed. Ki-Oon) Prix Asie de la Critique ACBD 2018
"Made in Abyss" de Akihito Tsukushi (Ed. Ototo)

C’est donc le recueil de nouvelles paru dans la belle collection « Latitudes » de Ki-oon, taillée pour recevoir des prix, qui remporte cette édition du Prix de la Critique Asie ACBD. Au terme d’un scrutin jusqu’au bout indécis qui ne laisse que quatre voix entre le premier et le dernier des cinq titres en concurrence.

Un record de participation égalé et un scrutin très disputé qui place les cinq mangas en compétition au coude à coude : Sous un ciel nouveau (Ki-oon), La Virginité passé 30 ans (Akata), Made in Abyss (Ototo) , L’Atelier des Sorciers (Pika) et Tokyo, amour et libertés (Glénat). Le premier ne l’emportant en effet que de justesse sur le second, lui-même devançant à peine le troisième ! Un résultat qui tranche par rapport aux précédents scrutins, plus nets dans la répartition des suffrages. Et d’autant plus intéressant que la sélection 2018 avait fait preuve d’un certain éclectisme dans ses choix.

"Tokyo, amour et libertés" de Kan Takahama (Ed. Glénat)

La remise du prix s’est déroulée à l’issue d’une table ronde, animée par l’auteur de ces lignes, au cours de laquelle les représentants des cinq ouvrages en compétition ont pu les présenter sous leurs divers aspects. Louis-Baptiste Huchez a pu ainsi expliquer la manière dont Made in Abyss de Akihito Tsukushi était arrivé dans son catalogue et présenter l’imaginaire foisonnant de son univers. Il a également précisé le public auquel le manga, qui marie de manière tout à fait originale rondeur du trait et noirceur de la trame, s’adresse.

Corinne Quentin, agent de Kan Takahama et accompagnée de Benoît Huot des éditions Glénat, a détaillé le parcours de l’autrice, ses liens avec la France et son goût pour les cadres historiques forts. Elle a ensuite expliqué le contexte très personnel ayant présidé à l’écriture de Tokyo, amour et libertés, puisque l’histoire narrée emprunte directement à son passé familial. Et, détail amusant, précisé que le magazine de prépublication de cette histoire ne fut pas celui habituel de la mangaka, mais un titre d’une collection érotique !

Remise du Prix Asie de l’ACBD : Aurélien Pigeat, rédacteur en chef adjoint d’ActuaBD pour l’ACBD, Corinne Quentin (Bureau des Copyrights français à Tôkyô), Grégoire Hellot (Ed. Glénat), Ahmed Agne (Ed. Ki-Oon), Luis-Baptiste Huchez (Ed. Ototo), Bruno Pham (Ed. Akata) et Mehdi Benrabah (Ed. Pika)
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
"La Virginité passé 30 ans" de Bargain Sakuraichi (Ed. Akata)

Bruno Pham a lui insisté sur le travail du dessinateur de La Virginité passé 30 ans, Bargain Sakuraichi, pseudonyme de Toshifumi Sakurai (Ladyboy VS Yakuzas). Un travail oscillant entre la caricature et la bienveillance, établissant un pont entre le lecteur et des personnages globalement pathétiques et plutôt cruellement traités par le sujet mis en scène. Pour le responsable éditorial, c’est bien là l’une des forces de ce titre que de savoir susciter une telle empathie.

Dessin toujours pour Mehdi Benrabah venu défendre L’Atelier des Sorciers. Le directeur éditorial de Pika a rappelé que Kamome Shirahama avait également travaillé dans l’industrie du comics, réalisant les couvertures de très grandes séries américaines. Une manière de mettre en lumière l’exceptionnelle qualité graphique de son manga fourmillant de détails et osant des effets de mise en scène remarquables.

"L’Atelier des sorciers" de Kamome Shirahama (Ed. Pika)

Enfin, Ahmed Agne, avant de recevoir le prix, est revenu sur la genèse de Sous un ciel, considéré comme une création Ki-oon. Car si la nouvelle qui donne son titre au recueil avait connu un immense succès dans les années 2000 au Japon, il n’y avait pas eu d’édition de l’ensemble de ces histoires, ni même de la suite de ce premier succès. C’est bien là un travail propre à l’éditeur français que d’avoir su valoriser la production de deux auteurs japonais qui peinent pourtant à obtenir une réelle reconnaissance dans leur propre pays.

Et c’est le sens des remerciements que l’éditeur formula après avoir reçu son prix, insistant sur l’importance qu’il pourra revêtir pour Cocoro Hirai et Kei Fujii, deux mangakas relativement en marge de la production japonaise. Voici d’ailleurs ce que nous écrivions dans ces colonnes au sujet de ce titre dernièrement : « Suite de nouvelles sur le temps qui passe, "Sous un ciel nouveau" joue la carte de l’émotion et de la délicatesse. Tendre et tragique à la fois, le recueil décline des destins ancrés dans le quotidien et pourtant absolument bouleversants. Par ce titre, inscrit dans sa très belle collection "Latitudes", Ki-oon montre une fois encore toute la richesse de la production japonaise, capable de s’adresser à tous les publics et de produire des récits loin des standards auxquels on associe le manga. Plein de poésie, mais sans mièvrerie aucune, et doté d’une justesse désarmante, ce récit s’est ainsi assez facilement imposé au sein de la sélection finale. »

Ahmed Agne, l’heureux éditeur de "Sous un ciel nouveau" (Ed. Ki-oon)
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
"Sous un ciel nouveau" de Cocoro Hirai et Kei Fujii (Ed. Ki-Oon)

Le voilà à présent lauréat ! Avec son dessin croisant les influences d’Otomo et de la BD européenne, Sous un ciel nouveau a de quoi séduire un large public, pas nécessairement amateur de manga, mais plutôt celui, adulte, lecteur de bande dessinée dans son ensemble.

L’ouvrage s’inscrit donc, relativement, dans la lignée des deux précédents vainqueurs. Une tendance qui se confirme au sein du Prix Asie ACBD mais qui semble pouvoir être contestée dans les années à venir si l’on se fie aux suffrages remportés par d’autres finalistes moins évidents en termes de lectorat visé.

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Prix Asie de l'ACBD 2018 : ans de winner is...

(par Aurélien Pigeat)

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