La question de l’autorité, du pouvoir et de son abus, sont au centre de cette réflexion. Face à la toute puissance de l’ordre, Moore place un agent du chaos, V, qui est lui-même un produit de cet ordre poussé à l’extrême, comme si tout système ne pouvait qu’enfanter sa propre destruction.
La fin des années 1980 a vu l’apogée de la tendance politique de Moore, avec « Brought to Light : Shadowplay », BD documentaire sur l’action de la CIA dans le monde de l’après-guerre. Il s’est également engagé contre l’homophobie officielle mise en place par le gouvernement de Margaret Thatcher avec la clause 28 de la loi sur le financement des collectivités locales. A cette occasion, il éditera à son compte un ouvrage collectif, « Aargh », dans lequel il réalise une histoire de l’homosexualité à travers les âges. Ce récit court, retravaillé avec le jeune artiste José Villarubia, reparaît en 2004 sous le titre « Mirror of Love ».
Cette partie de l’exposition montre Moore sous un jour très différent de celui de " l’ermite de Northampton " isolé dans sa tour d’ivoire. C’est un artiste engagé, qui n’hésite pas à prendre parti, à se servir de la force du verbe pour essayer d’infléchir la logique de la loi du plus fort. Ce qui est aussi une forme de magie.
Jean-Paul Jennequin
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.