Albums

Jérôme K. Jérôme Bloche T24 : L’Ermite - Par Dodier - Dupuis

Par David TAUGIS le 20 septembre 2014                      Lien  
Un drame familial et une erreur judiciaire au menu : ce tome 24 s'éloigne beaucoup de Paris et donne un rôle plus étoffé qu'à l'habitude à Babette, copine compréhensive et rassurante de notre Bloche étourdi.

Une lettre à porter, dans un village perdu. Tellement que la poste n’y passe plus. Pour Jérôme, la mission se présente assez rentable, avec pour seul inconvénient un voyage en avion et un peu de recherche en montagne. Mais une fois le destinataire retrouvé, tout se complique : l’homme vit à l’écart de tout, et ne se soucie guère de cette missive venue de la capitale. Et si la solution venait de Babette pour briser la carapace de cet ermite ?

Comme dans les derniers récits de la série, on ne voit rien venir avant une bonne moitié d’album, s’agissant de la révélation qui change tout dans l’histoire. Le drame familial se dévoile alors, et la mécanique scénaristique ne bute sur aucun temps mort.

Reste l’originalité particulière de L’Ermite : Dodier utilise dans la majeure partie du volume une opposition entre le présent de l’enquête et la jeunesse des personnages-clé, alternant les époques et les couleurs. On regrette un peu le charme inégalé de son Paris, mais voir notre Jérôme aux prises avec la nature autant que ses phobies de grand ado apporte un charme indéniable. La surprise de taille vient surtout de la partition pétillante de Babette, plus "madame porte la culotte" que jamais.

Jérôme K. Jérôme Bloche T24 : L'Ermite - Par Dodier - Dupuis
Jérôme K. Jérôme Bloche par Dodier Le Tendre Makyo © Dupuis 2014

(par David TAUGIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Jérôme K. Jérôme Bloche Dupuis ✏️ Alain Dodier
 
Participez à la discussion
45 Messages :
  • Jérôme K. Jérôme Bloche par Dodier Le Tendre Makyo © Dupuis 2014

    Pourquoi "Le Tendre Makyo", ça fait bien 30 ans que Dodier est seul aux manettes de sa série, et que c’est un excellent scénariste.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 20 septembre 2014 à  22:04 :

      Parce qu’ils sont co-créateurs de la série avec Dodier, même s’ils ont abandonné leurs droits pécuniaires à ce dernier (rappelons que l’usage veut qu’un co-créateur touche 10% des droits d’auteur sur les ouvrages continués sans lui ; certains co-créateurs prennent plus pour les premiers ouvrages sans eux puis diminuent progressivement leur pourcentage, estimant qu’au bourde quelques albums seul le talent du repreneur compte).

      Répondre à ce message

      • Répondu par Sergio Salma le 21 septembre 2014 à  00:13 :

        Vous avez demandé à Dodier les données du contrat ? Votre explication me semble étonnante ; les auteurs surtout s’ils sont des amis et surtout si le succès ne met pas en jeu des sommes folles dans les premières années, vont rapidement modifier le contrat ; d’autant qu’on ne signe pas d’emblée pour 50 albums.

        A ce compte-là quand vous parlez d’un Spirou&Fantasio il faut inscrire la liste des différents co-créateurs dans le copyright ?! je ne comprends pas votre argument. Sont co-auteurs d’un album les auteurs dont le nom figure sur la couverture ou sur la page de titre (coloriste et assistants ...) . Autres exemples : Goscinny et Uderzo. Ou alors la signature des auteurs suivis de la mention d’après les personnages ou d’après l’auteur originel( pour Lucky Luke ). Quant à ce pourcentage, que voulez-vous dire par 10% ?

        Répondre à ce message

      • Répondu par Fred le 21 septembre 2014 à  02:30 :

        (rappelons que l’usage veut qu’un co-créateur touche 10% des droits d’auteur sur les ouvrages continués sans lui

        Rappelons que vous n’y connaissez rien, car 10% c’est ce que touche l’auteur (ou les auteurs qui se le partagent) au delà de 15000 exemplaires vendus dans la plupart des contrats d’édition BD. En dessous c’est 8%.

