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Jean-Yves Delitte ("Black Crow" & "Le Sang des lâches") : « Je m’inspire de l’Histoire pour raconter des histoires »

Par Charles-Louis Detournay le 28 juin 2014                      Lien  
Passionné du récit historique et des bateaux à voile, Delitte nous propose une nouvelle série qui alterne enquête policière anglaise et aventures trépidantes dans l'île de Java, le tout au XVIIe siècle. Il n'oublie pas pour autant son héros "Black Crow" qui ménage une vengeance sanglante. L'auteur nous explique ce qui motive ses personnages, et d'où lui vient son inspiration.

Après son épouse, c’est une partie de l’équipage de Black Crow qui périt dans le tome 4. Vouliez-vous faire de votre personnage un homme dominé par la vengeance, comme l’indique le titre de ce cinquième opus ?

Jean-Yves Delitte ("Black Crow" & "Le Sang des lâches") : « Je m'inspire de l'Histoire pour raconter des histoires »
C’est une question lancinante que d’aucuns se posent : comment se comporter face au bourreau, face à un meurtrier, face à une personne qui en a fait souffrir une autre ? Notre éducation judéo-chrétienne nous recommande de pardonner. Il est commun d’entendre les autorités, engoncées dans leurs certitudes et leurs beaux principes, vanter les mérites de l’institution judiciaire ! Les moralistes et les bien-penseurs affirment régulièrement que la peine capitale n’a jamais rien résolu. Par ailleurs, d’aucuns doivent reconnaître qu’il faut faire preuve d’une belle mansuétude pour accepter que l’assassin puisse continuer à vivre en toute liberté une fois sa peine effectuée alors que sa victime est bouffée par les vers et ses proches condamnés à perpétuité au chagrin !

Dès lors, la vengeance était selon vous un moteur intéressant pour décrire les actes de ce héros hors du commun ?

J’ai voulu faire de Black Crow un être entier, un homme qui refuse d’entrer dans des débats philosophiques, pour qui la loi du talion demeure la plus juste. Il ne faut pas oublier que les aventures de Black Crow se déroulent dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Le mode de vie et les notions de justice étaient bien différents d’aujourd’hui !

Si les premiers tomes étaient liés à l’aventure et l’exploration, on colle maintenant plus à des actes de piraterie. Attaque de Port-Saïd, course-poursuite entre navires, relâche dans une île envahi de boucaniers, arrivée au Brésil : on se croirait presque dans les aventures de Barbe-Rouge ! Vouliez-vous délibérément vous orienter vers ce style de "Pirate" ou était-ce une envie de placer plus de bateaux dans vos planches ?

Black Crow est un marin, la mer est son univers, c’est une magnifique justification pour faire varier les décors et les paysages. Quant aux navires, mon intérêt pour les vieux gréements me pousse à rechercher tous les prétextes pour avoir le plaisir de les dessiner. Je pense aussi qu’il faut surprendre le lecteur, éviter la monotonie.
Pour autant, Black Crow n’ira jamais jusqu’à commettre des actes de pirateries au sens littéral du terme, il ne s’attaquera jamais au malheureux quidam pour le dépouiller et ses victimes ne seront jamais des innocents. À défaut de le répéter, Black Crow est un homme qui a des convictions et qui tente de rester intègre. Malheureusement, il a dû faire face à la trahison et la compromission des autorités qu’il a servies un temps. Et c’est parce qu’il n’a pas voulu rentrer dans le rang que ces mêmes autorités ont mis sa tête à prix.

Au contraire de Charlier avec Barbe-Rouge, des morts violentes ponctuent les scènes de Black Crow. Est-ce une volonté de montrer la vie comme elle l’était dans ces années-là ?

Au XVIIIe, pourtant défini comme le Siècle des lumières, la justice était loin d’être équitable, raisonnable et impartiale. Le malheureux qui avait eu le tort de se rebeller pouvait être jeté au fond d’une geôle sans autre forme de procès. Le simple voleur pouvait être envoyé au bagne et déporté. La pratique du duel, pourtant officiellement interdite, réglait encore bien des désaccords. Pis, la seule tentative de régicide condamnait le coupable aux pires des tortures. Robert-Francois Damien, un domestique désabusé qui avait tenté vainement de s’en prendre à la personne du Roi Louis XV en 1757, avait été conduit en Place de Grève pour y subir son supplice devant une foule en liesse. Le bourreau commença par entailler la poitrine du supplicié afin d’y couler du plomb fondu, avant de le démembrer par écartèlement et de brûler ses restes ! N’oublions pas qu’en France, entre 1793 et 1794 avec la Terreur, des hommes ont été envoyés à la guillotine pour des idées !

