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Japan Expo 2019 : « Les Montagnes hallucinées » (Ed. Ki-oon) Prix Asie de la Critique ACBD 2019

Par Aurélien Pigeat le 7 juillet 2019                      Lien  
C’est à l’issue d’une table ronde réunissant les éditeurs des cinq titres en compétition que le prix a été dévoilé, récompensant l’adaptation de ce classique de Lovecraft par Gou Tanabe. Ki-oon s’installe seul au faîte du palmarès de ce prix.

C’est donc la passe de trois pour Ki-oon, et même la conservation du titre après la récompense décernée en 2018 à Sous un ciel nouveau. Un troisième prix qui fait de Ki-oon l’éditeur le plus primé du prix Asie de la critique ACBD, devant Kana et le Lézard Noir.

Le scrutin fut disputé et surtout marqué par un nouveau et large record de participation : les membres de l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée (ACBD) se sont mobilisés en masse pour élire le lauréat. Les Montagnes hallucinées devance de peu Les Mauvaises Herbes (Delcourt) et Errance (Kana), La Lanterne de Nyx (Glénat) et Saltiness (Akata) récoltant un peu moins de suffrages que les trois premiers.

Japan Expo 2019 : « Les Montagnes hallucinées » (Ed. Ki-oon) Prix Asie de la Critique ACBD 2019
Les quatre éditeurs présents pour la remise du Prix Asie de l’ACBD. De gauche à droite : Benoît Huot (Glénat), Ahmed Agne (Ki-oon), Timothée Guédon (Kana) et Laura Negro (Akata).

La remise du prix s’est déroulée à l’issue d’une table ronde, animée par l’auteur de ces lignes, au cours de laquelle les représentants de quatre des cinq ouvrages en compétition ont pu les présenter sous leurs divers aspects. Timothée Guédon est revenu sur le parcours d’Inio Asano et a expliqué la genèse et la réception de cette œuvre atypique que constitue Errance, soulignant les différents indices qui permettent de soutenir l’idée d’un projet en partie autobiographique

Pour La Lanterne de Nyx, d’une Kan Takahama nominée pour la deuxième fois de suite dans la sélection finale du prix, Benoît Huot a d’abord détaillé le propos de la série, annoncée en 6 volumes. Il a ainsi décrit le projet de la mangaka, peinture méticuleuse d’une période charnière du Japon lorsque celui-ci s’ouvrait au monde occidental, à la fin du XIXe siècle. Il est également revenu sur la carrière de l’autrice.

Puis ce fut au tour d’Ahmed Agne, pour les éditions Ki-oon, de dresser le portrait de Gou Tanabe. Il détailla les raisons qui poussèrent le mangaka à se lancer dans l’adaptation de l’œuvre de Lovecraft, entre son goût pour cette œuvre et sa tendance générale à opter pour l’adaptation littéraire. La discussion porta ensuite sur les caractéristiques de ce premier diptyque, entre dessin méticuleux et travail sur l’atmosphère du récit. Il expliqua enfin la manière dont l’édition française, et sa couverture si étonnante, avaient été élaborées, en intelligence avec l’éditeur japonais

La parole échut finalement à Laura Negro pour les éditions Akata, avec la présentation de Minoru Furuya, dont la nouvelle série, Gereksiz vient également de paraître chez Akata. Fut abordée la question de la folie et de sa confrontation au cadre social et sociétal au Japon. Et comment l’humour ravageur du mangaka permet d’offrir un regard tendre et bienveillant sur la différence.

Photo de groupe à l’issue de la cérémonie. De gauche à droite : Aurélien Pigeat (ActuaBD, pour l’ACBD), Ahmed Agne, Laura Negro, Timothée Guédon et Benoît Huot.

Manquait finalement à l’appel Vincent Bernière, pour les éditions Delcourt. Il devait présenter Les Mauvaises Herbes de Keum Suk Gendry-Kim. Mais coincé sur la route, ne parvenant pas à trouver le parking à temps, il ne put se joindre à la table ronde. Le titre, arrivé deuxième des votes, semble donc un peu "maudit" pour cette édition. Il faut dire que sa nomination a fait transpirer les organisateurs de Japan Expo qui auraient reçu des signes de mauvaise humeur d’officiels japonais, mécontent de voir peut-être remporter un prix un ouvrage dénonçant le drame des femmes de réconfort, des femmes coréennes, esclaves sexuelles de l’armée japonais durant la Seconde Guerre mondiale. Mais cette absence fut l’occasion d’une discussion entre les autres éditeurs sur la question de la représentation de l’histoire en manga, toujours hautement problématique et centrée sur le Japon.

Ayant reçu le prix pour Les Montagnes hallucinées, Ahmed Agne remercia chaleureusement le jury en insistant sur le fait qu’il s’agissait d’un auteur qui peinait au Japon, dans une revue, le Comic Beam, qui connaissait de vraies difficultés actuellement. Il rappela également que Gou Tanabe avait d’abord été édité chez Kana, avec Kasane. Un geste très "fair play" qui montre aussi la cohésion du milieu éditorial du manga en France.

Ahmed Agne, de Ki-oon, à qui est remis le Prix récompensant Les Montagnes hallucinées de Gou Tanabe

(par Aurélien Pigeat)

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