        Répondre à ce message

        • Répondu le 21 septembre 2014 à  13:31 :

          Rappelons que vous ne savez pas lire : les 10% dont il est ici question ne sont pas sur le prix de vente hors taxe mais sur les droits d’auteur. Soit 10% de 10%. Quand a ne pas m’y connaître, ça fait trente ans que je pratique ce métier !

          Répondre à ce message

          • Répondu par Raphael le 21 septembre 2014 à  17:32 :

            ça fait trente ans que je pratique ce métier !

            Ca fait trente ans que vous vous faites avoir par des soit disants co-auteurs. Renseignez-vous sur les pratiques du métier, vous allez gagner plus d’argent.

            Répondre à ce message

            • Répondu le 22 septembre 2014 à  00:09 :

              D’où parlez-vous ? En quoi votre parole serait-elle plus incontournable ?

              Répondre à ce message

  • Jérôme K. Jérôme Bloche T24 : L’Ermite - Par Dodier - Dupuis
    20 septembre 2014 18:15, par Michel Dartay

    Encore une série méritoire, toujours agréable à lire. Bravo à Dodier pour cette intrigue originale !

    Répondre à ce message

  • Les critiques de BD qui ne sont pas auteurs de BD ne regardent probablement pas la même chose. Ils se contentent souvent de parler de l’histoire sans dire que l’histoire dépend surtout de la manière de la raconter et que cette manière passe aussi et surtout par le dessin. Les auteurs de BD critiquent le travail de leurs confrères non pas par jalousie mais pour apprendre et avancer dans leur propre travail. Non pas pour copier mais pour imaginer, améliorer ou rejeter des solutions.

    Le travail de Dodier est aux antipodes du mien. Donc, il m’intrigue encore plus et je passe souvent beaucoup de temps à analyser ses pages.
    Dodier utilise forcément un appareil photo (à moins d’avoir un ordianteur dans le cerveau pour calculer tous les points de fuite F et réductions de focales F’ et F") et cette facilité (gain de temps) est aussi une contrainte de mise en scène. Parfois, ça ne fonctionne pas très bien et c’est là où je me questionne. Si l’angle n’est pas le bon, c’est souvent parce que la prise de vue aurait nécessité des moyens lourds que Dodier n’a probablement pas à sa disposition (échafaudage, déplacer des véhicules, casser un mur). Par exemple, dans la page présentée ci-dessus, l’image 4 ne fonctionne pas très bien. Elle freine la narration, trop décadrée, avec une perspective qui fuit trop au centre, mon œil est contraint de s’y arrêter non pas pour y faire une pause (qui est pourtant bienvenue à ce moment précis) mais pour chercher l’information à avoir avant de passer à l’image suivante. Je suis perdu aussi géographiquement. Je reviens alors à l’image précédente pour tenter de me situer. Je découvre alors un faux-raccord. Ce choix de cadrage est cinématographique. Ça fonctionne au cinéma parce que le mouvement guide l’œil. Ce serait un story-board, il n’y aurait aucun problème. En BD, les moyens à utiliser sont différents parce que l’œil n’est pas sollicité du tout de la même manière. Il part rarement du centre. Les images ne s’empilent pas dans un même cadre mais se juxtaposent dans des cadres souvent différents. La superposition concerne surtout la place de la bulle. La superposition des images fonctionne rarement très bien parce qu’elle crée des interférences plus formalistes que signifiantes. La composition d’une page et d’un récit de BD n’a rien à voir avec le cinéma ou le roman photo… mais rien n’interdit d’aller y puiser des idées et de les expérimenter. Parfois ça marche très bien. Mais je préfère quand ça ne marche pas, c’est mieux pour mon imagination.

    f*

    Répondre à ce message

    • Répondu par OW le 23 septembre 2014 à  16:08 :

      Bref, pour vous f*Parme Dodier est une baltringue qui décalque des photos. Pour moi moi, lecteur, sa narration est toujours parfaite et sert parfaitement ses très bons scénarios, avec ses personnages plein d’humanité et de malice. Si ses décors ont un aspect photographique, en revanche ses personnages sont toujours dessinés et Dodier a un vrai style dans les trognes qu’il nous offre. Franchement, certains aujourd’hui utilisent moins bien la photo, reprenant les déformations de streetview ou utilisant carrément la photo en photocopie (comme dans IRS) ou ce que fait F*Boilet ou pire Ruppert & Mulot. Bref, moi Dodier, j’aime beaucoup.

