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Jean Solé : "Je suis très heureux d’être toujours dans Fluide Glacial parce que c’est très important pour moi, un journal."

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 avril 2015                      Lien  
Jean Solé, illustrateur prolifique et auteur de bande dessinée, dessinateur en titre de {SuperDupont}, a accompagné l'aventure de {Fluide Glacial} depuis le N°1 du 1er avril 1975. Il nous raconte son périple avec le magazine de Gotlib à l'occasion des 40 ans du magazine d'Umour et de Bandessinée.
Jean Solé : "Je suis très heureux d'être toujours dans Fluide Glacial parce que c'est très important pour moi, un journal."
Une couverture de Lacroix portraiturant les trois fondateurs de L’Echo des Savanes : Mandryka, Bretécher et Gotlib.
(c) Écho des Savanes - Dessin de Lacroix

Vous êtes présent dans Fluide Glacial dès le N°1. Comment en êtes-vous arrivé-là ?

Je fréquentais déjà Gotlib dans Pilote. Je l’ai suivi à L’Écho des Savanes avec Mandryka et Bretécher puis, lorsqu’ils se sont séparés, je l’ai suivi, sans quitter les autres supports qui me faisaient travailler. Je bouffais à tous les râteliers, je continuais même à Pilote !

C’est quoi l’ambiance de Fluide Glacial au début ?

C’était très artisanal. Ils ne pensaient même pas que cela durerait longtemps. C’était un peu expérimental, un peu Underground. Et c’était trimestriel, ce qui fait qu’ils ne savaient pas si cela aurait du succès ou non. Cela se passait dans un petit local dans le 15e, je ne sais même plus où, un tout petit truc, un petit bureau, quoi. Après on a été boulevard Montparnasse, puis dans la Tour Montparnasse et dans plein d’endroits en passant par Casterman, jusqu’à tout récemment près de République où on a des locaux, rien que pour nous

Comment Marcel Gotlib et Jacques Diament composaient le sommaire ?

Diament était là pour la gestion. C’est ce qui avait été catastrophique à L’Écho où ils étaient tous les trois, Gotlib, Mandryka et Bretécher. Ils avaient fini par se brouiller. Quand Gotlib a voulu faire son propre canard, il s’est entouré d’un "homme d’affaires". Diament était dans le commerce, il avait bossé pour Les Nouvelles Galeries, je crois. C’était un gestionnaire, il ne connaissait rien du tout à la bande dessinée, mais il gérait tout le côté administratif, comme celui de faire rentrer les pages. Il tenait à ce que tout soit vachement réglo. Le sommaire, c’était donc Marcel qui le faisait et qui demandait aux auteurs de venir y travailler. Petit à petit, plein d’auteurs sont venus. L’âme du truc, c’était Gotlib, mais aussi Alexis qui est mort deux ans plus tard, le malheureux !

Il y avait une ligne directrice ?

C’est écrit dans le titre : l’humour. Il fallait déconner. Mais pas l’humour sociétal ou politique à la Hara Kiri ou à la Charlie.

Cela a été longtemps le magazine des bidasses, non ?

Mouais... Le truc qui était bien, c’est que le sommaire était constitué de récits complets. Il n’y avait rien qui était à suivre. Si bien que l’on n’était pas obligé d’acheter le numéro suivant à chaque fois. C’est ce qui a tué (A Suivre), justement, parce qu’avant qu’une prépublication soit finie dans le mensuel, c’était déjà sorti en albums. Cela devenait un catalogue, finalement. Alors les bidasses : oui, on disait cela, on disait aussi "franchouillard", on disait aussi qu’il y avait des bites partout, ce qui n’était pas vrai. C’était un journal libre. L’essentiel pour Marcel, c’était que cela le fasse se marrer. C’était son critère.

Une magnifique "animalerie" de Solé pour Pilote. L’album a été réédité réemment chez Fluide Glacial.
(c) Fluide Glacial - Dessin de Solé

Il y avait un type d’humour qu’il ne supportait pas ?

Il ne fallait pas que cela colle à l’actualité. Encore aujourd’hui, on ne parle pas de Le Pen, ce n’est pas un sujet. On laisse cela à Charlie. C’était un journal pour adultes, en même temps, c’est important de le dire, dans la mouvance des années 1970 avec l’influence de la BD Underground américaine, les Crumb et compagnie. Il y avait un changement sociétal aussi à ce moment-là. On pouvait se permettre des trucs qu’on ne pouvait pas faire avant. On a foncé direct là-dedans.