Si l’on se veut être réaliste et respectueux de l’histoire, on ne peut donc pas au nom d’une quelconque morale ou bienséance transformer ou édulcorer les faits. C’est comme effacer de la photo d’une célébrité la cigarette qu’elle porte à la bouche ! Pour autant, je me refuse à juger les époques en faisant des comparaisons avec notre temps et notre mode de vie. Aujourd’hui certaines actions sont devenues illégales alors qu’hier elles faisaient parties des « mœurs » et étaient parfaitement autorisées.

Un avant-goût du futur récit de Black Crow concernant la Bounty

À la lecture de ces pages de Black Crow, on ressent effectivement une grande différence d’état d’esprit entre le XVIIIe et notre mode de vie actuelle !

Il ne faut pas aller si loin dans le passé. En 1917, lors du premier conflit mondial, quand le Général Nivelle envoya des centaines de milliers d’hommes se faire inutilement massacrer au Chemin des Dames, personne ne s’en est réellement offusqué. Le brave Nivelle fût simplement envoyé loin du front et, la paix venue, il fut décoré ! En juin 1944, quand des milliers d’héroïques GI’s se font découper sur les plages Normandes, personne ne crie au scandale. Ni d’ailleurs quand les alliés écrasèrent sous les bombes plusieurs villes françaises durant l’âpre bataille de Normandie. Aujourd’hui, pour le moindre soldat qui tombe malheureusement sous les balles ou lorsqu’un obus tue des civils, cela fait la Une des journaux. Les débats font rage dans les médias et des commissions parlementaires voient le jour pour étudier la pertinence de l’engagement militaire !

Cela dit, Il ne faut pas se montrer trop critique à l’encontre de l’œuvre de Jean-Michel Charlier & Victor Hubinon. Quand les premières pages de Barbe-Rouge paraissent, la bande dessinée est considérée comme une forme de lecture destinée à la jeunesse. La censure avait son mot à dire. Dans son livre autobiographique Un Opéra de papier, Edgar P. Jacobs narre plus d’une anecdote à ce sujet.

Le Sang des Lâches : "La cathédrale de York au pied de laquelle le badaud vaque à ses occupations..."

Est-ce que votre style narratif tend à coller à une réalité historique ou désirez-vous distraire le lecteur avant tout ?

Comme je l’ai déjà dit, je ne fais pas des récits historiques, mais je m’inspire de l’histoire pour raconter des histoires. Il est agréable de raconter une aventure, je pourrais m’en satisfaire et me limiter à transcrire des décors d’époque. Mais puisque j’ai fait le choix de placer les aventures de Black Crow, comme d’ailleurs celles du Sang des Lâches et de bien d’autres séries, dans une réalité historique, autant enrichir la narration en s’y référant. Par exemple, le sixième tome de Black Crow va se référer à l’une des expéditions de Charles Marie de la Condamine. En 1743, cet explorateur français a descendu l’Amazone depuis le Pérou jusqu’à son embouchure à Para. De retour en France, Condamine affirma, à l’inverse de ce que prétendaient certains récits rapportés par les conquistadors, que l’Eldorado était un mythe et qu’il n’a jamais trouvé la trace d’une quelconque civilisation cachées et d’une cité d’or. Je peux donc imaginer une chasse au trésor tout en me référant à une vérité historique. Un autre exemple, dans le prochain Black Crow raconte qui sortira à la fin de cette année, je me suis attaché à raconter la mésaventure de la Bounty, cette petite frégate que le cinéma a rendue célèbre. Il m’était apparu intéressant de tenter modestement, au-delà de l’aventure humaine, de rétablir certaines vérités, car nous avons bien souvent des visions déformées de notre Histoire.

La première planche du futur tome 4 d’U-boot, à paraître chez Glénat

Si vous décidez de vous inspirer de l’Histoire, quelle est la base de votre documentation, autant graphique que narrative ?