      Répondre à ce message

      • Répondu par f*Parme le 23 septembre 2014 à  17:36 :

        Encore une fois, hop, on simplifie tout !
        Pas bref, au contraire.

        Il utilise l’appareil photo comme outil. Ce n’est ni interdit, ni honteux. C’est un choix et c’est intéressant d’étudier comment il s’en sert. Les possibilités et les contraintes que cela crée. Pour ses personnages, parfois je pense qu’il utilise la photo, parfois non et cela crée de petites interférences.
        Il utilise ce procédé et cela influe nécessairement sur sa narration. C’est ça qui m’intéresse. Il ne fait pas du bête roman photo décalqué, c’est beaucoup plus sophistiqué que ça. Il ne se contente pas de décalquer bêtement, je ne l’ai pas dit et je ne le pense pas. Il a un trait très sûr et très élégant qui arrive à traduire des tas de petits détails dont bon nombre de nombreux simples décalqueurs ne tireraient rien. Je me demande comment il procède entre la photo et l’encrage.
        Si on va jusqu’au bout, son utilisation de la couleur, très plate et simplifiée tire ses images définitivement vers le dessin. C’est habile comme technique. pas un truc de baltringue du tout.
        Ce qui m’intéresse, ce sont les limites de cette technique parce qu’elle crée un style.

        f*

        Répondre à ce message

      • Répondu par f*Parme le 23 septembre 2014 à  17:47 :

        Ruppert et Mulot sont n’ont pas l’habileté du trait d’un Dodier. Pas facile de décalquer. Savoir choisr quels traits conserver ou faire vibrer pour exprimer des tas choses un tout un art. Mais les compositions de leurs pages ne sont franchement pas inintéressantes, bien au contraire.
        Boilet, je n’arrive pas à m’y intéresser. Il colle trop à la photographie.
        La démarche de Dodier me semble beaucoup plus intéressante.

        f*

        Répondre à ce message

        • Répondu par f*Parme le 23 septembre 2014 à  18:21 :

          J’écris sans me relire et je fais des tas de fautes. Pff…
          Dernière chose, la photo est une technique utilisée dans la BD dite réaliste depuis les années 30... et pas par des baltirngues du tout.
          f*

          Répondre à ce message

          • Répondu le 24 septembre 2014 à  21:24 :

            La photo en bd c’est le niveau 0 du dessin, on se retrouve avec des roman-photos, c’est dommage.

            Répondre à ce message

            • Répondu par f*Parme le 25 septembre 2014 à  09:58 :

              Vous êtes radical parce que trop bref. Développez votre point de vue, ne vous interdisez pas de parler plus et de penser plus loin !

              Il y a des auteurs qui savent très bien tirer parti de la photo. Pour saisir la pause d’un personnage, pour se documenter,etc.
              La technique de Dodier est la démonstration qu’on peut aussi utiliser la photo comme moyen d’écriture en bande dessinée aussi. Pas seulement pour dessiner une image.

              Robert Gigi aimait bien nous répéter (élèves) que la bande dessinée était "le cinéma du pauvre". Il aurait aimé faire du cinéma et avait été marqué par le cinéma réaliste italien d’après-guerre. Je n’ai jamais partagé son point de vue. Pour moi, la BD n’est pas du cinéma et le cinéma n’est pas de la BD non plus, ce sont des Arts qui ont des moyens propres.

              La vision de Dodier se rapproche de celle de Robert. Je ne vais pas dire que c’est 0, je dis que c’est une autre vision et donc, elle m’intéresse parce qu’elle m’oblige à m’interroger.

              Je ne considère pas que la manière d’être le plus réaliste est de dessiner de manière réaliste où d’essayer de coller à la réalité en faisant de la BD reportage-témoignage-autobiographique. Je suis d’accord avec Oscar Wilde qui défendait l’artifice et le masque comme moyens de faire surgir le réel (La nature copie l’Art). Les caricaturistes de Simplicissimus ont été tellement réalistes qu’ils ont anticipé la chute de l’Allemagne. Je suis convaincu que la meilleure manière de parler de soi et du monde qui nous entoure est de passer par la fiction, par la caricature et l’exagération. Amusez-vous à comparer comment certains artistes filmant la guerre et les images de guerre des journalistes déversées au 20H. Beaucoup d’images tirées de la réalité nous laissent insensibles alors que la vison d’un artiste parvient souvent à nous toucher profondément. Pourquoi ? Et du quel côté verse-t-on dan s’esthétisme de la violence ?

