C’est presque trop beau pour être vrai : un graphisme naïf contemporain des premiers dessins de Superman et de Captain America, un univers fou aux personnages fascinants et sans limite, endossant le charme naïf des pionniers du comic-book où l’on croise tour à tour Fantomah, une sorte de Fantôme du Bengale femelle mâtinée de Ghost Rider, Stardust, un mix entre le Superman de Siegel et Shuster avec le Brick Bradford le plus canonique, ou encore Big Red McLane, le roi des forêts du nord, mi- Davy Crockett, mi-Popeye…
Le dessin est pop et vintage à souhait, les histoires sans queue ni tête, quasi surréalistes. La charge esthétique est évidente, ébouriffante. Comment un artiste aussi novateur a-t-il pu rester aussi longtemps ignoré des spécialistes ? On se le demande.
À la fin de l’album, Paul Karasik [1] ajoute une bande dessinée où il raconte sa rencontre avec le fils de l’artiste, un héros de la guerre qui décrit son père comme un alcoolique bon à rien, sans talent. Le rejeton du génie se fiche du travail de son père comme de sa première culotte. Cet addendum inattendu aurait pu laisser penser que tout ceci n’est qu’une mystification, un artefact créé avec talent par Paul Karasik, un peu comme Cornillon et Chaland avaient réalisé naguère Captivant, ou une sorte de nouveau Frantico dont le vrai nom serait Glen Baxter.
Eh, non, Fletcher Hanks a vraiment existé, laissant derrière lui ses dessins aussi mystérieux que kitsch et surréels.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] Que l’on avait déjà vu chez Actes Sud dans l’adaptation de Cité de Verre de Paul Auster, avec David Mazzucchelli.
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