Les musées, les livres et, naturellement, le dieu Internet. Même si pour ce dernier support, la sagesse recommande à une certaine prudence ! Il faut reconnaître qu’Internet permet de rapidement trouver ou contrôler certains faits en quelques clics. Dernièrement, pour l’anecdote, lors de l’écriture du scénario du Sang des lâches, je recherchais des informations sur une bataille qui opposa Espagnols, Français, Anglais et Hollandais : la bataille des Dunes qui s’est déroulée autour de Dunkerque au milieu du XVIIe. Le livre – Histoire de la Marine par Courtlandt Canby - que je consultais relevait des dates erronées. C’est Internet qui m’a permis de corriger les choses.

Black Crow T5 : Une des double-pages qui permettent de faire respirer le récit

Pour le prochain tome, Black Crow semble donc décidé à traverser le continent sud-américain. Cela signifie que vous dessinerez moins de bateaux, à moins qu’il ne remonte l’Amazone ?

Je dirais que là où il y de l’eau, il y a naturellement des bateaux ! La marine ne se limite pas aux corvettes, aux frégates ou aux autres vaisseaux de guerre. Une aventure maritime ne doit pas être nécessairement synonyme d’une course au grand large. Un cotre et même une vulgaire pirogue taillée dans la masse d’un tronc d’arbre sont pour moi aussi des navires. Descendre les rapides d’une rivière à bord d’une frêle embarcation ou sur un radeau de fortune est tout aussi téméraire que d’affronter les rugissements et les déferlantes au milieu d’un océan. Je rassure donc par avance le lecteur, si dans le prochain tome, pour des raisons évidentes, le gréement d’un imposant vaisseau de « 74 » ne pourra pas déborder du cadre de mes planches, bien d’autres embarcations seront néanmoins dessinées.

Quelles sont vos envies pour les prochaines aventures de Black Crow ? Imaginez-vous une série au long cours ?

Le XVIIIe demeure un siècle de grandes explorations, de découvertes maritimes : Bougainville, La Pérouse ou encore James Cook pour ne citer qu’eux. Black Crow est à l’image de ces mémorables aventuriers qui s’embarquaient pour des périples qui duraient plusieurs années et dont certains ne sont jamais revenus. Donc, dans l’absolu, Black Crow est amené à vivre encore une multitude d’aventures. Maintenant, l’auteur que je suis est également conscient de certaines contraintes commerciales. Les ventes de Black Crow sont plus qu’honorables et il a un beau public fidèle. Mais si demain, hélas, les ventes venaient à brutalement chuter, je serais le premier à me poser des questions ! Je n’ai pas peur d’avouer que si une ancienne série comme Neptune s’est arrêtée au quatrième album, c’est moins par ma volonté que par le manque de succès en librairie.

Que cela soit dans Le Sang des lâches ou Black Crow, vous semblez maintenant décidé à placer trois-quatre grandes double-pages dans vos récits. Est-ce pour allier narration et plaisir graphique ? Ou cela permet-il de placer de grandes respirations dans le récit, afin de rythmer les éléments précédents et à venir ?

Les deux, mon capitaine ! Bien souvent, le format d’une bande dessinée, qui se compte en centimètre carré, m’étouffe un peu graphiquement. J’ai opté un format de 80 x 60cm pour le dessin original d’une double page. Je pourrais même m’aventurer sur des formats encore plus larges, mais je dois rester raisonnable. Dans Black Crow, je fais le choix généralement de belles marines qui, pour moi, reflètent le mieux l’ambiance de la série. Du vent, des embruns et des gréements. Tout pour offrir une belle respiration dans la lecture. Pour Le Sang des lâches, c’est la reconstitution historique qui prime, ou plutôt je devrais dire mon interprétation de l’histoire, car je n’ai pas la prétention de faire de l’archéologie. La vue aérienne de Batavia, la rade du comptoir batave avec les galions colorés de la VOC ou encore la cathédrale de York au pied de laquelle le badaud vaque à ses occupations, sont plausibles. C’est là le principal.

Le dossier complémentaire du tirage limité du Sang des lâches fait alterner les études graphiques et les explications didactiques concernant les diverses thématiques de cette nouvelle série.

Concernant justement Le Sang des lâches, qu’est-ce qui vous a décidé à entamer une nouvelle série ?