Pop & Rock & Colégram, une collaboration entre Solé et Gotlib qui devrait être rééditée prochainement chez Fluide Glacial.
(c) Fluide Glacial - Dessin de Solé et Gotlib.

Parracuelos de Carlos Gimenez, pourtant, c’était un peu sociétal, voire politique...

Ah ouais, bonne remarque. Ce n’est même pas très drôle, plutôt dramatique. Gotlib avait vachement aimé. Il aimait le dessin de Carlos... Autrefois, il y avait des grands rendez-vous : Binet, Goossens, Coyotte, Maester... que l’on retrouvait de numéro en numéro. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus touffu, plus diversifié. Fluide Glacial, c’était comme Pilote, un laboratoire en même temps. Les jeunes auteurs venaient y faire leurs armes. Chez Pilote, quand j’y suis entré en 1970, il n’y avait pas d’albums quasiment : Astérix, Barbe Rouge, Tanguy et Laverdure, Blueberry... Tout le reste du journal n’était pas fait pour être publié en albums ou ne l’ont été que beaucoup plus tard. Il y avait plein de choses que tu ne pouvais pas trouver chez le libraire. Fluide prolongeait un peu ça.

Votre apport le plus notoire à Fluide, c’est SuperDupont...

Je n’en suis pas le papa ! À cause de Wikipedia -il faudrait que je fasse corriger ça- les gens pensent que c’est moi le créateur. Or, c’est Gotlib, Lob et Alexis qui l’ont créé. Je ne suis pas non plus le "co-fondateur de Fluide", bien que je soit présent dans le premier numéro. C’est Diament et Gotlib, les fondateurs. Mais c’est comme ça : les gens vont sur Wikipedia et ils recopient le truc...

Le personnage de SuperDupont avait été créé par Lob et Gotlib dans Pilote, mais en le faisant, Gotlib qui détestait les décors, s’est rendu compte qu’il fallait un dessinateur plus réaliste. Il a donc demandé à Alexis de le dessiner. Et puis Alexis est mort en 1977.

Quand Alexis est mort, nous avons tous été très affectés. Il est devenu "l’ange tutélaire" du journal, il est toujours dans l’ours, d’ailleurs. Après le gros chagrin et ce coup qui fut rude, y compris pour moi, car c’était un ami pour moi aussi, Lob et Gotlib m’ont demandé de continuer. Je n’étais pas chaud du tout : reprendre après Alexis, c’était un challenge énorme ! Au lieu de faire du Alexis, j’ai préféré faire mon propre SuperDupont, celui que l’on connaît.

Le SuperDupont inventé par Gotlib et Lob, repris par Solé à la suite du décès d’Alexis.
(c) Fluide Glacial

J’ai aussi contribué avec Gotlib à une rubrique musicale, Pop et Rock et Colegram, avec mon copain Alain Dister. Le but, c’était de déconner à pleins tubes et d’en foutre partout. Je dessinais les planches et je les passais à Gotlib qui en rajoutait. Tout ça va reparaître bientôt dans un recueil.

Mais je continuais à travailler ailleurs, un peu à (A Suivre), un peu à L’Écho, un peu à Métal Hurlant, parallèlement à Fluide. J’ai fait aussi énormément de couvertures de magazines, comme L’Express, et de bouquins, j’en ai fait plus de 400 ! Des décors de théâtre aussi...

C’est ce qui fait que je suis quelqu’un de connu mais aussi de méconnu, car cela va vraiment dans tous les sens. Personne ne peut faire le lien car il y a plein de choses que vous ne voyez pas : des affiches pour l’étranger, par exemple, des sérigraphies à tirage limité... C’est différent d’un auteur qui tape toujours sur le même clou. J’ai travaillé dans plein de styles différents, c’est ce qui me plaît dans ce métier...

Jean Solé entouré des Rolling Stones avec leur caricature qui avait fait la Une de Fluide.
Photo : Fluide Glacial

Il y a peut-être un âge d’or de Fluide Glacial qui correspond aux 20 premières années ?

Oui, il y a plein de nouveaux auteurs qui sont arrivés : Edika, Maester, Goossens et tout, sans oublier Yves Frémion, Léandri, une kyrielle de gens qui correspondent à un âge d’or qui coïncide avec le déclin de Pilote. Du temps de Delpierre, c’était bien aussi. Il y a eu beaucoup de changements, Gotlib s’en est retiré... Gotlib et Diament ont revendu à Flammarion, qui a été revendu à Rizzoli qui a été revendu à Gallimard. Nous sommes des auteurs Gallimard, maintenant, c’est génial !

