En effet, Joost Swarte fut chargé par Nick et Fanny Rodwell d’assurer le « scénario » du Musée avec la complicité de Thierry Groensteen et de Philippe Goddin. Dès 2002, cette équipe réfléchit à des pistes susceptibles d’aider l’architecte Christian de Portzamparc à la conception du musée. Une sorte « de cahier des charges artistique »... Il travailla ensuite avec Winston Spriet sur le design et la scénographie des expositions permanentes.
Mais le lien entre le travail de Swarte et celui d’Hergé date de bien avant grâce à une exposition à la Rotterdamse Kunststichting consacrée à Hergé en 1976 qu’il organisa avec ses amis collectionneurs et historien Har Brok et Ernst Pommerel. Le jeune dessinateur et graphiste hollandais réalisa une contribution intitulée De Klare Lijn (La Ligne Claire), un vocable qui caractérisait le travail graphique d’Hergé. L’expression fera date et est désormais utilisée depuis lors pour désigner « un type de dessin au contour systématique, à l’aide d’un trait noir d’épaisseur relativement régulière, mis en couleur selon le procédé des aplats, sans ombrage, ni dégradé. Cette technique abolit au maximum l’utilisation de hachure ».
De nombreuses illustrations pour des affiches, des pochettes de disques, de la publicité et des planches de bandes dessinées de Joost Swarte nous sont présentées aujoud’hui dans cette exposition temporaire. L’artiste a souhaité y mettre en avant quatre œuvres récentes :
La réalisation de dessins pour les vitraux du Couvent Saint-Cécile, restauré par l’éditeur Jacques Glénat pour en faire ses bureaux. Didier Pasamonik nous a déjà parlé de ce travail dans un précédent article. Il nous présente une vision métaphorique du parcours du livre du côté de l’éditeur. En montrant les reproductions des vitraux, lors d’une visite commentée pour la presse, Swarte a mentionné à quel point la conception graphique fut laborieuse. Il devait constamment privilégier l’épure dans son trait et les formes de son dessin tant les contraintes techniques liées à la réalisation de vitraux sont grandes.
Les illustrations pour le "New Yorker" pour le numéro du 17 mai de cette année. L’auteur y représente l’Amérique de manière pessimiste.
Le « Scénario du Musée Hergé ». Des croquis et illustrations réalisées pour ce « cahier des charges artistique destiné au cabinet de l’architecte Christian de Portzamparc sont dévoilés.
- Des travaux d’architecture : En collaboration avec des cabinets d’architectes, le dessinateur hollandais a conçu différents projets de rénovation. Les dessins d’étude de l’artiste et les photographies de l’un des projets finalisé sont présentés. Swarte a, par exemple, conçu un immeuble de quatre appartements, le Jordaan, dans un quartier d’Amsterdam. Il devait conserver les spécificités architecturales originelles de la façade située du côté rue, tout en apportant un aspect moderne à celle donnant sur le jardin. Il y habita un mois pour conforter ses idées avec la pratique du lieu.
Chaque élément exposé témoigne du goût de Swarte pour l’épure et l’esthétique qui la caractérise : « Le style atome », une ligne claire plus souple tendant vers le design. Un style qu’il a créé avec Ever Meulen, Serge Clerc ou encore Yves Chaland. Un bien bel hommage du Musée Hergé à l’inventeur du concept de Ligne Claire dont nous reparlerons à l’automne puisque les Rencontres Chaland lui sont consacrées.
(par Nicolas Anspach)
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Joost Swarte, 40 ans de dessin
Musée Hergé
Du mardi au dimanche, de 10 h 30 à 17 h 30
Rue du Labrador
B-1348 Louvain-la-Neuve (Belgique)
www.museeherge.com