Il faut savoir varier les plaisirs. Je reconnais avoir des difficultés à me limiter ou à m’enfermer dans un seul univers. Le Sang des lâches se déroule au milieu du XVIIe, l’Europe sort péniblement des guerres de religion, l’empire espagnol s’effondre, le royaume de France tente de prendre l’ascendant sur l’Angleterre et une nouvelle nation – la république des Sept Provinces-Unies - sort des tumultes et devient la première puissance maritime avec une flotte privée. C’est un terreau exceptionnel pour imager une multitude d’aventures. Le commun pourra toujours dire que Le Sang des lâches et Black Crow comportent des similitudes sous prétexte que la marine y trouve une place égale. Non seulement, il ne faut pas oublier que les sociétés, les royaumes à partir du milieu du XVI tirent un part importante de leurs richesses des colonies et du commerce avec les Indes orientales et occidentales ; mais surtout, ce serait faire abstraction au fait que plus d’un siècle sépare le Major Arthur J. Joyce Byron Pike et Samuel Prescott dit Black Crow. Un homme en 1900 et un autre en l’an 2000 connaissent tous deux l’aviation, la voiture, la téléphonie, la fée électrique. Mais en aucun cas, on peut prétendre que tous deux ont la même vie et le même rapport avec la technologie. Il est en de même pour le Major et Black Crow. J’ajouterai que Black Crow et le Major ont des rôles et des situations très différentes. Pour rappel, le premier est un marin avec des origines amérindiennes qui ne peut vivre sans l’air du grand large. Le second est un Anglais terrien, enquêteur de la Couronne qui a horreur du monde de la mer.

L’enquête policière au cœur des campagnes anglaises tranche avec l’exotisme de l’île de Java

On voit dans le dossier qui vient compléter le tirage limité de cette première aventure, que certains dessins datent de 2011. Cela signifie-t-il qu’il vous a fallu trois années pour concrétiser cette série ! Était-ce dû au contexte éditorial (c’est votre première série chez Casterman depuis Les Coulisses du pouvoir ou fallait-il le temps de réaliser des fouilles documentaires ?

Ce sont peut-être là les conséquences de traîner derrière soi une image de stakhanoviste. D’aucuns finissent par croire que mes récits sont écrits en quelques semaines, réalisés en quelques mois et publiés dans l’année. Bien entendu, je suis le premier à me vanter de tenir un rythme soutenu pour réaliser un album, mais cela ne veut pas dire que je ne prends pas le temps, au préalable, de laisser mûrir les choses, de réfléchir, d’apporter des corrections ou des modifications. Plus un projet fait l’objet d’une préparation minutieuse, plus il sera aisé de le mettre en images.

Le Sang de lâches se partage en deux temps et deux lieux : 1643 et l’île de Java, 1663 et l’Angleterre. Faut-il nécessairement jouer sur différents tableaux pour rendre un récit moderne attractif pour le lecteur ?

Il est toujours délicat d’expliquer certains choix en cours d’une narration. Toutes les pièces ne sont pas encore en place, bien des mystères restent à expliquer. Ce n’est qu’avec la conclusion du diptyque que les lecteurs pourront comprendre mes choix et éventuellement les critiquer. Si vous quittez une salle de cinéma, une pièce de théâtre ou encore un opéra à l’entracte, vous seriez bien ridicule de vous tourner vers le réalisateur, le metteur en scène ou encore le compositeur pour demander qu’il vous justifie ses choix.

Dans Le Sang des lâches, le lecteur profite de la vue aérienne de Batavia, tandis que l’intrigue continue sans temps mort...

Nous patienterons donc pour mieux comprendre votre construction ! Quant au sous-titre de votre album, Une aventure du Major J. Joyce Byron Pike, cela signifie-t-il que vous désirez présenter un autre héros que Black Crow et décliner également ses aventures ? Peut-on d’ailleurs vraiment comparer vos deux héros ?

Non, je ne ferai pas de comparaison entre la personne de Black Crow et du Major. Ce sont deux personnages que j’espère suffisamment différents. Cela dit, si la nature, le caractère et la mentalité de Black Crow sont aujourd’hui bien définis selon moi, je demande au lecteur d’attendre la fin de la seconde partie du diptyque pour poser un jugement à propos du Major. Il pourrait avoir des surprises ! Quant au fait de savoir s’il rentre dans mes intentions d’offrir aux lecteurs d’autres aventures du Major, je ne peux que répondre par l’affirmative. Il serait d’ailleurs consternant d’entendre un auteur dire qu’il va frustrer les lecteurs en n’envisageant pas une suite alors que tout est réuni pour cela : le sujet, l’époque et le personnage. Maintenant, à défaut de me répéter encore une fois, tout dépendra aussi de l’accueil qui sera réservé au Sang des lâches. Que cela soit avec les éditions Glénat pour les Black Crow ou Casterman avec Le Sang des Lâches, des contraintes commerciales existent et sont légitimes. Il est d’ailleurs parfois un peu embarrassant pour l’auteur d’entendre des lecteurs avouer attendre la suite avant d’acheter le premier opus ! Si le projet est beau pourquoi attendre ? Car alors, il ne faut pas s’étonner que faute de rencontrer le succès, la suite ne viendra pas ! C’est l’histoire du chien qui se mord la queue ! Cela peut paraître évident, mais un succès commercial représente une belle motivation pour l’auteur, au-delà des aspects financiers. Inversement, l’échec est un frein à tout !

