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Joann Sfar : Brassens (vie héroïque)

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 20 février 2011                      Lien  
La Cité de la Musique à Paris inaugure à partir du 15 mars prochain une grande exposition sur le chanteur français Georges Brassens. Elle a demandé à Joann Sfar, grand admirateur du Sétois, de l’accompagner aux côtés de la commissaire Clémentine Deroudille. Il en profitera pour publier en librairie le catalogue quelques jours avant, de même qu'un recueil illustré de ses chansons.
Joann Sfar : Brassens (vie héroïque)
Catalogue de l’expo augmenté de dessins de Joann Sfar. Un superbe hommage au poète de Sète.
Ed. Dargaud

Que Brassens laisse une trace, cela n’étonne pas ceux qui connaissent ses chansons. C’est l’un des plus grands poètes du XXe Siècle et ses mélodies qui n’ont l’air de rien sont des trésors musicaux.

La verdeur de ses mots, la tournure un peu vieillotte de sa langue, la sophistication de sa tessiture mais surtout le culot avec lequel il aborde certains thèmes rangent certaines audaces de rappeurs au rang d’amusettes pour mômes. Pour s’en convaincre, il suffit de réentendre Hécatombe (1953) où il se réjouit de la mésaventure de quelques gendarmes :

« En voyant ces braves pandores
Être à deux doigts de succomber
Moi, j’bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
 »

Plus loin, il s’en prend même carrément à leur virilité :

« Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies, comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies, à peine si j’ose
Le dire tellement c’est bas
Leurs auraient mêm’ coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas
Leurs auraient mêm’ coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas !
 »

Les Chansons de Brassens illustrées par Joann Sfar
Ed. Gallimard

Deux albums de Sfar en hommage à Brassens

« Brassens est mon chanteur préféré » déclarait Joann Sfar lors de la sortie de son film sur Gainsbourg. De fait, il avait même incarné l’auteur de La Mauvaise Réputation dans une séquence chantée du film.

On comprend que ce talent mêlé d’irrévérence ait plu à l’auteur du Chat du rabbin. La chanson et la bande dessinée ont ceci en commun d’être des arts de l’ellipse et de l’instantané où les personnages doivent être typés en quelques traits.

Sfar, par ailleurs co-commissaire et co-auteur d’un catalogue augmenté diffusé par Dargaud, a imprimé sa marque sur la grande exposition en hommage à Brassens produite par la Cité de la Musique.

Au travail rigoureux de l’historienne de l’art Clémentine Deroudille, Sfar apporte sa touche à la fois érudite et distanciée dans ce qui est une variation personnelle en même temps qu’un hommage à l’artiste.

Il ajoute à cela un recueil de Chansons illustrées, un fort volume publié par les éditions Gallimard.

Baru dédiait son exposition à Angoulême « à toutes les buses qui n’auraient pas encore remarqué que bande dessinée était l’autre nom du rock ‘n roll ». Joann Sfar dédie sans doute celle-ci « à toutes les buses qui n’auraient pas encore remarqué que bande dessinée était l’autre nom de la chanson française. »

Une double des Chansons de Brassens illustrées par Sfar
(c) Éditions Gallimard

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Cité de la Musique , du 15 mars au 21 août 2011.

Le site de la Cité de la musique

Horaires

Du mardi au samedi de 12h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 22h (sauf juillet et août)
Le dimanche de 10h à 18h
Ouverture exceptionnelle jusqu’à 20h du 16 au 19 mars
Paris, métro Porte de Pantin.

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✏️ Joann Sfar
 
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6 Messages :
  • Joann Sfar : Brassens (vie héroïque)
    20 février 2011 15:20, par Oncle Francois

    Georges Brassens a été l’un des plus grands artistes du XXème siècle, ses mélodies subtiles racontaient des choses fortes et vraies, avec beaucoup d’humour et de précision dans le verbe. De plus, c’était un provocateur subtil, confiant dans la force non-violente des mots, sans doute amateur de libertinage et de jolies femmes. Admirablement ciselèes, ses "paroles" sont un véritable délice, je me ferai un plaisir de lire ces livres et en recommande la lecture à tous les amateurs des chanteurs à la mode d’aujourd’hui, les Pagny, Obispo et cie qui squattent les fonds musicaux des hyper-marchés et de la radio(même conseil pour les amateurs de rappe à fromage des "cités" ; je ne parle même pas de la robotique et répétitive technomusique faite par d’anciens DJ qui essaient de se reconvertir dans la création de remixages lucratifs....

    Répondre à ce message

  • Joann Sfar : Brassens (vie héroïque)
    20 février 2011 17:43, par Pacome

    Il ne faut pas confondre "Gainsbourg (vie héroïque)" et "Brassens ou la liberté"

    Répondre à ce message

    • Répondu le 20 février 2011 à  20:23 :

      C’est un clin d’oeil, monsieur pacome, vous n’avez pas compris ? ah là là...

      Répondre à ce message

  • Joann Sfar : Brassens (vie héroïque)
    23 février 2011 22:52, par judah

    cet homme là a donc decidé de s’approprier tous les grands artistes du 20 ième s. ? mais ou s’arrêtera t il ???

    Répondre à ce message

    • Répondu le 24 février 2011 à  03:19 :

      Il ne s’approprie rien du tout, il rend hommage (et dessert), il interprète à sa façon, offre un éclairage. C’est le moins qu’on puisse attendre d’un artiste.

      Répondre à ce message

    • Répondu par Fred Boot le 24 février 2011 à  04:18 :

      À "Céline, vie héroïque" peut-être...

      Répondre à ce message

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