              Quand Dodier photographie Paris et redessine Paris, je n’y suis pas. Il manque l’essentiel. Ce côté rayé, grisé, doux et romantique, cette lumière si particulière. Quand Sempé dessine Paris, un simple angle de toit, un simple bout de trottoir, une simple touche d’encre dans le ciel, j’y crois. Pourquoi ?
              Ce qui est valable pour une image, l’est aussi pour une suite d’images, un montage. comment créer une impression de réalité, de vivant à partir d’un langage qui est une succession d’éléments statiques ? Penchez-vous sur la pensée cinématographique d’Henri Bergson !

              Dodier est brillant dans son Art mais les limites de sa technique sont riches en enseignements. Parfois, ça ne fonctionne pas et c’est là qu’il faut se demander pourquoi.

              Dodier est limité par ses prises de vue. Il lui faudrait un budget cinématographique pour obtenir des angles exacts. Alors il bidouille et ce sont ses ajustements qui créent un style un peu bizarre, un peu bancal. Comme il n’obtient pas ce qu’il faut, il fait avec ce qu’il a. La réalité matérielle est sa contrainte. Sa narration doit tenir compte de la technique qu’il s’impose. Toutes les techniques ont des limites. Le style naît de là aussi. Dodier ne peut pas placer le regard du spectateur n’importe où comme il est possible de le faire avec de l’image de synthèse ou, tout simplement, en ne dessinant qu’avec son imagination et en se permettant toutes les entorses aux règles académiques.

              La fiction est paradoxalement plus réaliste. Sans doute parce que l’inconscient se libère plus. Si "Madame Bovary" est Flaubert, "Approximativement" n’est pas Trondheim mais une reconstruction sélective et pudique du personnage. Trondheim se contente de se cacher derrière un masque, ne nous montrant que la surface qu’il veut bien nous montrer. C’est encore plus flagrant dans "Les Petits Riens" puisqu’il ne se contente plus que de nous faire un inventaire de ses consommations. Un peu comme dans "Les Choses" de Perec, le narcissisme en plus.
              Pas de pudeur chez Flaubert parce que le masque lui permet de se dévoiler.
              Le synthétisme, la fiction, l’interprétation personnelle que l’artiste se fait du réel nous en dit plus que le simple rapport d’informations d’un bédéiste-journaliste.
              Il y a plus de réalisme dans un portrait cubiste de Picasso que dans une photographie d’identité. Schulz et ses Peanuts est infiniment plus réaliste que l’immense majorité des auteurs qui se disent réalistes. En quelques traits, avec peu de moyens, des situations simples, des mots pesés, il a su créer des personnages profondément crédibles et vivants… et il nous parle de lui avec plus de sincérité que la plupart d’autobiographies contemporains.

              Décalquer une photo est déjà abstraire. Le trait n’existe pas dans la réalité tridimensionnelle. Ce n’est pas facile de choisir le trait qui suffit et de savoir quelle impulsion lui donner. Dodier est un maître dans cet Art. C’est même passionnant de se promener dans son graphisme.
              De la même manière, ses couleurs sont abstraites. Il privilégie l’aplat. La couleur recrée l’espace et pas de manière photographique mais de manière signalétique. Cela contribue aussi au rythme de la narration.

              f*

              Répondre à ce message

              • Répondu par Once Francois le 25 septembre 2014 à  11:19 :

                Vous me semblez avoir beaucoup de temps pour quelqu’un qui n’en a pas à perdre à prendre un verre avec un journaliste-critique de BD... mais il est vrai que l’oeuvre de Dodier est plus intéressante à commenter que les luttes intestines de la Cité de la BD et du FIBD...

                Répondre à ce message

                • Répondu par f*Parme le 25 septembre 2014 à  12:40 :

                  Écrire sur Dodier n’est pas perdre du temps mais du travail.
                  Prendre des moyens de transport pour aller prendre un pot, c’est de la perte de temps.
                  f*

                  Répondre à ce message

                  • Répondu par Anne teuf le 25 septembre 2014 à  13:56 :

                    Messieurs,merci pour ce bel échange et ce magnifique développement-théorie sur la bande dessinée de M.Parme tout à fait passionnant.

