Grand solitaire aux cheveux blonds, aux longues moustaches et aux yeux azur, Jonathan Cartland est un trappeur écolo, ami des Indiens et en lutte incessante avec l’armée. Tour à tour guide ou vagabond, son parcours est truffé d’embûches et de rencontres passionnantes ou dangereuses...
Au début des années 70, alors que Jérémiah Johnson ou Little Big Man révolutionne le genre du western au cinéma, la Bande Dessinée n’est pas en reste, et sur les traces d’un Blueberry revêche, Michel Blanc-Dumont et la regrettée Laurence Harlé créent Jonathan Cartland.
Après une première histoire quelque peu stéréotypée [1], le deuxième album se démarque de suite puisque le héros sombre dans l’ivrognerie après le meurtre de sa femme indienne. Au fur et à mesure des albums, la série s’éloigne de plus en plus du western classique et le fantastique, autre grande passion de Laurence Harlé, fait son apparition [2]. Le trait de Michel Blanc-Dumont évolue, s’affine et finit par révéler un maître du dessin réaliste. Après un somptueux et étouffant huis clos intitulé Silver Canyon, Les Survivants de l’ombre sera gratifié du prix du meilleur album à Angoulême en 1988. Une juste reconnaissance pour ce western humaniste dévoilant une nouvelle facette de la conquête de l’Ouest à travers l’errance de son héros.
Magnifique hymne à la liberté et à l’Ouest sauvage illustré par un dessin d’une grande élégance, Jonathan Cartland se démarque par une volonté manifeste de mettre en scène des personnages à la psychologie complexe et d’introduire une dimension fantastique et baroque. Ce troisième volume de l’intégrale reprend les albums suivants : Les Survivants de l’ombre, L’enfant lumière et Les Repères du Diable. À (re)découvrir.
(par Laurent Boileau)
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[1] prépubliée à l’origine sous la forme d’histoires courtes de 8 planches
[2] dans Le Fantôme de Wah-Kee