Les recherches atomiques sont sur le point d’aboutir, en ce mois de juin 1945. Mais Robert Oppenheimer, à la tête de l’équipe scientifique américaine, se pose des questions. Pourquoi une bombe atomique si les allemands sont loin du but de leur côté ? Et si elle servait à autre chose, contre un autre pays ? L’armée s’inquiète, le FBI s’échauffe mais Oppie, comme on le surnomme, disparaît. Sa rencontre avec l’écrivain voyageur Jack Kerouac va changer sa vie, et par ricochet, le cours de la Seconde Guerre mondiale. Un conflit sans bombe H, nécessitant donc un débarquement en masse au Japon, avec ses pertes humaines inévitables...
En s’appuyant sur un vrai questionnement moral, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval lancent l’hypothèse d’une fin de guerre sans l’atome et sans Hiroshima. Pour donner de l’élan et ajouter un volant romanesque, ils mettent Oppenheimer en contact avec Kerouac et ses amis : Neal Cassady, et en toute fin de récit, un certain William Burroughs.
Les personnages sont bien typés, le trait costaud de Denys appréciant les ambiances policières. Parmi les seconds rôles marquants, donnant un peps salutaire au récit : Edgar Hoover, plus cynique que jamais, et l’épouse d’Oppie, Kitty, à la gouaille irrépressible.
Si les scènes de guerre du tome 33 (le second du diptyque, donc) n’ont pas la force des errances littéraires du trio en fuite, le postulat uchronique des auteurs tient ses promesses, en tirant au passage un joli coup de chapeau à quelques maîtres des lettres américaines.
(par David TAUGIS)
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