                    Répondre à ce message

              • Répondu par Phlipp le 25 septembre 2014 à  15:21 :

                Mouais, si on veut, mais décalquer des photos, malgré tout le talent qu’on y met, ce n’est pas vraiment dessiner. Warhol ce n’est pas du dessin par exemple.

                Répondre à ce message

                • Répondu par f*Parme le 25 septembre 2014 à  19:43 :

                  Warhol à commencé par une carrière d’illustrateur… Il faisait de très chouettes dessins pour les magazines.
                  Décalquer une photo, c’est une manière de dessiner. Utiliser la fonction copier-coller d’un ordinateur, c’est aussi une manière de dessiner. Tout dépend su talent de celui qui utilise l’outil.
                  Faire poser un modèle, ou se poser devant un paysage avec son carnet et son crayon… est-ce dessiner ?
                  Avec votre l’idée trop rigide que vous faites du dessins, non. Ou alors, si parce que la réalité est en trois dimensions et que la photo en deux dimensions et déjà une interprétation... mmh… devant un modèle, je ferme un œil, ma vision est donc en 2D… comme celle qu’offre une photographie.
                  Le problème ne se pose pas comme ça. Le dessin est un moyen d’observer et un moyen d’imaginer. Parfois les deux.
                  Quand Warhol utilise la photo, la sérigraphie et la peinture. Il ne prétend pas dessiner, il produit des images avec des outils de son temps. Ensuite, il se situe plus du côté du "choisir" de Duchamp. Depuis Duchamp, lL’Art n’est plus que "faire" mais aussi "choisir". Décalquer se situe à la frontière des deux.
                  Que Dodier utilise la photo ne me dérange pas du tout, je ne trouve pas son dessin moins dessiné et moins riche pour autant. Je dis simplement que sa narration dépend des possibilités et limites de son outil et c’est ce qui fait aussi le charme si particulier de son travail.

                  f*

                  Répondre à ce message

                  • Répondu par H20 le 25 septembre 2014 à  20:50 :

                    Entendu, Fabrice, au moins votre position est argumentée. A + !

                    Répondre à ce message

  • La surprise de taille vient surtout de la partition pétillante de Babette, plus "madame porte la culotte" que jamais.

    Ce n’est pas nouveau, déjà dans l’absent (neuvième album), c’est Babette qui menait l’enquête et se travestissait même en prostituée pour celà.

    Malgré les mauvais coucheurs qui lui reproche d’utiliser parfois des photos pour les décors, je trouve que Dodier est un auteur majeur de la BD franco-belge, un des rares qui parviennent encore à faire une série digne de ce nom, qui ne perd pas en qualité malgré sa longévité et qu’il est toujours agréable à lire et à relire (surtout que 24 albums ça commence à faire une œuvre de taille).

    Je regrette cependant que Dodier ait laissé en route son Gully, dont l’humour et la fraicheur sont toujours un régal. Les dessins de Gully ont d’ailleurs la même qualité que ceux de JKJB sans qu’il ne semble avoir là aucunement recours à la photographie, comme quoi...

    Répondre à ce message

    • Répondu par f*Parme le 26 septembre 2014 à  09:38 :

      Utiliser la photographie pour Gully, je ne vois ni l’intérêt, ni comment. Alors que pour JKJB, oui, c’est intéressant et même indispensable. Dodier démontre que la BD ne sera jamais du roman-photo parce que le dessin ne capture pas comme le fait une photographie, il sélectionne et lie tous les constituants de l’image et de la page entre eux grâce au trait. Le trait est une abstraction pure. Dans un roman photo, entre l’image et la bulle, il y a dichotomie, ce qui crée un hiatus qui empêche la fluidité de la narration et donc, opère une mise à distance du lecteur. Ce n’est pas le cas si on sait traiter ses photos habilement par le dessin. D’autres utilisent aussi la photo, mais rarement avec autant d’habileté. Voilà aussi pourquoi je passe plus de temps à le décortiquer, de chercher des qualités et des limites à sa technique.

      f*

      Répondre à ce message

      • Répondu par Oncle Francois le 26 septembre 2014 à  12:26 :

        La photo est surtout utilisée par les auteurs dits réalistes. Certains ne s’en sont guère cachés dans les années 70 et 80, je pense notamment à Jean-Claude Claeys (qui disposait d’une technique sublime qui lui permettait de magnifier le support de base), mais aussi à Jean Teulé qui tâta de la BD en tant qu’auteur complet-photographe avant de se mettre définitivement au scénario où il obtient un succès bien plus important.

