Que Brassens laisse une trace, cela n’étonne pas ceux qui connaissent ses chansons. C’est l’un des plus grands poètes du XXe Siècle et ses mélodies qui n’ont l’air de rien sont des trésors musicaux.
La verdeur de ses mots, la tournure un peu vieillotte de sa langue, la sophistication de sa tessiture mais surtout le culot avec lequel il aborde certains thèmes rangent certaines audaces de rappeurs au rang d’amusettes pour mômes. Pour s’en convaincre, il suffit de réentendre Hécatombe (1953) où il se réjouit de la mésaventure de quelques gendarmes :
« En voyant ces braves pandores
Être à deux doigts de succomber
Moi, j’bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées »
Plus loin, il s’en prend même carrément à leur virilité :
« Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies, comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies, à peine si j’ose
Le dire tellement c’est bas
Leurs auraient mêm’ coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas
Leurs auraient mêm’ coupé les choses
Par bonheur ils n’en avaient pas ! »
Deux albums de Sfar en hommage à Brassens
« Brassens est mon chanteur préféré » déclarait Joann Sfar lors de la sortie de son film sur Gainsbourg. De fait, il avait même incarné l’auteur de La Mauvaise Réputation dans une séquence chantée du film.
On comprend que ce talent mêlé d’irrévérence ait plu à l’auteur du Chat du rabbin. La chanson et la bande dessinée ont ceci en commun d’être des arts de l’ellipse et de l’instantané où les personnages doivent être typés en quelques traits.
Sfar, par ailleurs co-commissaire et co-auteur d’un catalogue augmenté diffusé par Dargaud, a imprimé sa marque sur la grande exposition en hommage à Brassens produite par la Cité de la Musique.
Au travail rigoureux de l’historienne de l’art Clémentine Deroudille, Sfar apporte sa touche à la fois érudite et distanciée dans ce qui est une variation personnelle en même temps qu’un hommage à l’artiste.
Il ajoute à cela un recueil de Chansons illustrées, un fort volume publié par les éditions Gallimard.
Baru dédiait son exposition à Angoulême « à toutes les buses qui n’auraient pas encore remarqué que bande dessinée était l’autre nom du rock ‘n roll ». Joann Sfar dédie sans doute celle-ci « à toutes les buses qui n’auraient pas encore remarqué que bande dessinée était l’autre nom de la chanson française. »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Cité de la Musique , du 15 mars au 21 août 2011.
Le site de la Cité de la musique
Horaires
Du mardi au samedi de 12h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 22h (sauf juillet et août)
Le dimanche de 10h à 18h
Ouverture exceptionnelle jusqu’à 20h du 16 au 19 mars
Paris, métro Porte de Pantin.
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