C’est plus dur aujourd’hui. Il n’y a plus l’engouement des débuts, et puis il y a la crise de la presse en général. Tout est en crise, maintenant, même si Fluide se porte mieux que d’autres, les chiffres ont baissé quand même. C’est un journal où il n’y a pas de pub et qui est resté longtemps en noir et blanc avant de passer à la couleur, au grand dam de certains lecteurs d’ailleurs. C’était artisanal au début, il n’y avait même pas de photocopieuse dans les bureaux ! La gestion financière était drastique, on en était au centime près, sans cela tout serait peut-être parti en vrille !

Je suis très heureux d’être toujours dans Fluide Glacial parce que c’est très important pour moi, un journal, un support. Je serais très malheureux si je devais faire comme la plupart des auteurs maintenant : travailler pendant un an ou deux sur un album qui se retrouve noyé ensuite parmi des milliers de bouquins. La vie d’un journal est très importante parce qu’il y a le bouclage tous les mois où on se retrouve tous, on discute. C’est vachement agréable.

Jean Solé avec Jean-Pierre Dionnet, l’un des quatre fondateurs de Métal Hurlant aux dernières Rencontres d’Aix en Provence
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Vous n’avez jamais raté un bouclage, depuis tout ce temps ?

Sur une année, je dois en rater un ou deux, pas plus. Je n’ai pas fait le dernier parce que j’étais dans un festival dans l’Ouest. Mais pour le prochain, j’irai !

Est-ce que l’humour a changé en quarante ans ?

Oui, bien sûr, beaucoup de choses se sont passées. L’humour, c’est comme la musique, ça marche avec la société. La société a changé, avec toutes les chaînes de TV, Canal +, les Nuls...

Les Nuls, c’est un peu l’humour Fluide Glacial, non ?

Ah oui ! J’étais un grand fan, Gotlib aussi.

Est-ce que cela n’a pas banalisé l’humour de Fluide ?

Peut-être. En 1975, les sollicitations étaient beaucoup moindres : la TV, c’était les chansonniers, la presse était sérieuse, à part quelques journaux de caricature. Après, tout cela a bougé, cela a explosé. Je parlais des Nuls, mais il y en a eu plein d’autres. Nous sommes devenus un parmi d’autres, alors qu’à l’époque, nous étions tout seuls dans ce créneau-là. C’est pareil pour tout aujourd’hui. Même Charlie Hebdo s’était épuisé, ils étaient prêts à mettre la clé sous la porte... Ils vendaient quelques milliers d’exemplaires et, tout d’un coup, quand les copains sont morts, ils ont vendu 7 millions ! Ils ont je ne sais plus combien de centaines de milliers d’abonnés maintenant, des gens qui ne se réabonneront sans doute pas, parce que tout cela, c’était sous le coup de l’émotion, c’est complètement hallucinant. C’est une institution, qui peut s’arrêter un jour, mais comme Le Canard Enchaîné, il est toujours-là.

La partie consacrée à Jean Solé dans l’exposition Fludie Glacial des Rencontres d’Aix en Provence
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Qui a trouvé le nom de Fluide Glacial ?

Ah, mais c’est Marcel !

Il y a dans ce titre le côté potache de Goscinny et Pilote...

Il y avait de tout. Goossens, ce n’est pas potache. C’est fait sérieusement mais sans se prendre au sérieux. Mais je ne renie pas ça, le côté "sale gamin".

Il y a un grand moment dans Fluide, ce sont Les Idées noires de Franquin...

Franquin ne pouvait faire cela qu’à Fluide, même s’il avait commencé dans Le Trombone illustré, parce qu’il y avait une connivence entre Franquin et Delporte avec Fluide, via Gotlib. Je suis devenu ami de Franquin grâce à cela, c’était merveilleux. Je le lisais étant un petit môme et, tout d’un coup, on se tapait dans le dos ! C’est un génie Franquin, c’est le plus grand ! Je suis en train de relire La Mauvaise Tête qui vient d’être réédité. Contrairement à beaucoup d’auteurs, comme Pétillon par exemple, qui épurent leur trait avec le temps, chez Franquin, il est passé d’une ligne claire très dépouillée, très fermée, très propre, à une multitude de petits traits, plus charbonneux. Y compris dans Gaston, qui était très simple au début. Dans Les Idées noires, il s’y est mis à fond, avec ses petits monstres ! Cela va à l’encontre de beaucoup de graphistes.

La parodie de "Nous Deux" dans "Pilote" célébrant l’Union de la Gauche entre le Parti Communiste Français et le Parti Socialiste. Elle valut un procès à l’auteur et au journal.
(c) Dargaud / Dessin de Jean Solé

Dans votre dessin, le principe graphique est resté plus constant...