        Dans le dessin d’humour, la documentation photographique a moins d’importance. Mais de nombreux auteurs peuvent utiliser les albums de leurs meilleurs confrères (Hergé, Franquin, Peyo).

        Répondre à ce message

        • Répondu le 26 septembre 2014 à  13:53 :

          Clayes et Jean Teulé sont "contemporains" de Bazooka. Toutes ses expérimentations procédaient aussi beaucoup du collage et des bidouillages que permettaient les premières photocopieuses qui proposaient des fonctions comme agrandir, réduire et traitement des contrastes. Un territoire qui reste encore à redécouvrir avec l’outil informatique.

          "Mais de nombreux auteurs peuvent utiliser les albums de leurs meilleurs confrères (Hergé, Franquin, Peyo)."

          C’est un autre débat.

          Le seul que je connaisse qui soit complètement parvenu à tirer quelque chose de nouveau et génial en copiant les tics graphiques de ses ainés, c’est Yves Chaland. Parce que justement, il ne cherchait pas à copier mais à extraire, manipuler et systématiser des codes pour en détourner le sens et se créer un langage propre… le comble, c’est qu’il a été copié !

          f*

          Répondre à ce message

          • Répondu par Teko le 26 septembre 2014 à  16:34 :

            le comble, c’est qu’il a été copié !

            C’est pas le comble, c’est le retour de bâton, le copieur copié.

            Répondre à ce message

            • Répondu par f*Parme le 26 septembre 2014 à  19:06 :

              Sauf que Chaland n’était pas un copieur…

              f*

              Répondre à ce message

            • Répondu par f*Parme le 26 septembre 2014 à  19:15 :

              Chaland n’est pas vraiment un copieur en ce sens qu’il extrait un élément (un signifiant) pour en détourner le sens (le signifié). Un vrai copieur se contente de la surface des choses. De la forme, pas du fond. Il veut faire comme machinchose.

              f*

              Répondre à ce message

      • Répondu par OW le 26 septembre 2014 à  19:05 :

        Tardi utilise énormément la photo pour créer ses pages mais on ne lui en fait jamais reproche. Chaque auteur travaille comme il l’entend. Alex Raymond avait recours à des modèles hommes et femmes qu’il faisait poser et qu’il photographiait dans les scènes qu’il reprenait pour Flash Gordon, les dessinateurs de héros en collants sont de gros consommateurs de revues de culturisme, Moebius a très souvent repris tel quel des photos de mode ou tirées de western, même pour des couverture de Blueberry, il a d’ailleurs eu des problèmes de droit en copiant des photos de Jimi Hendrix pour une pochette d’album. Même le grand Franquin dans Spirou a utilisé des photos du National Géographic pour des décors, c’est très courant en fait.

        Répondre à ce message

        • Répondu par f*Parme le 26 septembre 2014 à  21:49 :

          OUI !
          Et Harold Foster et Poïvet, et Gigi et Breccia… et des tas de gens très talentueux depuis quasiment le début de l’Histoire de la BD. Si on sort de la BD, les illustrateurs publicitaires des années 50 ont fait des choses fabuleuses en "décalquant" des photos. La photo a été utilisé depuis son apparition par des tas de dessinateurs, peintres et affichistes. Je pense par exemple à Mucha.
          La photographie puis le cinéma et la TV ont changé notre manière de penser le dessin, le cadrage, la mise en scène. Que la BD s’inspire directement ou indirectement de la photographie, pourquoi serait-ce moins du dessin ?
          Les liens entre la Bd et la photo, ce serait même un super sujet pour une thèse ou un gros ouvrage sur l’utilisation de la photographie dans par les auteurs de BD ou une belle expo à Angoulême…

          f*

          Répondre à ce message

          • Répondu le 26 septembre 2014 à  22:40 :

            Les dessinateurs réalistes ont beaucoup recours à la photo parce que ce sont des dessinateurs très limités, il suffit de voir comment en dédicace ils peinent à atteindre le niveau qu’il y a dans l’album, c’est pour ça que la plupart ont un, deux ou trois dessins standards qu’ils répétent à l’envi en dédicace. Les dessinateurs humoristiques sont bien plus libres et dessinent tout, parce qu’ils n’ont pas peur de l’approximation, ça fait partie de la caricature. Tardi lui-même fait souvent ses héros dans un style plus humoristique et déconnant que dans l’album.