Vous vous êtes beaucoup documenté sur Java et l’Angleterre du XVIIe siècle. Était-ce une envie personnelle, ou simplement des terrains encore vierges de bande dessinée qui pouvaient donner un cadre intéressant à de nouvelles aventures ?

Le tirage limité est enrichi d’un dossier complémentaire.

Dans la version luxe – dos toilé - que publie Casterman, l’heureux acquéreur découvrira effectivement un texte placé dans le cahier complémentaire. Il démontre mon intérêt pour cette période. Pour poursuivre ce qui je disais précédemment et expliquer davantage les choses, il y a, au milieu du XVIIe, quatre grandes puissances militaires : l’empire espagnol qui décline, la France avec Louis XVI qui tente de s’étendre, le royaume d’Angleterre qui sort d’une pénible guerre civile avec le tyrannique Oliver Cromwell et puis, surtout, un nouvel état : les Provinces Unies, l’ancêtre de la Hollande. Ce dernier état va faire preuve d’un opportunisme au-delà de toute mesure et deviendra la première puissance économique grâce à la création de deux flottes commerciales et militaires privées : la Compagnie Néerlandaises des Indes Orientales - communément dénommé la VOC - et la Compagnie Néerlandaises des Indes Occidentales - la GWC - . Ainsi, les Provinces Unies font le choix de laisser dans ses colonies les pouvoirs régaliens entre les mains de compagnies maritimes privées ! Un peu comme de nos jours, certaines sociétés privées de sécurité font régner l’ordre et la justice en toute impunité dans certains états ! Il y a dans l’Histoire, en particulier de la VOC, tous les ingrédients des plus folles intrigues. Des alliances et des trahisons, des meurtres et des complots, du chantage et des jeux politiques, des guerres économiques et la dispute de monopoles commerciaux. J’avoue même que les intrigues sont parfois d’une telle complexité qu’une chatte en perdrait ses petits ! C’est plus que fascinant !

Le Sang des Lâches


Comptez-vous publier rapidement le prochain tome de cette nouvelle série, ou faudra-t-il attendre une année avant d’en connaître la suite ?

J’ai comme principe de respecter scrupuleusement les délais qui sont convenus et d’aucuns me reconnaissent une grande ponctualité. Pour être plus précis, à l’heure où je réponds à cette interview, la moitié de la seconde partie du diptyque est déjà dessinée. J’ajoute même qu’un synopsis pour une suite a aussi été réalisé. J’ai convenu avec Casterman de proposer aux lecteurs des sorties régulières. Plus le succès sera au rendez-vous, plus Casterman et moi-même seront naturellement tentés de proposer des suites. Aux lecteurs de faire du Sang des lâches un beau succès en librairie !

Quels sont les prochains albums que vous préparez ? Une suite à U-Boot ? D’autres spin-off de Black Crow ou avez-vous encore d’autres nouvelles idées que vous voudriez exploiter ?

J’ai pour principe de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Je pourrais énumérer les nombreux projets qui sont sur ma table. Et puis ?... Si je dois y renoncer pour une quelconque raison, il me faudra alors expliquer les choses. Dans l’immédiat, ce qui est acquis, c’est que Black Crow raconte la Bounty sortira en octobre de cette année. Il sera suivi par le second opus du Sang des lâches et le quatrième album d’U-boot. Ce dernier termine donc la tétralogie qui avait connu certains tumultes à cause de la gestion grandement contestable pour ne pas dire calamiteuse des Éditions 12bis.

(par Charles-Louis Detournay)

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Jean-Yves Delitte sur ActuaBD, c’est également :
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- Delitte et Convard s’associent avec l génie du mal : Tanâtos, ainsi que les chroniques de cette série, tomes 1, 2 et 4
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La photos est © CL Detournay

✏️ Jean-Yves Delitte
 
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