Ça dépend : des fois, je fais des scènes beaucoup plus simples mais c’est vrai que j’aime bien en mettre partout.

Votre lettrage aussi est très caractéristique...

Oui, sans doute, je suis mauvais juge. Au début, il était un peu "style nouille", maintenant il est plus sec. Je peux reconnaître le lettrage sans le dessin : Uderzo, Gotlib, Goossens... Pour l’édition italienne de Pervers Pépère et de Hamster Jovial, on m’a demandé de faire le lettrage en italien ! Je n’ai pas encore dit oui parce que c’est un énorme travail et un peu fastidieux, et surtout c’est bavard ! Je connais peu l’italien. L’éditeur italien a insisté pour que ce soit moi, et il paie bien en plus. C’est curieux... Je n’ai pas encore décidé.

Sans Fluide, votre carrière ne serait pas la même ?

Ça, c’est sûr ! On ne peut pas refaire l’histoire mais si Goscinny ne m’avait pas embauché à Pilote à la vue de mon dossier en 1970, qu’est-ce que j’aurais fait ? Je n’en sais rien. À la première démarche que j’ai faite, ils me disaient, deux jours après, que je faisais partie de l’équipe ! Ma famille, en tout cas, c’est l’humour. Je ne pourrais pas faire des choses sérieuses, réalistes comme Barbe Rouge, Michel Tanguy ou Buck Danny.

On été marqué par le dessin de l’Underground, Robert Crumb, Mai 1968 et tout cela. Tout le monde a été influencé par ça : Gotlib, Moebius... Ça allait en même temps que la musique, le Rock, les mœurs qui changeaient. La BD avant 1968, c’était pour la jeunesse et les mômes ! Il y a eu toute cette mouvance L’Écho, Fluide, Mormoil, Métal...

Les mœurs, l’écologie, le nihilisme, la liberté,... C’était une époque où il y avait beaucoup de portes à enfoncer. Aujourd’hui, elles sont complètement défoncées, les portes, et elles ont tendance à se refermer !

C’est assez curieux. On a fait, dans Hara- Kiri Mensuel notamment, des choses que l’on ne pourrait plus faire aujourd’hui. Il y a moins de censure aujourd’hui, mais il y a une autocensure très forte : si tu fais le moindre pet de travers, on te tombe dessus, alors qu’à l’époque, tout le monde s’en foutait, on pouvait faire des caricatures du prophète à tire-larigot.

Dans les années 1970, cela ne gênait personne, c’était passé totalement inaperçu. À l’époque, on interdisait des films, des journaux,... mais dans Hara Kiri, on fait des montages photos sur la pédophilie, si ça paraissait aujourd’hui, ce serait le procès direct !

Je pars du principe que quand on est client d’un journal, si ça ne te plaît pas, tu l’achètes pas. Ainsi, tu ne seras pas gêné par un truc que tu ne voit pas et qui ne t’intéresse pas. Je ne vais pas lire la presse qui encense Marine Le Pen, je m’en fous, cela ne m’intéresse pas. Mais le climat mondial a changé et il y a des gros retours en arrière.

L’humour est passé aux idées noires ?

L’époque n’est pas exaltante, elle est même anxiogène. Quand tu écoutes France Inter le matin, tu as le blues pour la journée : réchauffement climatique, les élections qui ont été désastreuses... Tu te dis, putain ! J’aurais jamais cru voir ça à mon âge.

L’une des premières couvertures de Solé pour Fluide en 1977. Tiens, on parlait déjà de crise de la BD...
(c) Fluide Glacial - Dessin de Solé

Le rire est-il plus que jamais nécessaire ?

C’est sûr. La dérision, le rire, mais c’est de plus en plus dangereux, parce qu’ils sont très méchants, en face... Avant, ils s’en foutaient. J’ai eu deux ou trois procès, même à Pilote, pour une couverture avec Giscard, pour une couverture avec Georges Marchais et Mitterrand qui était une parodie de Nous Deux. Le patron de Nous Deux nous avait attaqué. Le Pen aussi, dans le journal Zoo lorsqu’il était lié à Actuel. Il a attaqué Libé qui passait une pub avec ce dessin-là. Et il avait gagné, le journal avait dû payer. Mais c’est sans comparaison avec maintenant. J’ai jamais pensé qu’on aurait pu se faire massacrer pour un dessin. Tignous devait venir chez moi la semaine suivante avec sa femme, à la campagne. C’est terrible.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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