            Répondre à ce message

            • Répondu par f*Parme le 27 septembre 2014 à  10:16 :

              Les dessinateurs réalistes ne sont pas plus ou moins limités que les dessinateurs humoristiques. C’est une autre démarche. Les dessinateurs réalistes sont plutôt du côté de la reproduction et l’observation du réel que de l’imagination. Certains dessinateurs savent faire les deux. Je sais dessiner de manière réaliste mais je préfère imaginer des formes. Dans une séance de dédicace, un dessinateur ne dessine pas, il signe. Faut pas confondre la concentration dans son atelier et se donner en spectacle.
              J’ai horreur de dédicacer non pas à cause des lecteurs qui me font l’honneur de venir me rencontrer mais parce qu’ou bien je vois apparaître sous mes yeux un bon truc et aussitôt il a disparu et ça me contrarie, ou bien je vois apparaître un ratage et j’ai honte de le laisser partir. Du coup, je ne dédicace plus.
              Plus un style de dessin est complexe ou/et moins il est automatique et moins il se prête au jeu de la dédicace.
              La solution préférable est effectivement de faire comme Tardi, de dessiner ses personnages en "déconnant"… et souvent, de belles trouvailles partent sans qu’on puisse en avoir une trace.
              f*

              Répondre à ce message

          • Répondu le 26 septembre 2014 à  23:30 :

            Même jijé avait une collection de romans photo dont il se servait régulièrement pour éviter les tics d’attitudes trop systématiques. Après, tout dépend comment le dessinateur utilise la doc photo, comment il l’adapte à son style, comment il recadre. Voir à ce sujet la première case du tome 3 de Julien Boisvert "Jikuri"(Plessix) et la première case du premier tome de Marshall blueberry (Vance), réalisées d’après une petite photo d’un bouquin Time Life sur le nouveau Mexique.

            Répondre à ce message

            • Répondu le 27 septembre 2014 à  00:31 :

              Les bons dessinateurs utilisent parfois la photo, mais la photo est surtout une formidable béquille pour les mauvais dessinateurs.

              Répondre à ce message

              • Répondu par f*Parme le 27 septembre 2014 à  10:38 :

                Béquille ou moyen d’apprendre à observer et progresser. Il n’y a pas de règle définitive.
                J’utilise la photo pour comprendre comment est fait un objet. On ne peut pas avoir tous les objets sous la main pour les dessiner d’après nature. Certains sont anciens et parfois inaccessibles. Mais je le déforme, le synthétise, le transforme. Je suis capable de faire la même chose d’après nature. Je peux caricaturer ou synthétiser directement ce qui se présente à moi. Mais je peux très bien dessiner un modèle vivant en cherchant à reproduire avec exactitude ses proportions. J’ai passé 10 ans de ma vie à le faire entre 11 et 21 ans. J’ai arrêté parce que la performance ne m’apporterait plus rien. Mais il fallait en passer par là pour comprendre toutes les règles de compo. J’ai aussi appris les différentes perspectives (des axonométriques aux curvilignes en passant par les frontales et tout ce que nous enseigne la géométrie pythagoricienne) avant de casser les règles et d’y introduire des principes cubistes…
                Personnellement, dessiner réaliste ne m’intéresse pas parce que c’est l’invention qui est mon moteur. Le dessin est un moyen d’inventer notre monde aussi, la chaise sur laquelle cous êtes assis é été dessinée avant d’exister concrètement.
                Ensuite, ce que je crois fondamental dans le dessin et encore plus dans la bande dessinée, le cinéma et la musique, c’est la composition. Comment tout s’articule du détail à l’ensemble. Si la photo peut être le bon outil pour parvenir à résoudre une question de composition, je prends.

                f*

                Répondre à ce message

            • Répondu par f*Parme le 27 septembre 2014 à  10:21 :

              Robert Gigi s’était constitué une documentation incroyable avec des photos découpées dans des magazines ou prises avec son appareil. Il avait tout classé, du pli d’un pantalon au système de verrouillage d’une porte de voiture. Titanesque entreprise ! Le seul problème : ses photos étaient datées… et à part dessiner des histoires qui se situaient dans les années 60/70, elles étaient inexploitables.
              f*

              Répondre à ce message

              • Répondu par Pol le 27 septembre 2014 à  19:24 :

                D’une autre manière, Seron s’était constitué une documentation incroyable avec des dessins découpés dans Spirou, il collait dans des cahiers des mains de Franquin dans toutes les positions, les voitures de Jidéhem, des vaisseaux de Leloup, des décors de rochers chez Giraud etc... et à partir de tout ça il dessinait dans son style, le style Seron.

                Répondre à ce message

                • Répondu par f*Parme le 28 septembre 2014 à  14:51 :

                  Le style consanguin qui me fait hurler de rire lorsque je découvre chaque semaine le nouveau numéro Spirou.
                  Les trucs débiles qui finissent par ne plus avoir de sens tellement ils sont usés et décontextualisés.
                  Cette semaine, un record a été battu avec Buck Danny. Tout ce qu’il ne faut pas faire en quelques pages seulement. Pitié, offrez un appareil photo au dessinateur et interdisez-lui de décalquer les dessins d’Hubinon qui n’étaient déjà que de très mauvaises copies de ceux du virtuose Milton Caniff.

                  HAHAHA !
                  f*

                  Répondre à ce message

                  • Répondu par Christufle le 28 septembre 2014 à  23:17 :

                    Entendre dénoncer le "style consanguin" par un auteur qui a repris tel quel le style des dessinateurs de l’UPA, c’est l’hopital qui se fout de la charité.

                    Répondre à ce message

  • Très bonne série que JKJBloche, et qui peut faire modèle. La série française "Origines" qui passait hier soir sur France3 est tout à fait dans l’esprit Jérôme K. Jérôme Bloche : meutre, secrets de famille sur plusieurs générations, des perroquets empaillés ou vivants, des parchemins, un trésor, des personnages récurrents dont une femme d’église originale. Tout ça était bande dessinée dans le meilleur sens du terme, façon feuilleton, comme les Club des 5 de notre enfance. En revanche, scandale, ces films ne sont fait que de photos mises bout à bout (25 photos par secondes), où ira-t-on.

    (Que f*parme ne se sente pas obligé d’intervenir, à aucun moment il n’a été convenu que les commentaires sur le dernier Dodier étaient le lieu d’auto-interview auto-suffisante d’un auteur égo-centrique)

    Répondre à ce message

    • Répondu par f*Parme le 28 septembre 2014 à  19:20 :

      Monsieur OW, m’avez l’air d’un grand modeste spécialiste de la BD avec qui il est possible d’échanger et confronter des idées.
      f*

      Répondre à ce message

    • Répondu le 28 septembre 2014 à  19:29 :

      Je trouve quand à moi intéressant de lire les réflexions de Mr Parme sur son métier. Quand à vos derniers commentaires publiés -sur divers sujets- ils ne sont que venimeux, monnaie courante dans ce média. Vous aurez beau taper sur vos bidons creux, vous ferez toujours beaucoup de bruit pour rien.

      Répondre à ce message

      • Répondu par f*Parme le 28 septembre 2014 à  19:46 :

        Je vous provoque parce que parler du travail de Dodier, justement, c’est très intéressant et que dire "c’est bien, bravo continuez" ne suffit pas. Il est moins médiatisé que pas mal d’artistes à la mode et pourtant, il y a plus à creuser. C’est dommage, non ?
        Je parle de mon métier parce que même lire Dodier ou un autre collègue, c’est penser mon métier.
        Alors, certes, ce n’est peut-être pas le bon endroit et très maladroit de ma part. Mais où tenter de parler de Dodier ailleurs que là ?
        f*

        Répondre à ce message

        • Répondu le 28 septembre 2014 à  20:28 :

          Je répondais à OW, vous ne me provoquez nullement Mr Fabre et je suis en majeure partie en accord avec vos réflexions. Dommage que certains ne connaissent que l’invective.

          Répondre à ce message

  • Jérôme Bloche est un de mes premiers souvenirs de BD adulte que j’ai lu dans Spirou, ça m’avait fort impressionné et la magie reste entière à chaque nouvel album. Merci Monsieur Dodier.

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR David TAUGIS  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD